Chapitre 26.

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Quelques jours plus tard, j'ai dû me rendre à l'évidence. Cette horrible évidence qui me pesait sur l'estomac, que je trainais silencieusement dans la peur. Bien sûr, j'ai essayé de me raisonner, de me dire que j'étais stupide, et que c'était seulement le stress qui me bouffait plus que je ne le pensais.

_ Tris, j'ai ce que tu m'as demandé, lance Hazel en brandissant un sac en papier blanc.

_ Chuuuut, pas ici !

_ Tu veux que je t'accompagne ?

Je hausse les épaules. Je crois qu'elle devine bien à quel point je suis terrifié. Aujourd'hui, je crois qu'il y a des milliers de raisons d'avoir peur.

Nous quittons la Fosse bondée et marchons dans les couloirs des dortoirs où je dormais auparavant. Hazel et Theo préfèrent dormir ici, en sécurité, et ils n'avaient pas envie de nous déranger (avec beaucoup de sous-entendus).

La salle de bains commune est telle que dans mes souvenirs. Carrelage blanc, longs bacs métalliques et robinets en inox, douches peu intimes. Sur les portes des toilettes s'entassent maintenant un tas de prénoms, d'initiales reliées par un +, d'insultes... Typique des toilettes communs. Je soupire et crispe fort les paupières en me demandant comment j'ai pu être aussi stupide pour en arriver là.

_ Alors ? Demande Hazel.

_ J'en sais rien, je n'ai pas regardé.

_ Tu veux que je le fasse ? Tu vas dire quoi à Jai ?

J'ai le coeur au bord des lèvres. Je serre Hazel dans mes bras, elle est si pleine de sollicitude, et nous quittons le dortoir. Je glisse précieusement le petit bâton bleu et blanc dans une des nombreuses poches de mon pantalon. Dehors, l'air est froid mais il y a du soleil. Le dimanche reste un jour vaqué, meme en pleine reconstruction d'une ville. La grosse réunion a été décalée parce qu'elle n'était pas la priorité, mais maintenant, il nous faut des chefs au Conseil, un cadre politique et social.

On doit rejoindre les garçons à la salle de Cérémonie du Choix.

_ T'es toute blanche, ça va ? Tu n'es pas malade, au moins ? S'inquiète Théodore.

Je lui jette un regard noir, parce qu'il parle tellement fort qu'il a inquiété Jai, et que pas mal de nos voisins nous regardent. Je suis lasse des regards qu'ils nous jettent en coin, comme si nous étions des stars ou je ne sais trop quoi. Jai me prend la main tandis que je m'affale plus que je ne m'assois sur mon siège. La dernière fois que je suis venue ici remonte à ma propre Cérémonie du Choix.

_ Ça va ? Chuchote Jai.

_ Ouais. Ça commence à quelle heure ?

_ Dans deux minutes. Tu as voté pour les représentants du Conseil ?

_ Je l'ai fait la semaine dernière, en même temps que toi. Ta mémoire est si courte ? Le taquiné-je.

La dépouille des bulletins a été longue, si longue que je me suis endormie. Je ne me suis jamais intéressé à la politique. Tous nos dirigeants d'Avant étaient incapables, menteurs et cupides. Je n'allais certainement pas les aider à nous voler.

Je me réveille juste à temps pour voir les quinze nouveaux membres du Conseil descendre de la scène sous les applaudissements nourris du peuple. Je réalise que la réunion entière est terminée quand je vois les gens se lever et se diriger vers la sortie. Aïe, ai-je dormi tout ce temps ?

_ Ton intérêt pour la réunion était splendide, s'esclaffe Theo. On a dû te mettre des coups de coude pour que tu arrête de ronfler !

_ Je ne ronfle pas, m'exclamé-je.

Déficients [TOME 1 & 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant