Chapitre 21.

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_ Arrête de toucher à cette plaie, bordel, c'est dégueulasse !

Je sursaute et retire la main de mon t-shirt. Jai me fusille du regard. J'ai pris cette mauvaise habitude de gratter la croûte sur mon ventre, pour la faire partir plus vite, puisque ça tire et me démange. Je me mords l'intérieur de la joue et le regarde finir la fresque sur le mur du salon.

Le symbole Audacieux apparaît en violet, contrastant sur le mur noir. Il doit faire ma taille en diamètre ; Jai est un génie. L'appartement est enfin terminé, après des jours de travail. Nous sommes mercredi, et je viens seulement de me réveiller. Je travaille de nuit cette semaine, à mon plus grand désespoir. Jai est en congé le mercredi et le dimanche, c'est pour ça qu'il en a profité pour finir.

_ Comment s'est passée ta nuit ?

_ Affreuse. J'ai cru que j'allais perdre mes orteils, et nous avons dû chasser une bande de civils dans l'immeuble en face du Labo.

Il grogne. Il déteste qu'on parle des Labos, et moi aussi. J'ai cru que notre fin était arrivée cette nuit, face à cette bande. On avait beau être armés, on n'était que deux, et j'ai préféré appeler du renfort plutôt que me lancer dans la mêlée, comme Liam l'avait suggéré.

Les civils n'ont rien voulu dire, et ils ont été embarqués.

D'après les vivres trouvés sur les lieux, ils étaient là depuis pas mal de temps. Ils épiaient le Labo, on ne sait pas pourquoi. Toutes les fenêtres de ce grand immeuble sont sombres et, de la rue, je pouvais voir les lucarnes, tout en haut. Ces mêmes lucarnes où j'ai observé la rue sans la reconnaitre. Ils n'ont rien pu voir, à mon avis, puisque le matériau des fenêtres reflète le paysage plutôt que de laisser voir ce que font ceux à l'intérieur. Il pourrait s'y passer n'importe quoi, là-bas, sans qu'on le sache. N'empêche que la garde a encore été renforcée.

_ Lenny est venu cet après-midi.

_ Ah bon ?

_ Il m'a dit qu'ils se regroupent ce soir, comme d'habitude, et que Liam était d'accord pour te laisser y aller. Ils se sont arrangés avec un garde qui n'était pas de surveillance.

Je m'enfonce un peu plus dans le canapé en soupirant. Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas parlé de ces réunions, que j'évite comme la peste. Mais j'ai des choses à leur dire. Ils sont en danger sur le toit de cette tour, exposés au regard et aux gens du Labo. Ils ne le savent pas, moi oui. Je dois leur dire. Je sais d'avance que la réunion est à vingt-trois heures, comme d'habitude, et que la fin se conclura par la tyrolienne...

_ Je vais y aller, il faut que je leur dise ce qu'on a entendu dans la Fosse.

_ Pourquoi ?

_ Parce que c'est une réunion de GD... Je t'aurais bien emmené mais je ne suis pas sûre qu'ils le veulent. Ils sont en danger. Les gens du Labo savent qu'on se retrouve là-bas.

Il pose son pinceau et se dirige dans la salle de bains. Il a terminé. Il revient dix minutes plus tard, propre et changé, et vient s'asseoir près de moi. Je ne lui avait jamais dit que les GD se regroupaient, même si je l'ai déjà emmené sur le toit.

_ Dis-leur de se réunir autre part. Sois prudente.

_ Tu me connais, dis-je en riant.

_ Justement... Ne joue pas à la casse-cou et reviens-moi entière.

Je m'assieds sur lui à califourchon et le serre dans mes bras. Il a l'air inquiet, encore plus que quand il revient du travail. C'est de pire en pire, il rentre tard, souvent dépassé par ce qu'il a entendu en réunion. Il ne me dit pas tout, mais hier matin, avant de partir au travail, il a fouillé l'appartement en entier, et quand je lui ai demandé ce qu'il faisait, il m'a juste répondu qu'il regardait s'il n'y avait pas de micros ou de caméras.

Déficients [TOME 1 & 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant