Pas assez

Chapitre 6, partie 2

Chapitre 6

Partie 2

Une nouvelle fois assise à la table redoutée de la cuisine, le regard d'Elise se porta sur le contenu qui s'y étalait. Du pain, des brioches, des confitures, des céréales, des yaourts et des fruits reposaient sur la table où se trouvait déjà le reste de la maisonnée.

La voyant arriver, Emma se dérida d'un sourire des plus réjouis.

— Viens t'installer. On a de tout et s'il manque quelque chose n'hésite pas à le dire.

Elise prit place à droite de Frank qui, au ralenti et le regard fixé sur sa mère, avança sa main vers le panier contenant les brioches.

Ses doigts ne parvinrent pas à leur destination. Non, ils reçurent une tape sèche qui provoqua leur retrait immédiat.

— Frank, on attend que tout le monde soit installé.

Sa mine boudeuse en disait long sur ce qu'il en pensait. Alors qu'Elise, installée sur la chaise qui lui avait été attribuée, plaça ses mains sur la table encadrant son assiette, Noémie décida de remarquer sa présence.

— Oh qui voilà? On dirait que tu as décidé de nous gracier de ta présence. Tu n'étais pas obligée tu sais.

Décidément son absence n'était pas passée inaperçue. Elle aurait presque pu s'en sentir appréciée.

Elise décida de l'ignorer et, une fois que tout le monde débuta le petit déjeuner, elle choisit plusieurs fruits, dont une banane, une pomme et deux kiwis.

Mais Noémie ne voulut pas lâcher l'affaire.

— D'ailleurs pourquoi elle peut sortir comme elle veut le soir? J'ai même pas le droit d'aller au cinéma après 19h30 en semaine.

— On en a déjà parlé Noémie. Elle a terminé le lycée l'année dernière et elle ne sort pas pour s'amuser. Elle travaille. J'ai eu une discussion avec elle et les choses seront différentes à présent.

Leur discussion avait-elle eu lieu à cause des futilités de Noémie ? Avait-il seulement cherché à prévenir un caprice?

— Quel genre de travail se fait si tard. Une pute ou quoi? marmonna Noémie tout bas mais suffisamment inclinée vers elle pour qu'elle l'entende.

Elise regarda les autres. Encore une fois, personne ne s'en était aperçu. Alors, elle prétendit ne pas avoir entendu.

— Elise, ne veux-tu pas autre chose que des fruits? Si tu veux ajouter du yaourt pour le bircher n'hésite pas.

Elle regarda son mélange de fruits qu'elle avait coupé dans son bol.

— Non merci, je suis Vegan.

Noémie pouffa entre les dents alors que son père la regarda comme si elle avait perdu la tête.

— Mais quand tu es arrivé tu as mangé des crevettes...

— Une fois oui.

— Qu'est-ce que ça veut dire? Tu ne manges pas de viande? Que des crevettes?

— Ça c'est végétarien George. Vegan veut dire qu'elle ne consomme aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation. l'informa Emma bien plus sereine que son mari.

Elise doutait qu'il puisse paraître plus horrifié.

— Ça veut dire que tu peux manger que des... des... fruits et des légumes.

— Il y a plein d'autres choses. Mais j'ai une forte intolérance au lactose et comme la viande n'est pas mon truc, on a réalisé que le régime Vegan était le mieux.

C'était un semi mensonge.

Elle avait bien une intolérance au lactose, mais seulement légère. Il lui fallait juste éviter de consommer deux produits laitiers de différentes variétés en même temps ou avec un intervalle insuffisant. Et bien sûr, ne pas consommer de lait sur l'estomac vide, autrement dit le matin.

Elle pourrait tout à fait consommer un yaourt OU du fromage le matin et du lait en quantité réduite le reste de la journée. Et même si elle transgressait ses mesures, elle risquait simplement quelques douleurs abdominales et peut-être des ballonnements. Désagréable mais rien de mortel.

Néanmoins, personne n'avait besoin de le savoir.

Son père grogna avant d'enfouir trois morceaux de charcuterie dans sa bouche. À croire qu'on allait les lui enlever.

— Je vais aller acheter un livre de recettes vegans. fut la dernière remarque d'Emma sur le sujet.

Espérer que le reste du repas se déroulerait sans que l'attention se porte une nouvelle fois sur elle, était quelque chose qu'elle ne fit pas. Ce qui ne l'empêcha pas de grincer des dents quand son père proposa une idée qu'elle aurait préféré ne pas entendre.

— Noémie, tes amis viennent cet après-midi. Tu pourrais les présenter à Elise. L'aider à se faire des amis dans les parages.

— Quoi? Non!

Pour une fois, Elise était entièrement d'accord avec Noémie. Ça ne pouvait être qu'un plan foireux.

— Ne soit pas méchante. Tu sais ce que c'est d'avoir de la peine à se faire des amis.

Noémie baissa la tête et marmonna dans son assiette en torturant ses pauvres céréales avec acharnement.

George se tourna vers elle.

— Quelle bonne idée! N'est-ce pas?

Elise allait décliner. Vraiment, elle était sur le point de lui dire que c'était la plus horrible idée qu'elle est entendue. Avec celle de partager une salle de bain.

Au moment où les mots s'apprêtaient à franchir l'antre de ses lèvres, leur expression devint la seule chose qu'elle pouvait voir. Celle ravie de son père, convaincu de son génialissime, et d'Emma, plus hésitante, qui se mordait la lèvre avec un visage encourageant et plein d'espoir mal contenu.

Et à son plus grand désespoir le mauvais mot vint couper la route du bon et franchit la ligne d'arrivée en premier.

— Oui.

Elle venait de creuser sa propre tombe.

Au moins Noémie était aussi malheureuse qu'elle. Quoique, ce n'était peut-être pas une si bonne chose.

Être présentée par quelqu'un qui répugnait à le faire ne laissait rien envisager d'excitant. Sans compter que quiconque supportait cette pimbêche ne devait pas être quelqu'un avec lequel elle pouvait s'entendre.

Dépitée, un bruit de mastication, à sa gauche, attira son attention. Frank mangeait avec appétit.

À ce moment, elle aurait bien voulu être aussi insouciante que lui.

— Tu as dit qu'ils viennent quand?

— Cet après-midi.

C'était bien trop tôt.

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Le printemps est là et avec lui arrive Pâques. Alors je vous souhaite un bon et long week-end avec beaucoup d'œufs et de chocolat!

Et je tiens à préciser que je ne critique en aucun cas le régime Vegan. Elise se trouve juste être quelqu'un avec différentes facettes que l'on apprend encore à connaître.