17. Sales gosses

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Écrit par HateWeasel

17. Sales gosses.

Je ne m'attendais pas à ça...

Ciel y pensa pendant le reste de la journée.

Je suis plutôt bisexuel, lui avait dit Alois.

Le Phantomhive avait réellement été pris au dépourvu par cet aveu. Il avait certainement entenduparler d'une telle chose dans ce monde moderne, mais il ne s'était jamais attendu à ce que quelqu'un venant «des bons vieux jours» du règne de la Reine Victoria admette si ouvertement quelque chose qui autrement semblait si déplacé.

Le blond avait toujours eu un air efféminé, si bien que même Ciel l'avait pris pour une femme au début. Son corps fin, sa peau, ses yeux, ses cheveux, sa voix, et même son subtil déhanché le rendait presque entièrement androgyne. Quiconque en découvrant sa véritable identité se ferait automatiquement des idées sur ses préférences sexuelles, mais apparemment, même Alois Trancy était sensible au pouvoir hypnotique des poitrines.

Toutes ces observations ne faisaient que jouer avec l'esprit du petit bleuté. Résultant en une question :

Peut-on aimer les deux ?

Cette question se répétait dans sa tête, ne le laissant pas en paix. Il n'avait entendu que quelques bouts de la discussion incessante et excitée de l'autre garçon dans la place de voiture à côté de lui.

- Ces «distributeurs automatiques» sont incroyables, bon sang ! Comment obtiennent-ils toutes ces choses à grignoter à l'intérieur ? Oh ! Peuvent-ils distribuer autre chose ?! Eh, Ciel, est-ce que tu m'écoutes ?

- Hein ?

Le blond regarda son ami et fronça les sourcils. Il leva les mains en l'air et dit :

- Les «distributeurs automatiques» !

- Oh. Je ne sais pas, je ne les ai vu distribuer que de la nourriture et des boissons...

- Pourquoi limiter cela à de la nourriture ? On pourrait se faire tellement d'argent en vendant des choses avec ces distributeurs !

L'excentrique blond était juste si étrange.

- Qui sait ? Que mettrais-tu dans un distributeur, toi ?

Alois marqua une pause, fronçant les sourcils pour se concentrer, ainsi qu'en frottant son menton avec son index. Il s'agissait de sa position de réflexion. Il regarda à travers la fenêtre.

- Des canards.

- «Des canards» ?

Ciel regarda à travers la fenêtre d'Alois et vit un étang avec des canards. Encore une fois, l'attention d'Alois s'était détournée. Il le savait, mais il demanda tout de même.

- Tu mettrais des canards dans un distributeur ?

Confus, le blond se tourna pour regarder Ciel pendant quelques instants, comme si la conversation datant de quelques secondes n'avait pas eut lieu.

- Oh, dit-il finalement. Oh ! Hahaha !

Le blond était amusé par l'image d'un distributeur automatique avec des canards à l'intérieur. Même lui savait que c'était ridicule.

- Totalement ! Ce ne serait pas génial ? plaisanta-t-il.

Ciel était lui aussi amusé.

- Mais pourquoi des canards ?

- Les canards sont incroyables, Ciel. Ils volent, ils flottent, ils sont imperméables, et ils sont délicieux !

- Et ils font de bonnes conversations, à en juger par les discussions venant de la salle de bain que j'entends chaque fois que tu prends un bain.

Le Trancy fut un tantinet embarrassé qu'il l'ait entendu. Après tout, il n'y a presque rien de plus intime ou de plus honnête que les conversations entre une personne et son canard en caoutchouc.

- Parler à Bernard est très facile.

- «Bernard» ? Quel genre de nom est-ce pour un canard ? le taquina le bleuté.

- Un fichtrement bon.

Après avoir dit cela, la voiture s'arrêta à côté de l'imposante demeure, les deux garçons rentrèrent et Ciel se rendit immédiatement à sa chambre.

- Au fait, Alois, j'ai oublié de te demander, as-tu eu tes devoirs ?

- Quoi.

C'était l'équivalent d'un «non» pour Alois. Le blond n'avait aucun intérêt à faire ses devoirs. C'était de loin la pire partie de l'école. Un horrible concept. Qui que soit la personne venue avec cette idée, elle avait besoin d'être giflée, si vous demandiez à M. Trancy.

- Fais tes devoirs ! cria le plus petit garçon du haut des escaliers.

- Oblige-moi !

- Je vais enlever la télé !

- Monstre.

- Démon. Que tes propos soient corrects, Jimmy.

Oh, comme il détestait cela. Il n'y avait pas de meilleur insulte pour le blond que de l'appeler par son prénom. Le gentleman borgne, actuellement suivi par le blond en question, ne comprenait pas pourquoi. Quelqu'un qui semblait avoir oublié depuis longtemps le concept de la «honte» était affecté par quelque chose d'aussi idiot et insignifiant, à tel point que l'on se demanderait pourquoi il valait la peine de le mentionner.

- C'est ALOIS, sale nabot !

Pourtant Ciel était pareil. Toujours fier et difficilement embarrassé, le jeune comte était assez gêné à propos de sa taille. Il s'était adouci durant quelques siècles, et par obligation, «assoupli», mais le fait est que peu importe à quel point il mûrissait mentalement, il ne grandirait jamais.

Il mit son sac près de son bureau pour confronter la menace blonde comme il le devait.

- Je ne suis en aucun cas un nabot, Trancy ! Tu ferais mieux de ne pas me fâcher à nouveau !

- Oui oui, «Petit Capitaine» ! le nargua la menace blonde avec un salut.

Il pensait avoir eu sa revanche, mais hélas, ce n'était pas le cas. Il reçut un rapide coup de poing à l'épaule et en résultat, tout dégénéra. Quelque chose se produisait dans l'esprit des deux adolescents lorsqu'ils étaient ensemble, ils sentaient qu'ils devaient se battre pour se dominer l'un et l'autre, habituellement dans un esprit joueur.

Un certain majordome passa près de la chambre et entendit des cris, ainsi que beaucoup d'insultes, mais aussi des rires venant des deux garçons.

- Les enfants...

Devils Like to DanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant