41. Sentiments Désagréables

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Écrit par HateWeasel

41. Sentiments désagréables.

Le week-end s'éternisait et les garçons se parlaient à peine. Comme s'ils s'évitaient purement et simplement. Depuis la soirée du bal ils ne pouvaient plus se faire face. Ils échangeaient des banalités ici et là, mais ils ne passaient pas autant de temps ensemble que d'ordinaire.

J'ai merdé, pensa Alois, j'ai vraiment merdé. Le garçon était allongé sur son lit, son visage contre la surface, et boudait. Est-ce que tu as vu comment il te regardait aujourd'hui ? Il est probablement dégoûté. Bien joué, Alois... Il roula sur le côté.

Il comptait attendre jusqu'à ce que cette épisode ne soit plus une des premières préoccupations de l'autre garçon, et tenterait ensuite de recoller les morceaux pour reprendre le cours de sa vie normal. S'il perdait son amitié avec le bleuté, il ne savait pas ce qu'il ferait.

Dans une autre partie du manoir, l'autre garçon était lui aussi absorbé par ses propres pensées sur le sujet. Le garçon était assis à son bureau et fixait le vide. Sa tête reposait sur sa main, et son coude s'appuyait sur la surface en bois. Ciel était embarrassé par ce qu'il avait fait mais les événements de ce vendredi soir se répétaient en boucle dans sa tête sans qu'il ne puisse rien y faire. Le garçon passa ses doigts dans ses cheveux en soupirant pour tenter d'arrêter cela.

Le bleuté n'avait pas la moindre idée de comment il pourrait faire face au stupide blond. Jamais le Comte n'avait-il eu un sentiment aussi proche de cela pour qui que ce soit auparavant, mais parmi toutes les personnes du monde, il avait fallu que ce soit ce blond avec des problèmes de comportements et de profonds traumatismes psychologiques. Et si cette soudaine action l'avait effrayé ? Le traumatisme du blond provoqué par son abus sexuel était encore très présent dans sa peur et sa méfiance des adultes. Et si le bleuté avait empiré cela ? Et si Alois ne ressentait pas la même chose que lui ?

Tout était si compliqué et si gênant. Sans qu'aucun des deux ne le sachent, ils voulaient tous deux revenir aux jours où ils s'amusaient et jouaient ensemble. Est-ce que tout était terminé à cause d'un seul petit quasi-baiser ?

L'adolescent aux cheveux ardoise se frotta les tempes, frustré. Cette fois, Ciel Phantomhive n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait faire. Peut-être que s'il agissait comme si rien ne s'était passé, tout se dissiperait ? Probablement pas, les dégâts étaient faits. Peut-être que s'il prenait sur lui et se confessait au blond, il comprendrait ? Non, Ciel n'avait pas le courage de le faire. Pas encore. Il était toujours trop effrayé par ses propres pensées et ses propres sentiments.

Il s'était souvent dit durant sa vie que s'il n'avait vraiment pas d'émotions, vivre aurait été tellement plus simple. Il avait passé des années à dresser un bouclier entre son cœur et le monde extérieur pour se protéger de n'importe quelle attaque, mais à présent, quelqu'un avait fissuré ce bouclier. Ce garçon blond était parvenu à se frayer un chemin à travers et il lançait maintenant une grande offensive. Ciel se sentait désormais vulnérable et il n'aimait pas cela. Absolument pas.

Une bataille similaire se déroulait au sein d'Alois. Depuis la trahison de son ancien majordome, Claude Faustus, il s'était juré de ne jamais être familier ou de faire confiance à qui que ce soit à nouveau. Pourtant, c'était arrivé. Il s'en voulait d'avoir laissé cela arriver. Il était en colère parce qu'il ne pouvait pas non plus régler ce problème.

Si seulement il était né sans cœur; sans sentiments. Alors rien n'aurait été vraiment capable de le blesser. Les blessures physiques peuvent guérir, mais les blessures psychiques et celles du cœur ne le pourront peut-être jamais. Mais pendant un temps on aurait dit qu'elles le pouvaient. En s'ouvrant à l'autre garçon, Alois avait eu l'impression que, peut-être, son passé ne le définissait pas et que l'avenir pouvait être resplendissant. Il avait erré dans les ténèbres toute sa vie, jusqu'à être réunie avec le démon. C'était en cherchant du réconfort auprès d'une créature des ténèbres qu'il avait put finalement voir à travers l'obscurité qui enveloppait son existence, et trouver un chemin vers le bonheur. Jamais ne s'était-il senti si léger auparavant.

Mais tout cela avait été anéantie lorsqu'il était devenu une fois de plus évident qu'en ouvrant son cœur à quelqu'un, on devenez sans défense. Oui, le bonheur vient avec la douleur. On ne peut avoir l'un sans l'autre; c'est un fait, comme il est impossible de connaître une autre personne parfaitement.

Il ne pouvait pas savoir ce que Ciel pensait ou ressentait à moins que le bleuté ne lui dise honnêtement, ce qui était fort improbable. Il était autant sur ses gardes que le blond. Si seulement ils pouvaient connaître les intentions de l'autre. Cette histoire serait beaucoup plus simple, non ? Cependant, la vie ne marche pas ainsi et ne le fera jamais.

Ne pas savoir est toujours pire que savoir. Le suspense donne l'impression de tuer lentement. Ciel et Alois essayaient tous deux de trouver un plan pour connaître les vrais sentiments de l'un et de l'autre et pour régler tout cela.

Après un temps, l'adolescent blond commença à se sentir claustrophobe à force d'être cloîtré dans sa chambre. Il se sentait piégé et il avait besoin de sortir pour se débarrasser de son inquiétude grandissante et pour respirer à nouveau. Alois se leva et se dirigea vers la porte, tourna la poignée et sortit dans le couloir. Puis une porte s'ouvrit alors qu'il passait devant. Il se figea sur place alors qu'il vit qui se trouvait derrière.

Ciel était là, lui aussi figé. Il ne s'attendait pas à voir le blond. Il avait espéré lui tomber dessus et ne pas lui tomber dessus. Il voulait parler au garçon, le voir et en même temps il voulait bouder en silence.

- Hey, salua-t-il en sentant qu'il devait dire quelque chose.

- Hey... dit Alois en retour, tu prends une pause ?

- Ouais. Je pense que si je passe un instant de plus dans cette pièce, je vais devenir fou.

Il entendit un petit gloussement venir du blond avant de se reprendre. Ciel sentit son cœur battre un peu plus vite.

- Alors, qu'est-ce que tu fais ?

- Je vais aller regarder un film, dit le blond.

- Lequel ?

- Shaun of the Dead, j'ai entendu dire que c'était drôle.

Le bleuté hésita avant de répondre.

- Ça t'embêtes si je viens ? demanda-t-il, je n'ai rien de mieux à faire.

Les coins des lèvres d'Alois ne purent s'empêcher de former un sourire. Peut-être que Ciel n'était pas si dégoûté de lui après tout.

- Je serais insulté si tu ne venais pas ! plaisanta-t-il.

Pendant les deux heures suivantes, les garçons s'assirent et regardèrent le film. Alois rigolait à une blague et sautait lorsqu'il voyait un zombie. Ciel pouffait de rire à une blague et se moquait d'Aloisqui sautait lorsqu'il voyait un zombie. La réconciliation semblait plus simple que ce qu'ils avaient imaginé. Ils n'avaient qu'à s'amuser ensemble une fois de plus, même si ce n'était que pour un temps.

Devils Like to DanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant