Pars mais revient ! (Pdv Alice)

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Apres avoir eu Pierre au téléphone qui m'a indiqué ou se trouvait Yann, j'ai enfilé la première tenue que j'ai trouvé et j'ai sauté dans ma voiture direction le village indiqué. Après une heure de route environ, je me retrouve dans cette petite bourgade, seule dans ma voiture, dans le noir complet. Je ne suis pas rassurée mais je suis comme guidée par mon inconscient qui m'intime de continuer ma mission. Je roule doucement à l'affut du moindre mouvement. Les maisons qui jonchent le bord de la route sont en pierres grises et seule la place du village est éclairée. Je roule au pas à travers les petites ruelles. Aucun mouvement si ce n'est un chat noir qui traverse la route. Bon ou mauvais présage ? je ne vois pas les parents de Katie habiter une maison de village, je me dirige donc vers la sortie de celui-ci à la cherche d'une demeure excentrée. D'après le chalet dans lequel nous avons passé le week end, je les imagine bien avoir une maison cossue à l'abri des regards. J'emprunte alors une petite route bordée de cailloux. La lune, très claire et presque pleine ce soir m'éclaire largement ce passage. Je continue d'avancer lentement. J'espère que personne ne me voit car je pourrais être prise pour une folle à errer seule dans la nuit noire. Au détour d'un virage, j'aperçois une silhouette allongée en boule sur le bas-côté. Je m'arrête un peu plus loin et je reconnais la veste AC/DC. C'est lui ! je suis ravie de l'avoir retrouvé mais je me demande ce qu'il fait là à cette heure de la nuit, seul et endormi sur le bord de la route ?

Lorsque je m'approche de lui, il a la tête dans les bras. Ses grandes jambes sont repliées en position de fœtus. Je n'ose pas le toucher de peur de l'effrayer. Je frôle doucement son épaule et il sursaute en hurlant. Surprise par son attitude, je lui indique que c'est moi. Il se jette alors dans mes bras en manquant de me faire tomber. Je l'accueille largement, tellement heureuse de ce contact qui m'a tant manqué. Je le serre un peu plus fort et il ne me lâche pas. C'est à peine si j'arrive à respirer mais le simple contact qu'il m'apporte me remplit d'oxygène. Il est mon oxygène ! il me regarde dans les yeux, ce bleu azur que je ne peux oublier. Sans comprendre pourquoi, il me relâche rapidement et me crie dessus en me demandant de ne pas l'approcher. Un énième retournement de situation, je commence à en avoir l'habitude. Je ne m'offusque pas et décide de jouer la carte de la sincérité en lui expliquant que j'ai besoin de lui. Il ne l'entend pas de cette oreille et me demande de partir sans même avoir pris le temps de m'expliquer. Je sais qu'il ne vas pas bien et je m'accroche à lui pour l'obliger à me faire face, mais dans un geste violent, il m'envoi valser et je me retrouve projeté sur le sol froid et dur. La chute est aussi vertigineuse et douloureuse que celle de mon cœur qui est en train de s'écraser dans mes talons et qui va bientôt être piétiné pour ne ressembler qu'a un amas de miettes. Je l'ai perdu pour de bon. Pourquoi ai-je décidé de mettre de la distance entre nous ? pour retrouver l'objet de tous mes désirs me repousser aussi fort ? je dois être sado maso d'un certain coté. J'éclate en sanglots assise par terre, consciente que mes efforts n'ont servis à rien. Contre toute attente, il se rapproche et prend mon visage dans ses mains. Je ne suis qu'un torrent de larmes que je ne peux réprimer. Toute la frustration de cette relation sans issue est en train de s'écouler le long de ses doigts. Il me sonde sans sourciller et je ne comprends pas pourquoi, dans la seconde qui suit, il me délivre par un baiser.

Une baiser si tendre et si doux que je ne veux plus jamais qu'il s'arrête. Il se recule et reprend de plus belle la danse langoureuse et sensuelle de nos langues entremêlées. Alors que je comprends qu'il me donne la permission de me rapprocher de lui, je me mets à genoux et passe mes bras autour de son cou. Son étreinte est si douce par rapport à la douleur qu'il m'a infligée en me poussant que j'en ai la tête qui tourne. Il comprend mon mal être et se recule tut en me tenant fermement une main dans la nuque et l'autre autour de ma taille. Ce moment, c'est notre moment et j'aimerais qu'il s'éternise.

- Ça ne va pas ?

- Embrasse-moi ! lui ordonné je

Et il s'exécuta sans rechigner. Là j'étais à ma place : dans ses bras, contre lui, c'était MA place ! et j'allais essayer de la conserver le plus longtemps possible. Au bout de quelques minutes d'embrassades, nous sommes tous les deux à bout de souffle mais apaisés par ce contact si familier. Nous nous regardons et sourions ensemble comme deux ados qui viennent de s'embrasser pour la première fois. Il colle son nez contre le mien et me fait un bisou esquimau.

- Je peux te lâcher ou tu vas tomber ?

- Ça devrait aller lui répondis encore toute secouée par ce moment d'échange intense

Il m'aide à me relever doucement sans lâcher ma main. J'enlève tous les graviers qui se sont collés à mon pantalon et lorsque je me redresse, une douleur lancinante apparait dans mon fessier droit. Le coup certainement. Je grimace et il me demande immédiatement ce qui ne va pas

- J'ai juste un peu mal aux fesses

- Je suis désolé Alice, je ne voulais pas te bousculer

- Tu t'es bien rattrapé ne t'inquiète pas. J'avais oublié que ta défense était l'attaque du baiser

Il esquisse un micro sourire, qui annonce, je l'espère, que la suite de notre entrevue soit agréable. Je ne sais pas trop quoi lui dire sans l'offusquer.

- Tu sais que ce n'est qu'avec toi !

- J'espère bien

Son ton s'est radouci et j'en profite. Sans lui demander plus de renseignements sur sa soirée chaotique et la raison pour laquelle il est là, je lui propose simplement :

- Je te ramène ?

Cette question qui pour moi était anodine, fait remonter de vieux démons en lui.

- Non je ne veux pas retourner la bas

Il se défend comme un enfant que l'on aurait brusqué. Pour le rassurer, et toujours sans lui demander de compte je continue :

- Mais tu ne retourneras nulle part. Je te ramène chez moi !

Il hésite et n'ose pas répondre dans un premier temps. Il garde la tête baissée. Je m'approche de lui et pose ma main sur sa joue, cette même joue que j'ai brusqué il fut un temps. Je caresse sa pommette et lui dépose un petit bisou au coin des lèvres. Il semble surpris et apaisé. Si lui m'attaque avec ses baisers soudain, de mon côté j'utilise cette arme pour le réconforter. Nous avons chacun notre façon d'abuser de l'autre et ce n'en est que meilleur. Il acquiesce d'un signe de tête et me suis dans la nuit noir jusqu'à ma voiture. Il monte à la place du passager et me regarde m'installer au volant. Une fois assise, je démarre la voiture et me retourne vers lui en posant une main sur sa cuisse. Je rapproche mon visage et lui chuchote alors que mon front est contre le sien :

- Laisse-moi être ta liberté


Bad Trip - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant