2. Le Blond, Les Démons, Et La Télé

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Écrit par HateWeasel

2. Le Blond, Les Démons, Et La Télé.

Cela fait plusieurs semaines depuis que nous avons acquis un nouveau membre dans notre «famille». J'aimerais dire que Jim s'adapte bien, mais je n'en ai pas la moindre idée. Il est silencieux. Rien à voir avec ce dont je me souviens. Il insiste aussi pour que je l'appelle «Alois» comme lorsque je l'ai rencontré pour la première fois, parce que «ça sonne mieux».

Alois passe la plupart de son temps devant la télévision, ce qui ne pose pas de problème, je suppose. C'est une méthode beaucoup plus simple pour qu'il s'imprègne de la culture moderne et rattrape toute l'histoire qu'il a manquée. Il serait étrange qu'il ignore qui était Hitler. Il se contente simplement de dévorer tout ce qui passe à l'écran, s'accrochant à chaque mot qui vient de l'étrange boîte. Sa fascination est compréhensible, lui qui est un enfant du XIXe siècle et qui est introduit pour la première fois à la télévision.

Il regarde beaucoup de documentaires historiques, culturels, et sociales sur Netflix. Quand il se lasse d'en regarder, je lui dis que s'il en regarde trois autres, il peut regarder trois épisodes de ses chers émissions comiques de la BBC. Il a un faible pour Monty Python's Circus, Little Britains, et The Catherine Tate Show, et il se fait ainsi une idée du comportement qu'un adolescent anglais moderne doit avoir, saluant souvent avec un «ça boum ?», «juste comme 'Lauren' le fait».

Il regarde aussi ce que je regarde à la télévision. Il n'en a pas dans sa chambre, l'ancienne chambre d'amis, et je n'ai pas Netflix sur la mienne. J'aime regarder des choses qui lui font peur. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, mais c'est tellement drôle. Je l'ai obligé à regarder Halloween puisque c'est important culturellement, et la façon dont il criait, sursautait, et pleurait... Ce n'est même pas un film si effrayant !

Ce jour-là, je voulais rattraper mon retard sur les épisodes de The Walking Dead, j'avais donc besoin de la télévision.

Je me dirigeais vers la salle de divertissement, prêt à faire décamper Alois.

- Alois, je veux la télévision. Peu importe les idioties que tu regardes, arrête-les et pousse-toi, dis-je.

Mais lorsque j'entrais dans la pièce, il n'y était pas. Je ne cherchais pas vraiment à savoir où il pourrait être, je m'assis et commençais à regarder.

Le temps passa, et j'avais presque fini un épisode, quand j'entendis l'alarme incendie. Rapidement, je mis en pause l'émission et parti enquêter. Suivant mon nez, je fus mené à la cuisine. J'ouvris la porte et fus immédiatement ébahi par la scène qui se déroulait devant moi.

- Espèce d'idiot ! Pourquoi mettriez-vous un lézard dans le grille-pain ?! cria Sebastian au-dessus du bruit de l'alarme incendie pendant qu'il essayait rapidement d'éteindre les flammes.

Ce stupide, stupide blond avait mis un lézard dans grille-pain, bon sang. Des flammes croissaient du comptoir où se trouvait antérieurement le grille-pain. Le chiffon que mon majordome essayait d'utiliser pour réprimer l'enfer pris feu, et il le laissa tomber sur le sol.

- Je voulais savoir si ça pouvait griller autre chose que du pain, s'écria-t-il à Sebastian alors que l'homme essayait de trouver l'extincteur.

- Mais pourquoi un lézard ?!

- Je ne sais pas ! Je pensais que ce serait intéressant ?! Je ne sais pas !

Mon serviteur finit par mettre fin au feu. Le comptoir était recouvert de traces de brûlures et le grille-pain, n'était plus un grille-pain. Je m'approchais pour les rejoindre et nous nous contentâmes de contempler les ruines. Je brisai le silence en me tournant vers Alois.

- Tu « pensais que ce serait intéressant » ? dis-je au blond. C'est la raison pour laquelle je vais devoir payer pour remplacer mon grille-pain et mon comptoir ?!

Je n'étais pas sûr de savoir si j'étais en colère, abasourdi, ou une combinaison des deux. Je savais qu'Alois était impulsif, mais bon sang ! Il me fit face en silence, il fixait le sol et trifouillait. Évidemment que j'avais l'air en colère. Qui ne le serait pas ? Quoi qu'il en soit, je repris.

- Quel genre d'imbécile mettrait un lézard dans un grille-pain ?!

Je fis en sorte de bien me faire entendre en insistant sur mes mots, avec l'espoir d'éviter que cela ne se reproduise.

Le garçon devant moi me regarda, avec l'expression d'un chiot coupable, sans cesser de trifouiller le bout de son t-shirt.

- Désolé... marmonna-t-il, sa voix portant une sincérité inattendue.

En y pensant, je crois n'avoir jamais entendu un tel bruit venant de lui. Toutefois, je devais être ferme.

- Montre-moi tes mains, ordonnais-je.

Le blond fit hésitant ce qui lui était demandé, et étendit ses mains avec un regard confus sur le visage.

ZSBAF !

-Aïe !

On pourrait penser que frapper ses mains avec une cuillère en bois était un peu trop sévère, mais les assistances sociales peuvent aller se faire voir. Je ne laisserai personne s'enfuir après avoir détérioré ne serait-ce qu'un peu ma demeure sans être puni ! C'est arrivé beaucoup trop de fois dans le passé, et j'aimerais garder cela ainsi. Dans le passé.

- Ne joue pas avec les appareils, compris ? lui dis-je, cachant habilement le sourire naissant au bout de mes lèvres.

Frottant ses mains, il me regarda et dit d'un ton moqueur.

- Yes, My Lord.

Saligaud...

Devils Like to DanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant