Chapitre 17 - Miroir

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Que nous dit le rêve ?

Que nous dit la réalité ? Que sommes-nous prêts à voir en elle, à accepter d'elle, à vivre avec elle ?

Le rêve serait-il ce que l'on ne voit pas, n'accepte pas, ne vit pas ? Ou alors une autre façon de voir, d'accepter et de vivre ? 

Le rêve est une autre forme de langage, sans lignes de code ni orthographie. Le mystère qui le compose doit être compris en tant que mystère. S'il répond à des questions par d'autres questions, c'est que nous avançons dans la bonne direction.

*

Au sortir de l'obscurité et du blanc s'est dessinée une terre qui tourne au rythme des pas de la rêveuse, une mécanique qui tourne à l'envers de sa direction. La chute la conduit à la frontière, au milieu des limites invisibles, chacune de son côté, ni dedans ni dehors.

Brise le verre et avec elle l'illusion de sa transparence, les mensonges que l'on se raconte pour enfin écrire une véritable histoire. Parfois, on finit par trouver une fois que l'on arrête de chercher.

Le repos est une étape nécessaire.

*

Un bruit sourd vient perturber le rêve de silence.

Un choc. Il y en a de nombreux, il y en aura encore. 

Quelque chose a percuté la fenêtre. Le silence suit. Amandine tend l'oreille : rien... plus un bruit...  

» Un jeu du rêve, un tour de mon esprit «  pense-t-elle.

Elle regarde dans ses poches. Rien ne lui a été volé. Elle s'en amuse.

» Décidément, il se... «

Sa pensée s'interrompt par une détonation. Le bruit résonne, perdure, puis s'éteint. Tout se tait. Amandine se redresse. Elle hésite, son cœur est en alerte. Elle ne veut pas se réveiller. Non, elle ne veut pas qu'on lui vole cette liberté. Celle liberté qu'elle veut choisir, ce côté-là, ce rêve-ci. Elle ne choisit pas, car le rêve a ses ordres et la pousse à se lever. La crainte du réveil lui permet un compromis : elle marche sur la pointe des pieds, doucement, très doucement jusqu'à se dresser face à la fenêtre qui n'en est plus une : elle s'y reflète. 

*

Elles lisent sur leur visage leur surprise, leur étonnement, leur incompréhension. Elles se voient prendre la décision de lever un bras, puis l'autre, puis de les baisser. Elles se voient s'avancer l'une vers l'autre. Elles se voient poser une main, se toucher du bout des doigts. Le contact est glacé. Toutes deux se retirent. Elles se regardent, l'une cherche une réponse dans l'autre, l'autre cherche une question dans l'une.

Chacune vit dans sa cage dont la fenêtre donne sur la cage de l'autre, dans une vie -contre-vie. L'autre avance la main vers l'une, qui en fait tout autant. Elles se parlent, une seule voix pour un sens qui est double :

« Qui es-tu ? / Tu-es moi ! »

« Pourquoi dis-tu cela ? / C'est ce que tu dis ! »

« Non ! / Si ! »

« Pourquoi ne voudrais-je pas être ? / On ne peut se contenter de paraître ! »

« Les idées ne sont-elles pas passées ? / Le noir revient une fois chassé ! »

« Pourquoi me projeter cette image ? / Sur ton bras germe la douleur et la rage ! »

Une nuit parmi les étoiles [Roman]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant