Good bye

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Mon portable indique 3h36. Je n'ai toujours pas fermé l'oeil.
J'entends des pas. La porte de Taylor s'ouvre, il se dirige vers la chambre ou j'essaie de dormir. Il ouvre la porte de ma chambre et comme si tout était normal, il s'allonge à côté de moi, me prend dans ses bras et se rendort.
Serait-il somnambule ?

Emilie : Taylor ?

Je tente de le réveiller mais sans grand succès. Il est vraiment endormie.

...

L'alarme de mon portable retentit. Comme Taylor est toujours accroché à moi, j'allonge le bras comme je peux pour éteindre la sonnerie.
J'ai dû dormir deux heures au grand maximum. Je n'ai pas besoin d'aller me regarder dans le miroir pour savoir que j'ai des énormes cernes sous les yeux.
Mon humeur est en accord avec le temps : triste. Aujourd'hui la météo annonce de l'orage. Il fait très chaud et c'est pluvieux.

Taylor : Merde qu'est ce que je fais là ?

Étant absorbée dans mes pensées en regardant par la fenêtre, je ne me suis même pas rendu compte que Taylor s'était réveillé.

Emilie : Tu es somnambule.

D'habitude j'aurais rigolé en disant ça, mais là mon ton est très monotone.

Taylor : Oui mais toi, qu'est ce que tu fais là ?

Emilie : Je n'arrivais pas à dormir.

Il hoche la tête et se lève tranquillement.

Taylor : Va prendre ta douche, je vais préparer le petit déjeuner.

Emilie : Pas la peine, je n'ai pas faim.

Il me regarde avec des yeux noirs et répète la même chose avec un ton plus autoritaire.

Taylor : Va prendre ta douche, je vais préparer le petit-déjeuner.

Je lève les yeux et capitule. Je ne veux pas rajouter une dispute à un enterrement.
Je disparais vers la salle de bain.
Ce matin je décide de prendre une douche assez froide pour essayer de réveiller ma peau, et particulièrement celle de mon visage.
J'enfile la petite robe noire de Lilou qui me va toujours aussi bien.

En me regardant dans le miroir, je remarque que les poches sous mes yeux sont plus grosses que prévu. Exceptionnellement j'applique une couche de correcteur pour paraître présentable. Je ne tente pas le mascara car je sais que je vais pleurer.
J'enfile des chaussures noires légères mais fermées.

En entrant dans le salon, Taylor mange avec le regard dans le vide. Heureusement pour moi, il n'a pas fait un petit-déjeuner copieux et extravagant.
Aucun mot n'est échangé pendant ce repas d'à peine 5 minutes. Je le vois filer dans sa chambre puis je me retrouve seule  dans cette immense pièce. Je n'ai rien à faire alors je fais la vaisselle en fredonnant une chanson.
Autant dire que je me prépare psychologiquement à rencontrer Lydia, mais aussi à dire au revoir à Lilou.
J'ai l'impression de regarder mon portable toutes les trente secondes. Je suis tellement stressée. Et je sens cette boule de tristesse qui monte de ma gorge.

Aux alentours de 10 heure je vois Taylor sortir de sa chambre en costume. Autant dire qu'il est magnifique.

Taylor : Tu es prête ?

J'hoche la tête de gauche à droite. Je retiens mes larmes.
Il s'approche et me prend la main.

Taylor : Il faut qu'on y aille sinon on va être en retard.

Je le suis.

...

L'église est petite mais déjà bondée. Je repère rapidement Lydia. Elle ressemble beaucoup à Lilou. Elle est en train de remercier des amis et de la famille d'être venue. Elle est bien sûr en larme comme moi.
Je m'approche timidement d'elle. Taylor me suit avec une certaine distance derrière moi.

Emilie : Bonjour je suis Emilie.

Je me tend ma main pour serrer la sienne, mais au lieu de serrer la mienne elle me prend dans ses bras.

Lydia : Merci beaucoup d'être là.

Nous discutons pendant un petit instant puis elle me montre la place au troisième rang qu'elle a réservé pour nous.

...

La cérémonie est passée. Autant dire que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, et je continue d'ailleurs de pleurer. J'ai pu dire au revoir à Lilou. J'ai délicatement posé ma main sur son cercueil et j'ai regardé la photo d'elle posé dessus.
Je suis repartie dans les bras de Taylor. Je ne pouvais plus rester debout. C'est comme si au moment où je disais au revoir à Lilou, une partie de moi partait avec elle.
Je pensais qu'on était supposé se sentir soulagée après l'enterrement. Ce n'est pas le cas pour moi. J'ai l'impression en ce moment même de réaliser qu'elle est vraiment partie. Je ne la reverrai jamais.
Lydia m'invite chez elle, pour un moment avec les proches de Lilou, mais je refuse poliment prétendant avoir un mal de tête.
Taylor me retient jusqu'à la voiture.
Je ne me souviens pas du trajet en revenant à l'appartement.

Taylor : Ma mère n'est pas là, on est tranquille pour la soirée.

Pour l'instant je n'en ai rien à faire que sa mère soit là ou non.
Je ne sais pas ce que je dois faire maintenant...
Est ce que je suis censée reprendre ma vie comme si de rien n'était ?

Taylor revient de sa chambre et me tend des vêtements.

Taylor : Enfile ça, rejoins moi dans la chambre de ma mère.

Il veut pas que je fasse du sport maintenant quand même ?
J'obéis parce que de toute manière je n'ai pas la force.

Quand j'arrive dans la salle de sport il est déjà prêt.

Emilie : Je suis vraiment obligée de faire ça ?

Taylor : Oui.

Il m'aide à enfiler les gants de boxe.

Taylor : Défoule toi.

Je ne me fais pas prier. Je mets toute l'énergie qu'il me reste dans ce foutue sac. Je frappe, je pousse, je m'énerve dessus. Au bout d'un moment quand je commence à ne plus avoir de force, je me rend compte que je pleure. Ce sont des larmes de colère. J'ai l'impression d'être en colère contre le monde entier.
Je frappe une dernière fois dans le sac et je m'arrête. Je n'en peux plus.
J'enlève les gants, et m'essuie disgracieusement les joues. Je suis fatiguée de pleurer depuis ma rupture d'anévrisme.

Taylor : Viens je vais te donner un remontant.

Je le suis transpirante jusqu'à la cuisine où il me propose un shot.

Emilie : Vraiment ?

Il hoche la tête.
Je l'avale cul sec sans réfléchir.

Amoureuse mais rêveuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant