Chapitre 8, partie 2

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Chapitre 8

Partie 2

Elle détestait vraiment cette partie du travail. Principalement parce que les individus engagés avaient toujours un message désobligeant à faire passer. De manière générale, elle ne semblait jamais convenir à ce qu'ils voulaient. Trop comme ça, pas assez comme ça.

Étrangement, ou peut-être d'une manière étudiée, ils n'adressaient jamais ces paroles directement à sa personne. Non, ils s'en plaignaient avec un collègue ou marmonnaient à eux-mêmes avec des mines contrariées.

«Toujours au-dessus de 90.»

«Elle est plutôt large d'épaule, tu vois ça cause parfois des problèmes.»

Pourtant, leurs paroles ne la touchaient pas moins.

À son grand soulagement, Adrien attendait dans la salle adjacente. Sa présence aurait été humiliante.

Caro, une employée de l'agence, déploya un mètre ruban autour de ses hanches et rejoignit les mains du côté gauche avec satisfaction.

— Tu as perdu deux centimètres. C'est super, on va pouvoir tenter la haute couture. Un peu plus et je suis sûre que tu vas être choisie immédiatement. Tu es dans la bonne direction!

Elise ne répondit pas, tandis que le mètre souple glissa vers sa taille pour resserrer son emprise, tel un cobra autour de sa proie.

Le tour de poitrine vint en dernier et la femme prit un stylo et un calepin pour griffonner les mensurations. Celles-ci ne tarderont pas à être insérées dans un ordinateur pour remplacer ses anciennes données.

— Le reste n'a pas vraiment changé. Tu devrais vraiment penser à accepter les castings pour maillot ou lingerie. Tu aurais plus de travail et ça aide au succès.

Puis, moins fort, comme si elle parlait à elle-même, elle continua.

— Heureusement qu'à présent on peut tenter la haute couture. On a beaucoup de filles ici. Et encore plus de filles quelconques dehors. Elles n'ont pas leur place ici.

Elise entreprit de se rhabiller, enfilant son jeans qui avait été posé sur le dossier en cuir noir d'une chaise aux accoudoirs métalliques.

La pièce, comme celle où se trouvait Adrien, était très sobre en couleur avec ses murs blancs et l'ameublement noir. Seuls quelques objets, telles que les magazines, donnaient une nuance à cet arrangement. Peut-être dans le but de les mettre en valeur. Elise trouvait le tout stérile. Aussi froid que l'atmosphère.

Frissonnante, elle se hâta d'enfiler son pull, puis ce fut le tour de ses chaussettes. En derniers vinrent ses chaussures.

Le passage sur la pèse était optionnelle et inutile. Le poids n'importait guère. Tout était dans les centimètres. Surtout dans la verticale et le circulaire.

La pèse agissait plus dans un aspect de contrôle et avec les critiques que l'industrie recevait quotidiennement à présent, c'était une manière de vérifier la santé par un simple chiffre. Il était évident que son poids précédent plairait d'avantage et serait plus correct d'un point de vue médical et médiatique que son poids actuel.

Hissant habilement sa sacoche sur l'épaule, Elise s'en alla s'en tarder, heureuse de quitter la salle.

Adrien était assis sur un canapé sombre, feuilletant un de ces magazines de mode aux couleurs vives, sans vraiment s'arrêter sur une page. À son entrée, il leva la tête et lui sourit. Sourire qu'elle lui rendit.

Pas assezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant