- Alors joli cœur, tu n'as plus rien à dire ?
Il est blessant, humiliant, rabaissant et je ne peux pas le laisser agir ainsi, ni même s'auto détruire comme il le fait sous mes yeux. La seule solution que je trouve pour qu'il se reprenne et qu'il réagisse est certes pas la plus tendre mais j'espère qu'elle aura l'effet escompté.
Il n'est qu'a quelques centimètres de mon visage avec son sourire haineux et ses yeux brillants. En temps normal, je lui aurais sauté au cou sachant que je perds tous mes moyens dès qu'il est à moins d'un mètre de moi mais sur ce coup, je ne risque pas de me laisser tenter et en une fraction de seconde je lui envoie un coup droit dans la joue gauche (un peu comme si je venais de servir au tennis).
Je ne pensais pas qu'une joue pouvait être si ferme. Il faut dire que ce genre d'attaque est une première pour moi et encore plus face à un homme, qui en plus me plait ! assez rare et inattendue comme situation ! je n'ai pas le temps de réfléchir que le courant électrique que je ressens au niveau de la main se connecte directement à mon cœur, qui manque de rater un battement à cause de la souffrance que je viens de lui infliger. Je me recule en mettant ma main entre mes jambes pour essayer d'estomper les picotements et évacuer le mal-être qui est entrain de s'immiscer insidieusement dans tout mon corps. Je suis essoufflée et j'arrive difficilement à reprendre contenance mais François vole à mon secours pour m'installer sur le canapé tandis que l'autre ne se remet pas de la châtaigne qu'il vient de recevoir:
- Ça va Lilie ?
- Hum hum j'ai un peu mal à la main
- Attends je vais chercher de la glace je reviens.
Le temps qu'il aille dans la cuisine chercher ce qu'il faut, nous nous retrouvons seuls et nous nous observons du coin de l'œil. Le temps s'est arrêté, l'appartement qui était très bruyant jusqu'à présent n'est plus que le témoin du désarroi le plus total qui règne entre deux êtres.
Yann s'est assis dans le fauteuil en face du canapé en se tenant la joue. Il n'a toujours pas décollé sa main et ne réalise encore pas complètement ce qu'il vient de se passer. Je ne sais pas s'il va m'en vouloir, s'il va me sauter dessus pour répondre mon attaque, s'il est surpris ? J'essai de sonder son expression mais rien ne transparaît. Il a le regard vide. J'ouvre la bouche pour entamer le dialogue quand François refait surface.
- Tiens mets ça sur ta main, c'est pour éviter que ça enfle trop et prends de l'arnica. Avec ça ça devrait aller me dit il avec un sourire gêné.
- Merci François, lui dis-je en posant ma tête sur son épaule
Et c'est à ce moment la que la jalousie de monsieur l'enragé ressort illico.
- N'en profites pas pour te rapprocher d'elle mec crache t-il froidement à François qui ne sait pas comment réagir de peur de relancer la machine de guerre.
Il se lève alors silencieux et repars dans le couloir. Une fois de plus nous nous faisons face sans qu'aucun de nous deux n'ose prendre la parole en premier. J'attends patiemment qu'il fasse le premier pas. Bien que je sois la dernière à avoir attaqué, c'est tout de même de sa faute si j'ai du employer les grands moyens pour le stopper dans sa crise de folie. J'attends, j'attends, j'attends mais rien ne vient, il est fier et ne se rabaisse pas à venir me faire des excuses ou tout simplement me parler. Au bout de vingt longues minutes (portable en main), je me lève et me dirige vers la sortie. Il est maintenant 2 h 30 du matin et je panique déjà à l'idée de devoir aller travailler après cette soirée complètement folle.
- Reste Alice ! m'ordonne t-il du fond de la pièce
Je me retourne et il me regarde droit dans les yeux. Sa joue est bien rosie et sa pommette légèrement gonflée. J'ai pas mal de force finalement.
- Pourquoi ?
- Reste s'il te plait !
- Pourquoi ? je ne suis rien pour toi donc je peux m'en aller
- Non reste je te dis
- Tu n'as pas d'ordre à me donner !
Il se lève alors et m'attrape par la taille. Je sens que ses mains tremblent et je n'ai pas la force de me dégager de son étreinte. Il colle son front contre le mien et me fait un bisou esquimau avec le nez. Je me recule alors
- Qu'est ce que tu cherches la ?
- Reste s'il te plait
- Mais pour quoi faire ? et puis arrête de me répéter 20 fois la même phrase
- Reste dormir avec moi !
Cette fois j'enlève ses bras de ma taille et me retrouve dos à la porte d'entrée.
- Quoi ? mais c'est une blague ! tu es vraiment bipolaire en fait
- Alice reste dormir avec moi....s'il te plait, j'ai besoin de toi !
- Ah oui pour pleurer et me jeter après ? comme je te l'ai dit je ne suis pas un vulgaire mouchoir que tu prends et tu jettes. A la base je suis venue pour t'aider et la seule chose que tu trouve à faire c'est me déverser toute ta haine et t'essuyer les pieds sur moi comme sur un paillasson.
Il pose alors ses mains de chaque coté de mon visage, je suis prisonnière de ses bras musclés. Son souffle est saccadé et je vois une goutte perler sur son front. Il serre les dents et il est à deux doigts de craquer. Je pense que la soirée a du être vraiment mouvementée pour qu'il soit dans un état pareil. Ses yeux me supplient de rester. Après quelques secondes de réflexion interminables, je baisse la garde et lui fait comprendre que je suis d'accord pour lui tenir compagnie pour les quatre toutes petites heures de nuit qu'ils restent, en acquiesçant. Pourquoi suis-je incapable de lui tenir tête ? Comme une personne entrain de se noyer et à qui on lance une bouée, il me prend dans ses bras et me soulève de terre telle une poupée de chiffon. Lorsqu'il me repose, il me prend la main et m'emmène en direction de sa chambre sans dire un mot.
J'arrive alors dans son entre personnelle, très fade à mon goût. Les murs sont blanc, aucune photo n'est accrochée, aucun objet personnel si ce n'est un cadre photo sur lequel je m'arrête net. Yann et Katie entrain de rire aux éclats en se regardant amoureusement. Je reste figée et Yann le remarque. Il s'approche et me dit :
- C'est du passé Alice !
- Pourtant elle est bien présente cette photo
- Ne sois pas jalouse, tu n'as aucune raison de l'être crois moi
- Je ne suis pas jalouse, d'ailleurs tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé pour que tu sois aussi violent ?
- Je n'ai pas envie de parler maintenant
- Et si moi j'en ai envie ?
- Je ne te dirai rien ! demain peut être mais pas maintenant
- Donc c'est bien ça je suis un joker que tu utilises quand bon te semble amis je n'ai pas mon mot à dire
I l me renverse alors sur son lit et nous nous trouvons allongées face à face.
- Je ne te qualifierais pas de joker mais plutôt...
Il laisse traîner sa phrase en me caressant la joue. Je suis tellement épuisée que je commence à sombrer dans un sommeil léger. Alors qu'il pense que je suis profondément endormie, il s'approche de moi et me glisse à l'oreille :
- Alice tu es ma liberté.
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Bad Trip - Tome 2
RomantikAlice a enfin compris qui était celui qui se cachait derrière tous ces indices et commence à comprendre les motifs de cette attitude. Elle est cependant loin de s'imaginer dans quel capharnaüm familial elle a mis les pieds malgré elle. Yann vient d...