Chapitre 23.

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_ TRIIIIIIIIIIS ! JAIIIIIIIII !

Je me retourne juste à temps pour entrapercevoir une tornade de cheveux bruns avant de tituber sous une étreinte particulièrement passionnée. Quand la fille s'écarte, je reconnais Angelina. Elle a une vilaine cicatrice qui barre son sourcil et un bras en écharpe, mais reste belle. Son cri a attiré les curieux, et bientôt Ryan nous rejoint, étonné et choqué, alors qu'Angelina saute dans les bras de Théodore.

_ Bordel, vous êtes en vie ! Vous étiez où ?

Je hausse les épaules tandis qu'il me fait la bise et me tape dans le dos. D'autres silhouettes connues se pressent vers nous et tout le monde se bouscule pour voir les arrivants. On nous serre la main, on nous demande des nouvelles, on accepte les étreintes. Un groupe de mômes s'attroupe derrière la grille, craintifs, comme si nous étions des animaux sauvages.

_ Putain, c'est bon de vous revoir ! On a cru que vous y étiez passés, crie Angelina. Il faut tout me raconter, mais avant, on va vous débarrasser de toutes vos affaires et de cette crasse abominable !

Je ris un peu et agrippe mon sac à dos fermement.

_ Vous êtes tout bronzés ! On a cru que vous étiez en mission mais Luis a dit que non, que vous étiez partit de votre plein gré le jour de l'attentat de Chicago.

Ils n'ont pas oublié la date. Et à ce que je vois, ils n'ont pas additionnés deux et deux.

Je secoue la tête, soulagée, tandis que les Audacieux se chargent de remettre nos armes en remise et que des Altruistes débarrassent le minibus. Je me dirige directement vers les douches avec Hazel, complètement fatiguée, en songeant avec bonheur au repas dans le self et à un lit moelleux, au chaud. Je me mets avec bonheur sous le jet presque brûlant et me lave partout, plusieurs fois, savourant enfin l'odeur du gel douche et du shampooing après des semaines de savon qui asséchait ma peau.

_ On a entendu que vous étiez de retour !

La porte du vestiaire claque à nouveau en apportant un courant d'air glacial, et je m'enroule un peu plus dans ma serviette quand Lya, Lola et Angelina entrent. Cette dernière a une pile de vêtements propres sur son bras valide, je la remercie d'un signe de tête. Elles attendent toutes des nouvelles, le récit de notre aventure, mais j'en suis incapable. Parler de ça reviendrait à faire ressortir tout ce que j'essaie d'enterrer depuis le soir de la plage à Savannah.

_ Comment tu t'es fait ça ? Lui demandé-je.

_ On a été attaqué, grimace la brune. On a donné des fusils aux Érudits - ils sont nazes au tir, mais on a pu repousser l'armée.

Je frissonne d'horreur.

_ Je ne sais pas ce qu'ils voulaient, mais ils m'ont presque arraché le bras avec une kalachnikov, ces fils de pute !

_ En attendant, on va aller bouffer, dit Lya en calmant Angelina. Je suis sûre que Luis voudra savoir où vous étiez.

Deux tables ont été assemblées par des gens qui veulent vraisemblablement être aux premières loges pour le grand récit. Je soupire, garnis mon plateau que je dévore presque tellement ça faisait longtemps que j'en rêvais. Nos repas étaient toujours sommaires, même dans notre petit appartement, parce qu'aucun de nous n'était un grand cuisto.

Un vacarme pas possible envahit soudainement le self, et toutes les conversations s'éteignent presque en même temps. Théodore monte sur une table et jette la casserole sur laquelle il a tapé. Elle atterrit par terre avec un bruit mat qui résonne quelques secondes.

_ Nous ne parlerons pas publiquement de ce que nous avons fait, du moins pas maintenant, crie-t-il. On a fait des milliers de kilomètres dans ce pays pendant trois mois... C'était la misère, presque tout a été bombardé.

Déficients [TOME 1 & 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant