Don't hurt me

Chapitre 23

Voilà le moment que je redoutais tant. Je suis face à eux, plus seul que jamais. Je crois qu'aucune personne dans la famille n'a pris mon parti et n'est pas d'accord avec mes parents. Je dois être le seul à trouver l'homosexualité normal, je dois être fou pour eux. Pourtant je pense que c'est l'inverse. C'est eux qui sont fou, fou d'être dégoûté de moi, fou pour trouver ça normal que des parents vire son enfant du foyer familial juste parce qu'il y a une petite chose sans importance qui ne les regardent en aucun cas, qui ne va pas pour eux.

Ils sont tous présent devant moi qui n'ose pas bouger. Ils sont presque alignés et on dirait presque qu'ils forment une muraille devant l'église. À ce moment je suis triste, je pense que ça peut se comprendre, non ? Je suis le rejeté de cette famille, le vilain petit canard. Et pourtant j'étais de loin l'enfant le plus modèle de cette famille, que ce soit l'éducation ou bien la religion. Moi, j'allais à la messe de l'église tout les dimanches, je faisais le carême, aux périodes de Pâques je servais la soupe à des sans abris, j'ai réussi à récolter un fond avec l'aide de l'église pour aider les personnes en difficulté. Et c'est eux qui se permettent de me juger. C'est eux qui disent que je ne suis pas un bon catholique et que je vais brûler en enfer. Je ne crois pas. Avec le temps j'ai compris que Dieu nous aime tous ,peu importe qui l'on est.

La peur qui s'était emparée de mon corps s'en va petit à petit et laisse place à l'indifférence et la rancœur. C'est à moi de tous leur en vouloir et non le contraire. Je suis d'autant plus rassuré lorsque Keith et Scott se placent à mes côtés comme pour me protéger et nous avançons vers l'église.

-Poussez vous ! Dit Keith pour entrer dans l'église.

Les personnes concernés s'écartent et nous laisse l'accès. Nous entrons et nous plaçons devant. Je vois le cercueil et profite de se moment pour dire au revoir à ma grand mère. C'est la seule personne de la famille qui a accepté mon homosexualité, ce n'est pas ironique les grands parents qui sont plus en avance sur leur temps que les enfants. Lorsque j'entends les personnes de ma famille rentrer dans l'église, je jette un dernier coup au cercueil et m'assoit à ma place. Il n'y a bien sûr que des messes basses, personne ne parle dans l'optique que j'entende. Tout le monde à peur de dire ce qu'ils pensent tout haut et préfère donc opter pour ce moyen de communication, ce qu'ils ne savent pas c'est que j'entends tout. J'entends lorsque certains disent que j'irai en enfer, que certains se demandent si Keith est mon copain. Ils parlent sur ma façon de me tenir, mon comportement, mes habits. Ça ne fait que quelques minutes et je suis déjà très fatigué psychologiquement. Je me demande comment je vais faire pour faire face à toutes ces critiques durant toute la cérémonie.

De là le prêtre arrive et fais une bénédiction. Il cite plusieurs passages de la bible, nous demande de nous lever, de s'assoir. Il fait aussi un petit discours personnel. Et vient le moment de prier. Tout le monde fait le signe de La Croix et prie excepté Keith qui, lui, n'est pas croyant. Lorsque je prie j'entends des messes basses. Ils disent que je n'ai pas le droit de prier parce que je suis dans le pêché, que je suis une erreur de la nature et que je vais brûler en enfer.

Je n'en peux plus. Malgré toute ma force, je ne peux empêcher quelques larmes sortir de mes yeux. Cela fait plus de vingt minutes que je supporte des critiques négatives à mon sujet et que j'essaie d'y faire abstraction. Mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je m'arrête de prier pour essuyer mes larmes à l'aide de mon tee-shirt. Keith finit par me voir et me caresse le dos pour me réconforter. Je sens qu'il s'énerve, il est tout tendu, je sais qu'il n'est pas tranquille. Et mes "doutes" se confirment lorsqu'il se lève.

-Vous voulez pas fermer votre gueule deux petite minutes ? Tout comme vous Jessy subit un deuil et il ne demande pas votre pardon MAIS JUSTE ÊTRE TRANQUILLE LE TEMPS DE CETTE PUTAIN DE CÉRÉMONIE.