Chapitre 31

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Chapitre 31

Assise sur son lit, Elise gardait l'esprit délibérément vide pendant qu'elle considérait les murs pastel. Peut-être devrait-elle envisager de les repeindre. À force de les fixer, ils allaient finir par lui donner mal à la tête.

Elle se laissa tomber en arrière, finissant allongée, les bras écartés. Avec ce geste, ce fut le capharnaüm. Trop de pensées et de souvenirs s'enchevêtraient dans son esprit et la conversation avec son père tournait en boucle sur un fond de musique décalé.

Elle se retourna et enfouit son visage dans son oreiller, espérant calmer la confusion qui régnait dans son crâne. Lorsqu'il lui fallut respirer, elle tourna la tête pour ne reposer qu'une moitié de son visage.

Le choc initial passé, son esprit se calma un peu. Son regard tomba sur son portable.

Elle voulait voir Adrien. Puis la conversation qu'elle avait eue avec lui, lui revint. La confrontation n'était-elle pas censée faciliter la situation ? Rendre tout plus évident ? Parce qu'actuellement, rien ne l'était.

Bon, elle lui avait dit de la contacter quand il avait pris une décision. Elle ne pouvait pas se rendre chez lui. L'impact de leur conversation serait nul. Peut-être un petit message ?

Elise soupira. Elle ne pouvait pas toujours courir se réfugier chez lui chaque fois qu'il lui fallait affronter une situation ou qu'un évènement ne s'était pas bien passé. Elle enfouit une nouvelle fois sa face dans l'oreiller et quand sa seule pensée était sa prochaine respiration elle débloqua l'accès à ses narines et inspira tout l'air possible. Elle eut besoin de quelque instant pour reprendre son souffle avant de s'attaquer au problème qui l'avait mis dans cet état.

L'important était de ne pas se laisser ensevelir par les doutes et son incertitude.

Elle essaya de voir les choses d'un point de vue extérieur, plus objectif et invoqua un Adrien imaginaire comme soutien.

Son père était-il parti ? Oui. En avait-elle été la raison ? Non. Elle aurait pu agir avec toutes les bonnes intentions d'une enfant de sept ans, sa décision n'avait, à aucun moment, été influencée par elle. C'était une action qu'il avait pris dans l'espoir d'améliorer la situation.

L'avait-il oubliée? Cette question fut plus compliquée. Une boule s'installa dans sa gorge mais elle prit soin de l'ignorer. Son père n'était pas immédiatement passé à autre chose. Cependant il avait fini par la mettre de côté. Pour elle, et c'était ce qui lui faisait si mal, il ne l'avait pas seulement oubliée, il l'avait rejetée.

Pourquoi ? L'effort de tenir le contact, malgré le désagrément de devoir passer par sa mère, n'en avait-elle pas valu la peine ? S'il l'avait aimée suffisamment, n'aurait-il pas fait l'effort ?

À ce moment c'était difficile de ne pas se laisser emporter par ses doutes et par la peine qu'elle ressentait. Ses yeux étaient humides et emplis de larmes qu'elle tentait de retenir. Sa respiration devint saccadée. Qu'avait-il dit d'autre ? Quoi ?

Culpabilité.

Sa respiration se calma aussitôt. Ça voulait dire qu'il avait conscience d'être en faute. Que ce qu'il faisait n'était pas la bonne action. Une action qui venait de lui et pas d'elle.

Cependant, la conclusion ne restait-ellepas la même ? S'il l'avait chérie suffisamment, n'aurait-il pas passé outre ce sentiment de culpabilité de pourvoyer pour d'autres enfants ? Il aurait voulu entendre sa voix, connaître sa semaine et il aurait appelé. Ce qu'il cessa de faire.

Pas assezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant