Chapitre 9 - Le Vivier

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Obscurité.

Un voile noir s'est déposé sur les yeux.

La paupière tente une ouverture. La lumière entre par la pupille, les connexions s'affolent. C'est le chaos. Le signal trouve son chemin jusqu'au cerveau où il se transforme en douleur. Réflexe. La paupière se referme. Des taches lumineuses se collent sur fond d'obscurité ; elles éblouissent, scintillent, avant de s'effacer peu à peu. La paupière s'arme de courage et essaie de s'ouvrir, lentement ; l'autre la suit sans son élan. La vision est embrouillée, trouble. Les connexions semblent s'être calmées, mais la mise au point n'est pas automatique. Le flou laisse place à ce qui semblerait être boule verte. L'image gagne en netteté, le signal se décode avec plus de facilité. En arrière-plan, une teinte crépusculaire ; au premier plan, un arbre.

L'esprit est embrumé. Où est-il ? Il cherche son corps. Il ne le trouve pas, il ne le sent pas. Où est-il ? Il panique. Les paupières se ferment puis s'ouvrent de nouveau. L'esprit peut contrôler ce mouvement. Il voit. Oui, il sait qu'il voit. Il voit un arbre. Il sent à cet instant quelque chose d'étrange, quelque chose d'inhabituel. Il cherche de quelle matière c'est fait. Ce n'est pas complètement dur, ce n'est pas complètement mou. Il essaie de se rappeler la sensation.

Une odeur lui parvient. Il sent, il respire. Oui, il respire. Les poumons se gonflent, il contrôle l'inspiration, puis l'expiration. Et enfin cette odeur qui embaume ses narines, et ce sol si étrange. Le sol... Oui, il est sur quelque chose, il ressent qu'il est sur quelque chose. Comment saisir cette sensation, ce bien autant que ce mal ? Il ne comprend pas. Il veut voir. Ce bien et ce mal sont tirés vers lui, conduit devant les yeux, ils observent. C'est une main, une main recouverte de cette odeur, une odeur faite de terre qui recouvre des marques de brûlures, des écorchures. De la terre, c'est donc ça ! Il est allongé sur de la terre. Les brûlures, les écorchures, c'est de là que vient la douleur. La douleur à une couleur : rouge, son sang. Le corps est tombé. Oui, il se souvient : la main tenait fermement des barreaux rouillés, les muscles ne tenaient plus, les pieds glissèrent, les mains ne lâchèrent pourtant pas, mais ne purent empêcher la masse d'être aspirée par la chute précédant l'obscurité. Combien de temps celle-ci a-t-elle duré ?

La main est la sienne, elle peut être articulée. Les doigts bougent, le poignet, l'avant-bras, le coude, le bras, l'épaule, la nuque. Esprit retrouve le corps, il le parcourt de la tête aux pieds ; il y a de la douleur, mais il est rassuré ; il est allongé sur de l'herbe, dans un Vivier, du bon côté de la barrière.

Amandine regarde sa paume recouverte de terre et de sang. Elle se focalise ensuite sur l'arbre avec le ciel du Dôme en contre-fond. Un souvenir émerge. Elle se souvient.

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Elle se souvient marcher dans la rue. Devant il y avait Père, derrière il y avait Mère. Alignés sur leur ligne de marche, ils avançaient à pas soutenus. Pressés, ils allaient trop vite pour les petites jambes d'Amandine. Elle n'arrive pas à suivre le flux imposé par le mouvement standard de la marche rapide.

Une nuit parmi les étoiles [Roman]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant