Chapitre 32

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Chapitre 32

Elise était devant le café «La Fugue ». Celui-là même où ils s'étaient rencontrés. Là où elle avait, de manière très maladroite, fait le premier pas. Pas pour les bonnes raisons. Emmerder Noémie n'était définitivement pas une bonne raison.

Maintenant, alors qu'elle attendait de trouver suffisamment de courage pour franchir la porte, elle réalisa que ça n'avait été qu'une excuse. Une protection au cas où il l'aurait envoyée balader. Son attirance pour lui avait déjà germé. Sa tentative, elle, avait été à déplorer. Elise avait le rose aux joues rien que d'y penser.

Regardant l'heure une énième fois, celle-ci lui indiquait qu'elle était toujours en avance. Elle avait déjà arpenté la rue, fait le tour du bloc et tourné en rond devant l'entrée du café. Le tout plus d'une fois et elle était toujours en avance.

Le soleil était timidement caché derrière les nuages et un vent froid parcourait les rues. Il ne faisait pas chaud mais Elise suait. Nerveuse, ses mains étaient trop moites et elle avait l'impression d'être à l'étroit dans ses vêtements pourtant soigneusement choisis. Elle espérait vraiment qu'il ne la rejette pas dans ce café. Elle n'était pas sûre si elle attendait impatiemment ou si elle redoutait de le voir. Ses jambes étaient des pelotes de stress et ses muscles tressautaient régulièrement. Pourtant, alors qu'elle avait l'impression de rôder au même endroit depuis des lustres, l'aiguille de sa montre avait à peine bougé.

Un poids sur son épaule la fit sursauter et elle se tourna brusquement. Adrien venait d'arriver et sa main, celle qu'il avait posée sur son épaule, retourna dans la poche de sa veste.

- Hey.

- Salut.

Son cœur battait la chamade et la surprise qu'elle venait d'éprouver n'était que partiellement en faute. Adrien, vêtu d'une paire de jeans délavée et d'un pull en laine sous un veston, ne paraissait de loin pas aussi perturbé par la situation. D'un geste du menton, il pointa le café.

- Tu veux entrer ? Ou tu préfères qu'on fasse un tour ?

- Marchons.

Nul besoin d'avoir de témoin. Surtout pas si les choses se terminaient avec son cœur en miette. Et c'était compter qu'elle ne s'évanouisse pas avant. Les battements de son cœur ne s'étaient toujours pas calmer et sa réponse ressemblait plus à un couinement qu'une affirmation.

Ensemble, ils marchèrent sans direction apparente. Elise lui jetait des regards du coin de l'œil pour vite retourner son attention vers le sol qui n'avait pourtant rien d'intéressant. Le silence n'était pas gênant mais la tension escaladait pour Elise jusqu'à ce que, finalement, Adrien s'arrête. Elle fit de même, retenant son souffle.

- Tu as raison. Cinq ans ce n'est pas beaucoup.

Elise expira.

- C'est ton âge qui me dérange.

Une grimace tordit son visage. Rien ne pouvait être simple.

- Ou plutôt ce qu'il représente. Tu es jeune et un peu perdue. La situation avec ta famille... J'ai peur que tu éprouves des sentiments mal dirigés. Je suis gentil, tu te sens en sécurité et j'utilise ta naïveté sans le réaliser. Tu tentes de compenser le manque d'affection. J'ai peur de profiter d'une faiblesse sans m'en rendre compte.

Elle resta un moment silencieuse, prenant soin de bien comprendre ses paroles, refusant de tiquer à l'utilisation du mot faiblesse, car elle voyait ce qu'il cherchait difficilement à dire.

- Tu penses que je confonds mes sentiments. Que j'éprouverais ce que je ressens pour toi avec n'importe qui. N'importe quelle personne étant un peu attentionnée à mon égard.

Pas assezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant