Un
pas
puis
l'autre
devant suivant
tracent ma direction mon élan
progression en chemin le mien vers où je ne sais.
Les yeux ouverts lumière m'est douce en éventail de couleurs et je vois mouvement qui m'entoure signe de mon mouvement et mouvements de ceux tout autour signes d'un monde partagé entre tous.
Du bleu du blanc du noir signes de nos fonctions utiles et du vert aussi là à mes pieds juste à côté signe de je ne sais et le sais pourtant essence du ciel balancement sans rythme imposé au souffle du vent changeant allant fusant soufflant tout le temps et du bleu là-haut si haut si beau.
Contact au sol me vient de la plante des pieds chevilles genoux je ressens la marche ma poussée en contrepoussée de la terre réponse des forces en équilibre et je marche sous les arbres du Vivier dont cet arbre-ci m'a-t-on dit à peut-être quelque chose à raconter car s'il danse c'est qu'il chante aussi et je tends l'oreille l'entends en sons et je tends les yeux l'entends en gestes l'écoute au flux d'air respiré qui passe dans ma bouche gorge poumons puis de mes poumons gorge bouche expiré en souffle rendu.
Il m'écoute.
Il me dit que lui aussi il vit que moi aussi je suis vie en ce monde notre monde et je lui demande comment pourquoi c'est quoi tandis qu'en trois souffles il me répond )MouvementDebout) )enCorpsetÂme) )présenceÀsoi) restant interrogations et je gobe l'air donné en inspiration sous ses épines bleues où ma main proche du corps est appelée par le tracé de son écorce.
Je me retiens.
Poussé tiré en forces contraires je ne sais vouloir tirer pousser allervers toucher et sentir mais je sais pourtant vouloirsaisir comprendre ces mots en vers que ma pensée se met à dessiner là ici maintenant sous un éventail de couleurs sur le chemin conduisant vers un bien sous le souffle d'une parole venant de loin si loin aux abords d'une cité au bord du bord du monde où ses habitants loin si loin des mémoires ont créé leur lumière pour ne pas s'oublier.
Main tendue inutile portée par un geste futile pourtant signe d'un élan du cœur et de l'esprit essentiel en ce qu'il me construit moi là maintenant demain ouvert, mais retenu pourquoi attendre pourquoi ne pas saisir pourquoi ne pas toucher en caresse le corps de l'arbre qui souffle à mon oreille comme gardant encore pour soi un instant le secret qui ouvrevers un autre temps libérant l'espace entre moi et tout entre moi et vous entre moi et moi allant à la rencontre d'un autre que moi moi et pourtant autre.
N'oser oser franchir et saisir le lien la corde tirée en toile en lien en nid pour naître éclore et poussergrandir marcher élan de mon propre élan vers qui je sais aller et venir dans le Vivier, marche et écouter les sons produits en vibrations battements du cœur de la cité notre citémachines peuplée de vie envie d'aller et venir aux pieds des tours, marche et sentir le mouvement qui tourne et moi parmi ici là hier demain au jour qui naît et part et naît et part encore toujours.
Les yeux ouverts, je vois la lumière sur moi posée et sur tout rendue en éventail de couleurs en nuances entre bornes d'un oui d'un non d'un tout d'un rien étalées sur une palette finie aux paysages infinis et je marche et goûte ce fruit, merci, payer à crédits dont le jus qui coule sur ma langue éveille le sens d'un souvenir, à toi à moi puis toi puis moi, chaque bouche à tour de rôle croque le fruit partage un bien, c'est bon recommencer c'est bon encore goûter au souvenir de cette citoyenne, cette belle chaque jour croisée chaque jour partagé sans un regard sans un sourire, si, au croisement de sa main ce matin.
Un bruit ? Non un rire. De l'autre côté.
Du blanc au col d'une citoyenne et un citoyen au col bleu devant les portes d'un vieux bâtiment, leurs regards ici et là et moi vers moi tourné en bleu, ce bleu encore bleu tourné vers moi, une lueur une flamme une douceur une caresse des yeux sur mon cœur qui bat, qui bat, qui bat je sens qu'il bat et qu'il va en moi du centre à l'extérieur, ouvert au monde, ouvert à moi et je les vois oser briser la chaine, écarter d'un geste l'interdit d'aller où va leur envie qu'ils suivent pourtant, prenant soin de ce qu'ils font, sachant assurément pourquoi ils vont. Et je sais, je sens, je vois un bien pour eux, sans réussir à savoir ni comment, ni pourquoi, ni c'est quoi, mais découvrant un instant volubile volé au temps, un instant où se dépose une lumière, un instant où l'on ressent une présence, oui, je me sens, présent, dans ce que je suis, moi et à moi seul alors de devenir.
La jeune citoyenne au regard bleu me sourit.
— Tu viens ?
— Attends...
— On va nous voir, viens !
Je les entends. La citoyenne aux yeux bleus continue de me regarder, de me sourire. Elle finit par se détourner et suivre son ami qui passe à travers la porte. Je ressens l'envie de les rejoindre. Mais ce n'est pas mon mouvement, le mien me conduit chez nous, retrouver la citoyenne, pour qui mon cœur bat.
Oui, nous écoutons ton cœur battre Gabriel et nous te remercions. Merci de nous avoir conduit jusqu'à Amandine et Raphaël. Nous les avions quittés pour un saut sur la flèche du temps, ils étaient dans un Vivier à regarder le dernier couple de cygnes sous le Dôme. Nous avons repris le fil de cette histoire au matin, en ta compagnie. Gabriel, col noir vivant toi aussi sous le Dôme, ce matin, tu t'es réveillé dans l'Ombre. Nous avons passé la journée avec toi mécanique, et nous t'avons vu t'éveiller au contact d'Honoré puis à l'écoute d'un murmure venant de l'Arbre de vie, le Cèdre bleu. Tu étais si proche de le toucher, si proche du dialogue, nous ne pouvons espérer que cela se produise, bientôt, un jour, pour toi, et pour ta belle. Sans t'en détourner pour autant, tu as poursuivi ton élan, je crois que c'est tout aussi important. Nous t'avons suivi quand tu t'en étais allé, après la séance avec l'Intermittent, dans les rues de la ville en béton, tout comme Amandine et Raphaël avaient eux aussi quitté le Vivier où ils étaient. Amandine avait quelque chose à montrer, ou plutôt, à faire entendre à Raphaël. Nous avons suivi le fil de tes pensées, retrouvant tes sens, peu à peu, retrouvant ta propre présence, et c'est alors que tu les vis ; ils cherchaient à entrer dans un lieu abandonné, fermé, interdit, il y a une pancarte devant qui le dit. Amandine t'aperçoit, te reconnaît, tu as sans doute oublié, c'était il y a longtemps, c'était ce jour, ce jour où sa vie faillit basculer. Elle se souvient avoir dessiné des ailes sur ta veste noire, un sourire sur ton visage, et avoir peint tes yeux en vert, un vert comme elle les aime. Elle te reconnaît, c'était toi, le col noir qu'elle avait bousculé en déviant de sa ligne de marche. Et elle dirige son trésor vers toi, elle te sourit devinant ce bien vers où tu vas avant de suivre Raphaël dans le bâtiment dont il venait de forcer l'entrée. La porte se rabat derrière eux.
Elle reste entrebâillée.
Merci Gabriel. Nous te souhaitons de bonnes choses afin que tu rencontres encore de bons hasards.
Au revoir.
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Une nuit parmi les étoiles [Roman]
Ciencia Ficción"Qu'importe que cela ait existé ou annonce ce qui existera, c'est une vérité dans laquelle tu es pris à partie. Tu ne peux y échapper, même si tu choisis de fermer le livre à cet instant. Fuir est une des solutions pour traiter ce qui nous dérange...