Le chemin s'élance entre les immeubles de béton, une voie qui les conduit ailleurs que nulle part, et, croisement après croisement, leurs pas les mènent devant l'immeuble d'Amandine.
— Quel hasard ! J'habite ici.
Silence.
— Tu... tu veux monter ?
Sourire.
*
Dans l'ascenseur, le bouton du dernier étage est allumé. Amandine n'ose regarder Raphaël. Il sourit. Elle le sait et se mord la lèvre inférieure, rougit, veut l'enlacer, l'embrasser, se figurant un possible : il se rapproche un peu plus près, dépose une main sous son menton, relève ses lèvres vers lui pour y déposer les siennes. Elle n'ose pas le regarder.
Détacher ses yeux des deux baisers sur ses joues est impossible. Son ventre se noue, il ne sait pas quoi faire ni que dire, seulement sourire. Le 50ème étage de la tour en béton semble inaccessible ; l'ascension dure une éternité. Et lorsque l'élévateur arrive à destination et que le corps continue un instant sur sa lancée, que l'on se sent sur le point de décoller, les yeux bleus d'Amandine s'envolent vers le sourire de Raphaël.
Ils n'entendent pas qu'une publicité leur souhaite la bonne soirée.
*
La porte du petit appartement s'ouvre. Rien n'est rangé et pourtant tout semble être à sa place. Des livres de partout, au sol, sur une table, en colonnades contre un mur ou encore sur une étagère. D'authentiques reliques du monde d'avant le Dôme, tableaux, sculptures, plantes et fleurs se retrouvent ici et là, Amandine s'est créé son propre Viviers. Et quelle vue ! La vue est magnifique.
Surplombant la tour de béton, ici, on est au-dessus de tout. Là-haut perchés, les rêves s'étalent devant vous et se déversent dans la ville immense. Raphaël fait le tour des lieux, déroule ses pensées par la fenêtre. Amandine aurait pu le regarder faire, voir sur quoi il s'attarde, observer ses réactions, mais une fois passer le pas de la porte, elle s'est dirigée vers une boîte où un cœur est enfermé. Elle ouvre le coffret, prend la fleur entre ses mains, en prend soin, et la ramène à son propriétaire. Devant la fenêtre qui donne sur le monde, elle remonte le mécanisme et la rose en cuivre s'ouvre en spirale du cœur à l'extérieur, avant de se refermer puis s'ouvrir de nouveau.
Le mouvement, le voici. Accompagnons-le d'un peu de musique.
Amandine allume la chaîne stéréophonique, ouvre le couvercle de l'électrophone, place la tête de lecture sur le sillon du disque. Le grain sonore est moins éclatant qu'avec le gramophone, les sons apparaissent moins tachés de poussière.
— Où as-tu trouvé tous ces objets ?
— Je les ai récupérés.
— Où ça ?
— Dans les Viviers principalement. Tu n'imagines pas tous les trésors qu'ils renferment.
— Pas besoin d'imaginer, je le constate, déclare le jeune homme faisant un tour sur lui-même.
— Ne crois pas que je sois une voleuse, je recycle.
Raphaël ne questionnera pas la subtilité d'une telle différence. Il la laisse poursuivre :
— Personne ne s'en sert, alors je leur donne une seconde chance. Beaucoup de pièces viennent de la boutique du Chimérologue, je les ai achetées. Je te fais visiter ?
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Une nuit parmi les étoiles [Roman]
Ficção Científica"Qu'importe que cela ait existé ou annonce ce qui existera, c'est une vérité dans laquelle tu es pris à partie. Tu ne peux y échapper, même si tu choisis de fermer le livre à cet instant. Fuir est une des solutions pour traiter ce qui nous dérange...