_ D'une humeur super charmante, toujours élégante...
Je grogne une nouvelle fois en fixant mon assiette de purée noyée dans de la sauce. Théodore rit à pleins poumons. J'ai dormi longtemps, trop longtemps, le soleil se couchait déjà, et je sais que je ne dormirai pas de la nuit. Nombreux sont ceux comme moi, insomniaques, qui trainent la nuit et dorment le jour. Une patrouille de quarante soldats a été désignée pour garder les alentours du Complexe, juste au cas où. Les gens de la ville trainent autour du lycée, ébahis et curieux de notre arrivée et de nos tenues.
Ils sont plutôt gentils, nous donnent des livres, des magazines, des jeux de société, des produits d'hygiène, des vêtements, des journaux ou de la nourriture par-dessus les grilles, comme si nous étions prisonniers. Ça me fait rire. Mais grâce à eux, nous avons des nouvelles du monde. L'Australie n'est plus habitable à cause d'une bombe larguée sur un début de centrale nucléaire. Mon pays a été réduit en cendres. Luis a assuré que les Implantations survivantes ont elles aussi été évacuées dans d'autres pays. Où ? On ne sait pas, par sécurité.
_ Tris !
_ Ouais ?
_ Tu as reçu un ordre d'assignation, crie Jai par-dessus le bazar.
Il me tend un petit bout de papier, contenant seulement quelques mots. Je respire un grand coup. Ça ne change pas de ce que j'ai fait depuis la fin de mon initiation : surveillance civile. Ça me laisse quelques mauvais souvenirs, mais je suis prête à tenter le coup. Je suis là pour ça. J'ai Ryan comme binôme, l'albinos qui a perdu son jumeau le soir de l'attaque.
_ Et toi ?
_ Toujours rien, dit-il. On verra, mais ils ne peuvent pas se passer de mon charme.
Je ricane en préparant mon arme et une veste.
_ Peut-être pas, mais ils vont devoir. Je ne suis pas du genre à partager, le taquiné-je.
_ Reviens-moi entière... Et en vie, de préférence.
Je l'embrasse et passe la grille. Nous marchons sur les trottoirs propres de la ville où quelques voitures circulent. Nous passons près d'un parc puis d'un centre-ville à l'urbanisme pas très cohérent, des rires résonnent dans les bars et les restaurants, et je ne peux m'empêcher de les envier.
J'ai l'impression que mille ans séparent ce que je vivais avant les factions et après. Eux représentent le Avant, nous le Après.
La ville n'est pas touchée par la guerre, c'est plus ceux des côtes qui ont été touchés, ainsi que derrière les Rocheuses. On ne nous en dit pas beaucoup, mais les civils sont bavards, et nous avons donc appris avec effroi ce qui avait été utilisé.
Une arme bactériologique.
La convention de Genève à été créée entre plusieurs pays, et modifiée plusieurs fois après sa rédaction en 1864 pour se promettre de ne jamais utiliser ce genre d'armes (en plus des nombreux traités entre les Nations Unies) mais il faut se rendre à l'évidence : il n'existe pas de manuel qui stipule ce qui acceptable ou non en temps de guerre.
_ Je suis désolé pour ton frère, dis-je tristement à Ryan.
_ Il a été un des soldats qui ont tentés de s'interposer auprès des gars qui vous ont emmené. Ils ont répliqué avec des lance-flammes.
Je déglutis.
_ Ils ont cramé tout ce qui se trouvait sur leur passage, y compris les gens qui sortaient pour voir ce qui faisait ce bordel, dit-il d'une voix sourde. La rue était pleine de gens qui hurlaient et courraient en brûlant vifs, et les secours sont arrivés trop tard.
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Déficients [TOME 1 & 2]
FanfictionElle fait partie des survivants des expériences génétiques du Labo, mais à son réveil, tout a changé. Le système des Factions a été instauré, et la fille aux yeux gris devra faire son Choix. Elle se battra, s'intégrera, découvrira la différence crue...