Le vent est léger, une bise sur la peau. L'eau emplit l'air, de minuscules particules gonflent ce que l'on respire. Bras dessus, bras dessous, ils suivent les chemins en courbes et rondeurs d'un Vivier encore inconnue de leur temps partagé.
Ils se parlent par intermittences, intégrant leurs silences au sein même de la conversation. Ils s'enivrent de leur propre lenteur, de leurs pas qui suivent tranquillement les bords d'un étang. Un saule pleureur, prend racine sur la berge. Son tronc oblique le penche au-dessus de l'eau. Sa parure de fines branches et de feuilles jaunies, larmoie et alimente le plan d'eau.
Une pensée traverse l'esprit de Raphaël. L'arbre... il l'imagine à la saison haute, bombé de verdure, formant une coupole où l'on pourrait venir s'abriter et ne plus être vu. Le soleil aimerait transpercer l'étoffe faite des feuilles nouvelles et des bourgeons toujours naissant. Comme il aimerait, lui aussi, pouvoir se reposer, protégé par son ombre et sa fraîcheur. L'arbre renfermerait alors le plus beau des secrets ; un secret gardé par la nature, et le saule pleureur, gardien d'écorces et de feuilles, se refermerait sur ce lieu inconnu de tous. Le bout de ses branches, plissant sous le poids de la frondaison, il toucherait l'eau fraîche de l'étang. Ses feuilles, larmes d'espoirs, fouleraient les flots et partiront, doucement avec le courant, recouvrir le sol du paradis. Ce serait comme le Cèdre bleu, un dôme sous le Dôme, protégeant la vie et nul besoin de machine pour le faire fonctionner.
En échos à cette pensé, émerge un souvenir, ou plutôt, un rappel. Raphaël avait un projet, initié par l'action de ne pas actionner la machine qui porte son nom. Oublié ! Depuis qu'il a rencontré Amandine, il n'y a plus songé. L'idée lui revient : quitter le Dôme.
Il tourne son regard vers Amandine. Elle est belle. Ses cheveux dansent avec le vent. Un parfum lui vient. Elle sourit, regarde ici et là, invite Raphaël à suivre son regard, il est prêt à lui parler de son projet lorsqu'elle lui prend la main...
Contact !
Un livre s'ouvre. Les doigts se posent sur le papier, les lignes, le corps, l'écorce ; il lit, écoute :
/ Debout,
présents aux premiers rendez-vous
des temps courts
signaux du jour
à la nuit,
de la nuit
au jour,
des crépuscules
au zénith
se répètent en
temps longs
solistes
équinoxes,
Nous avons grandi,
poussé
repoussé
plus haut la voûte
et appris
qu'est passage de lumière
passage de temps
changement
chaleur, froideur,
et graines,
Nous-Même en bouture,
devenus souches
nos corps en tuteur
pour que d'autres s'élèvent
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Une nuit parmi les étoiles [Roman]
Fiksi Ilmiah"Qu'importe que cela ait existé ou annonce ce qui existera, c'est une vérité dans laquelle tu es pris à partie. Tu ne peux y échapper, même si tu choisis de fermer le livre à cet instant. Fuir est une des solutions pour traiter ce qui nous dérange...