Chapitre 13

381 30 18
                                    


Chapitre 13

Sa veste chaude pendue pardessus sa sacoche, elle décida de rester dissimulée quelque instant de plus.

Elise était nerveuse. Ses mains moites se frottèrent une fois de plus contre son jean moulant avant de venir ajuster son haut rouge et vérifier une dernière fois la position de sa poitrine remontée. Elle avait choisi cette couleur parce que, d'après ce qu'elle avait trouvé sur Google, elle attirait davantage les hommes. Étrange, mais elle n'avait rien à perdre s'il s'avérait que c'était faux. Au pire, ce n'était que du rouge.

En tout cas, c'était ce qu'elle essayait de se dire, parce que en ce moment, elle se sentait à l'opposé du confortable. À plusieurs reprises déjà, elle s'était retenue de passer ses doigts d'un geste nerveux dans ses cheveux lâchés, parce que oui, Google avait dit que c'était la coiffure préférée des hommes.

Elise ne savait même pas pourquoi elle stressait. Et de manière si soudaine, bien qu'elle ne devait prononcer que quelques mots. Rien de fort terrifiant et cela ne lui avait posé aucun problème la veille, lorsqu'elle avait jeté un coup d'œil sur internet pour former un plan. Ce matin encore, elle était la sérénité même. Peut-être y avait-il du vrai dans le dicton «le calme avant la tempête» même si c'était un peu exagéré dans le cas actuel.

Et pourtant... Voilà qu'à présent elle était plus angoissée qu'avant n'importe qu'elle défilé ou shooting. Son cœur palpitait tellement qu'elle était convaincue que la crise cardiaque n'était plus très loin.

Son idée, qu'elle remettait en doute, avait paru bien moins stressante dans sa tête.

Mais ce n'était pas le moment de flancher. Elle ne réfléchit pas un instant de plus, sinon elle allait annuler sa mission à la moindre excuse. Non, elle chargea sans délibérer davantage en direction de la chevelure brune qu'elle avait observée durant les dernières cinq minutes depuis derrière la grande fausse plante qui se trouvait à l'entrée du café La fugue dans lequel elle avait fixé le rendez-vous et où ils s'étaient rencontrés la première fois. Presque romantique...

Arrivée à la bonne table, Elise se pencha en avant pour bien le regarder dans les pupilles et se pinça le coude du bout de ses ongles pour éviter de détourner les yeux et se dégonfler.

Crotte, était-elle censée regarder l'œil droite ou le gauche ? Stressée, perdue et gênée, elle opta pour l'entre deux et fixa le haut du nez. C'était moins intimidant.

- Salut.

- Salut Elise. Assied-toi.

Après avoir compté jusqu'à trois dans sa tête et une fois convaincue que le temps imparti avait été suivi, elle passa à l'étape suivante et lança son approche à l'aide d'une voix qu'elle voulait charmante et sûre. Sa voix sortit en une sorte de couinement.

- Est-ce que tu as un plan ? Je me suis perdue dans tes yeux.

Au rythme de sa prononciation, son corps se solidifia en statue et avant même d'avoir articulé le dernier mot, elle était entièrement figée. Ça craignait. Ça craignait grave !

Ça n'avait pas paru si ringard dans sa tête. Elle n'aurait pas dû chercher sur Google. Celui qui avait dit que Google était un ami s'était définitivement et lourdement trompé.

Crispée à en avoir des crampes, Elise se trouva incapable d'ajouter quelque chose ou de sauver la mise. Non, elle attendait le crash.

Quand aucune réponse ne vint, ses yeux quittèrent leur fixette sur le haut du nez d'Adrien pour mieux le voir. Il était confus et la regardait étrangement. Malaise. Elle déglutit avec difficulté.

Pas assezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant