Devils Like to Dance

80. 1970

Écrit par HateWeasel

80. 1970

Un samedi comme un autre au manoir Phantomhive. Aucun problème en vue, tout allait pour le mieux, il n'y avait rien qui sortait de l'ordinaire dans la maison des démons, si ce n'est une chose. Ciel venait d'entrer dans son bureau et il y vit quelque chose de très étrange. Quelque chose qu'il n'aurait jamais pensé voir un jour.

Alois Trancy était en train de lire un livre de son plein gré.

Était-il entré dans La Quatrième Dimension ? C'était impossible. Improbable. Alois détestait lire. Il préférait encore porter des pantalons plutôt que de devoir lire un livre, et pourtant il se trouvait là, assis sur le canapé de pierre, et il lisait. Le Phantomhive se figea sur place et il observa le blond un moment, essayant de se remettre d'un tel choc.

- Quoi ? demanda finalement le blond lorsqu'il remarqua qu'il était fixé.

- Tu... lis ? Lis... un livre ? demanda son compagnon, qui semblait assez confus.

- Psh, non, dit Alois en lui montrant le livre. Je l'ai trouvé sur ton étagère. J'en ai trouvé plusieurs, d'ailleurs.

Le garçon tenait entre ses mains un objet rare. Il ne s'agissait pas d'un « livre » ordinaire. Il tenait entre ses mains l'un des albums photos scolaires de Ciel Phantomhive.

J'ai dit « l'un des » pour la simple et bonne raison qu'il en possède beaucoup. Voyez-vous, il est ici depuis belle lurette. Il est allé dans de nombreuses écoles différentes, se présentant comme un « mortel » pour passer le temps. Il s'ennuyait énormément. À tel point qu'il en était venu à ressusciter l'un de ses vieux ennemies.

Ciel fit signe au garçon de lui faire une place. Il s'assit à côté du blond et regarda avec lui les vieux albums. Il avait toujours des sentiments mitigés lorsqu'il les regardait. Il se sentait nostalgique, mais en même temps, agacé. Sur toutes les photos, il ne changeait jamais. Seul son uniforme variait.

Il devait l'admettre, il était un peu embarrassé de les regarder avec Alois, mais le blond était fasciné par les albums.

- Qui est-ce ? demanda-t-il en pointant du doigt un garçon qui parlait à Ciel sur l'une des photos.

- Un ancien camarade de classe. Nous nous parlions parfois. Mais il était étrange.

- Dans quel sens ?

- Il aimait manger de la colle.

Le blond rigola.

- Que lui est-il arrivé ?

- Il est toujours en vie, si c'est ce que tu te demandes. Il a une femme et des enfants maintenant, je pense.

- Aw, et toi tu fais toujours la même taille, hein ?

Le bleuté répliqua en frappant Alois dans les côtes. Le blond se frotta la cage thoracique et il pensa à autre chose.

- Eh, Ciel. Qu'est-ce qu'il y a de pire dans l'immortalité ?

Ciel fut pris par surprise par cette étrange question. Honnêtement, la façon de penser d'Alois partait vraiment dans tous les sens. Il réfléchit un moment avant de répondre :

- Le changement permanent, commença-t-il, l'environnement tout autour de nous, la mode, la technologie, mais pire que tout, les gens.

- Ça doit être dur de se faire des amis en sachant qu'un jour ou l'autre on devra leur expliquer pourquoi on ne vieillit pas, hein ?

- Oui... dit-il tristement.

C'était sans doute ce qu'il y avait de plus dur. Même pour l'asocial qu'il était, Ciel avait besoin de quelqu'un à qui parler, et ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait faire sur le long terme à cause de sa « condition ». Il s'était toujours senti si seul et isolé. N'importe qui finirait par ne plus supporter une telle chose.

Il continua à broyer du noir quelques instants, jusqu'à ce qu'il sente les bras du blond autour de son cou.

- Tu n'as plus à être seul dorénavant, dit le blond pour essayer de lui remonter le moral.

Un sourire se dessina sur le visage de Ciel sans qu'il puisse s'en empêcher. Et pourquoi résister ? Ce blond, ce fou qui avait réussi à se faire une place dans son cœur, et qui ne voulait plus partir, bien que si cela arrivait Ciel ne le laisserait pas faire.

Regardant ce visage, il ne put s'empêcher de l'embrasser. Il releva le menton du blond et guida les lèvres de ce dernier vers les siennes. Petit à petit, il commençait à s'habituer à ce genre d'intimités. Normalement, il rejetterait toutes formes d'intimités, mais lorsqu'ils étaient juste tous les deux, c'était acceptable, et agréable.

Leurs lèvres se séparèrent, laissant un léger fil de salive les relier jusqu'à ce que ce dernier lâche.

- Et ça, mon ami, dit le blond, c'est un baiser à la française.

Ciel toucha ses lèvres qui étaient maintenant légèrement bombées et il tenta de cacher son rougissement toujours plus visible.

- J'ai été surpris que tu prennes les devants, reprit-il. Presque aussi surpris que lorsque j'ai trouvé cette photo.

Alois lui remontra l'album qu'ils regardaient quelques instants plus tôt, et il pointa du doigt une photo prise à ce qui semblait être une sorte d'événement sportif, sur laquelle le Phantomhive portait un short qui s'arrêtait à mi-cuisses. Le blond sourit avec triomphe alors que l'autre garçon essayait d'attraper l'album mais n'y parvenait pas étant donné qu'Alois le tenait hors de sa portée.

- Eh ! Tout le monde en portait dans les années 70 ! cria-t-il.

- Tu les portes toujours ! Je vais tellement en faire des photocopies !

- Imbécile ! Je n'arrive pas à croire que je t'ai embrassé !

- Je t'aime aussi, mon chou !

- JE VAIS TE RÉDUIRE EN POUSSIERE !