Pas assez

Chapitre 10, partie 1

Chapitre 10

Partie 1

Elise flottait à travers les rayons sans grande conviction. Une main, touchant les épaules des cintres, balayait les vêtements alors qu'elle avançait. Son cerveau avait été mis sur auto-pilot et elle se contentait de suivre les deux femmes hochant la tête et souriant avec un faux enthousiasme devant les tenues qu'elles tenaient sous leur menton et tiraient dans tous les sens pour couvrir leurs membres.

Ça, c'était avant le passage aux cabines.

Au troisième essayage, elle y découvrit un répit inattendu qu'elle comptait bien mettre en application cette fois encore, alors que les femmes se rapprochaient des loges en bois dissimulées derrière des rideaux.

Suivant le mouvement, Elise se rendit dans une cabine et s'affala sur le petit tabouret. Maintenant, elle pouvait respirer cinq minutes en prétendant essayer un t-shirt qu'Emma insistait ferait ressortir ses yeux et un pantalon qui irait super avec ses jambes.

Son dos appuyé contre la cloison, elle pouvait entendre le bruissement des vêtements qu'enfilait sa belle-mère dans la cabine adjacente. Elle entendit également ses grognements.

Elise sourit en prenant son portable. Sa belle-mère était facilement appréciable. Elle ne pouvait le nier, mais s'en sentait un peu coupable.

Une fois cinq minutes passées, elle sortit de la cabine avec les articles qu'elle posa sur le porte-vêtement qui croulait déjà sous le poids de marchandises non voulus et prétendit qu'ils étaient inconfortables. Puis, elle s'assit sur le canapé, situé en face des loges mais dos au reste du magasin, pendant que les deux autres essayaient toutes la boutique. Ils en étaient à la cinquième.

Elise avait acheté ce dont elle avait besoin à la première et un sac en plastique contenant deux collants noirs et fins, ainsi qu'un bonnet, parce que le temps n'allait pas tarder à se refroidir, reposait à ses côtés alors qu'elle montrait un pouce levé à Emma qui tournoyait dans une longue jupe bohémienne.

Elle essayait d'être de bonne humeur pour ne pas assombrir la sortie. Pourtant, elle ne voyait vraiment pas comment les gens pouvaient aimer faire du shopping pendant des heures. C'était d'un fatiguant ! Et les miroirs la froissaient.

Malgré tout, elle faisait des efforts en offrant honnêtement son opinion aux habits que lui présentaient les deux femmes.

De manière diplomate, elle déconseillait un top trop petit, serré et dont la poitrine de Noémie paraissait s'échapper, parce que le matériel faisait un peu bon marché plutôt que de dire qu'elle paraissait vulgaire. De même que la micro-jupe, elle conseilla plutôt la mini.

- Que penses-tu de ça ?

Une fois de plus, Emma sortit avec un vêtement de la cabine. Cette fois c'était une robe ample mais étrangement resserrée à la taille, confectionnée avec l'immonde couleur jaune pâle. Elle n'aimait pas le pastel et on aurait dit une étrange et vieille housse de protection pour vêtements.

- Ça te va bien. La couleur fait ressortir ta peau et la forme met en valeur ta coupe de cheveux.

Bon, d'accord. Parfois, il lui arrivait de baratiner.

- Vraiment ?

Emma se positionna face au grand miroir fixé au mur.

Ce moment entre femmes commençait à s'éterniser. Son père avait vraiment des mauvaises idées pour les situations qui créer des liens. Bien qu'Elise devait avouer qu'une journée shopping était mieux que de partager une salle de bain.

Et peut-être était-ce une question de goût puisque Noémie semblait s'amuser.

- Emma ?

La voix inconnue provenait de derrière. Le sourire qui vint illuminer le visage, qui l'instant d'avant étudiait son reflet, montrait clairement qu'Emma connaissait la dame qui s'avançait vers elle. Les deux se prirent rapidement dans les bras avant de reculer pour se regarder, leurs bras encore attachés aux coudes de l'autre.

- Jenna ! Comment tu vas ?

- Mme Barbet? Noémie est là aussi ?

Cette voix de fille, en revanche, ne lui était pas inconnue et lorsqu'elle vit la personne qui venait de surgir derrière la femme agrippée à Emma, son impression fut confirmée.

- Claudia! Appelle-moi Emma. Depuis le temps que je te le dis.

Au même moment, dans une des cabines, retentit la voix de Noémie.

- Claudia ?

Elle sortit habillée de son propre pantalon mais encore vêtue de son haut trop petit et les deux filles se jetèrent l'une sur l'autre comme si elles ne s'étaient pas vues, hier, au lycée.

- Oh mais est-ce ton fils que je vois là ?

Les regards se portèrent sur un homme qui se frayait un passage entre les porte-vêtements pour arriver jusqu'à eux. À la stupéfaction d'Elise, elle le reconnut également.

Oh non.