Bad Trip - Tome 2

Appel à l'aide !

De la haine à l'amour il n'y a qu'un pas...mais quel pas ! je suis l'expérience vivante que l'on peut passer de l'un à l'autre de ces sentiments en une fraction de seconde. Encore hier je détestais Yann, qui s'est joué de moi pendant plusieurs semaines et qui m'a humilié et à l'instant même ou je vous parle, j'ai mis en place un plan pour essayer de l'aider. Ou est la logique dans tout ça ? Je ne saurais même pas l'expliquer moi-même !

Il m'a fait de la peine ? oui ça doit être ça ! et mon coté Mère Therèsa reprend le dessus, je me suis précipitée en sauveuse de second degré pour l'aider. J'essaie de me convaincre qu'il s'agit juste d'un coup de main que je lui donne, comme j'aurai pu le faire avec n'importe qui de mon entourage. J'ai toujours été ainsi, à aller me mettre dans des situations complètement farfelues pour porter secours aux autres. En attendant personne n'en a jamais fait autant pour moi mais disons que je suis née pour aider les autres ! il en est ainsi !

Alors que je suis en pleine auto thérapie, mon téléphone sonne. Je ne prends pas la peine de regarder qui essaye de m'appeler à cette heure tardive et je crois en avoir une vague idée :

- Alice dépêche il pète un plomb je ne peux rien faire !

- Quoi ?!

- Dépêche je te dis....viens chez nous bordel ! Yann est devenu fou ! tu poseras des questions plus tard, la porte est ouverte !

Bip, bip, bip...fin de la conversation.

En une fraction de seconde je suis changée (je doute que mon pyjama fasse bon effet en pleine nuit dans la rue, on risquerait de m'interner chez les fous.)

Je quitte mon appartement et part à pied dans la nuit noire. Seules les allées principales sont éclairées et sachant qu'ils n'habitent qu'à deux rues de la mienne, je passe par les petits chemins de traverses pour arriver au plus vite.

Qu'est ce que c'est glauque de marcher seule la nuit, j'ai comme l'impression d'être suivie mais chaque fois que je me retourne, rien en vue. Lorsque j'arrive à hauteur de leur rue, des bruits de talons m'interpellent. Je me cache à l'angle de la rue et j'aperçois Katie qui repars dans le sens inverse et qui fait claquer ses Louboutins (madame ne porte que cette marque de chaussures, les autres lui font mal aux pieds...dixit une des conversations que nous avions pu avoir lors de notre week end au vert). Je remarque qu'elle est en grande conversation téléphonique alors qu'il est 1h30 du matin, mais je n'arrive pas à comprendre les détails de ses propos. Un instant, il me traverse l'esprit de la suivre pour en apprendre davantage sur ses intentions mais si je me fais coincer, c'est moi qui risque d'avoir des ennuis et je pense que je me suis suffisamment mis en danger pour le moment. Une fois qu'elle a tourné au coin de la rue suivante, je m'avance et rejoint la porte d'entrée. Je monte les escaliers quatre à quatre et les bruits qui proviennent de l'appartement des garçons se font de plus en plus forts au fur et à mesure de mon avancée. J'ai peur de ce sur quoi je vais tomber lorsque j'aurai passé la porte d'entrée.

Je me poste devant, prend une grande inspiration et ouvre la porte d'un coup sec. J'assiste alors à un spectacle qui mélange violence et tristesse. Je vois ce grand gaillard aux yeux exorbités et injectés de sang, qui cogne contre les murs, qui balance tout ce qui lui passe sous la main, qui crie des injures. Il secoue la tête. J'ai l'impression d'être face à un animal sauvage qu'il faut apprivoiser. Comment faire pour l'approcher ? a cet instant, il ne voit rien d'autre que du rouge. Il me l'a dit lui-même, quand il s'énerve, il « voit rouge » et n'est plus capable de se maîtriser.

Je tourne la tête et aperçois François dans un angle de la pièce qui essaie de crier et de s'approcher de lui mais Yann le repousse violemment à chaque fois. Sa force est décuplée et François ne fait pas le poids contre toute cette haine qui est entrain d'exploser. Il me fait signe de la main mais son regard est triste. Lui aussi ne sait pas comment agir face à cette situation.

Après avoir fait une rapide analyse, je me dis que je ne dois pas le laisser se noyer dans les méandres les plus sombres de sa personnalité et je dois agir quitte à y laisser une partie de moi.

Courage Alice tu vas y arriver !