Chapitre 15.

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Ça a retentit comme un pétard. Moins de trois secondes plus tard, j'ai l'impression qu'on m'enfonce un tisonnier chauffé à blanc dans le corps, la douleur me fait vaciller. Je baisse les yeux et pose les mains sur ma veste ; elles sont aussitôt rougies de sang. Je halète et tombe à genoux, cherchant des yeux de l'aide.

_ Liam...

Ma voix n'est qu'un murmure inaudible. Ma tête rencontre le goudron froid, je me recroqueville en essayant de trouver mon souffle, comme si me faire la plus petite possible allait atténuer la douleur lancinante qui se répercute dans tout mon corps. J'entends un autre bruit de pétard, et quelque chose de lourd qui tombe sur le sol, un peu plus loin dans la rue.

Une sensation humide s'empare de mon t-shirt, c'est désagréable. Et il y a cette douleur lancinante, qui se propage en cercles concentriques dans tout mon corps, dont l'épicentre est dans mon flanc gauche, rien d'autre n'a d'importance que cette souffrance. Mes sens s'engourdissent.

_ Tris ? Hé, reste avec moi ! Implore Liam.

Sa voix résonne comme si elle provenait d'une radio mal réglée, avec des intonations changeantes. Il revient vers moi, retire mes mains de mon ventre pour y presser sa propre veste, restant avec son pull dans le froid. De la vapeur blanche sort de sa bouche à chacune de ses expirations précipitées.

La tête me tourne.

Liam parle maintenant d'une voix pressante et angoissée dans sa montre, qui sert aussi de talkie-walkie.

J'essaie de trouver quelque chose à quoi me raccrocher...

... Mais c'est de plus en plus difficile.

Liam me parle mais je n'entends pas très bien, je regarde ses lèvres remuer, ses yeux écarquillés. Le monde autour de moi vacille, comme la flamme d'une bougie, j'ai les paupières trop lourdes pour les laisser ouvertes. Je pourrais dormir un peu, le sol froid n'est plus si inconfortable, et le vent qui souffle sur moi semble m'appeler.

Il y a des cris, des bruits de pas, des sirènes. Du monde s'agite autour de moi, j'ai l'impression de voir le monde à travers une eau trouble.

_ Transfusion, couverture de survie, adrénaline ! On la perd !

C'est pas si mal cette obscurité, en fin de compte. Douce, douce obscurité cotonneuse. Se laisser aller serait plus facile que d'essayer de remonter le fil. Écouter ce qu'on me dit me fatigue. On me met des claques, on serre ma main plusieurs fois, on me pose quelque chose sur la bouche et le nez.

Finalement, je ne vois plus le ciel étoilé...

Déficients [TOME 1 & 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant