Laisse toi aller (T2)

#17 Hailey

Mon cœur tambourine dans ma poitrine mais étrangement, j'ai l'impression qu'il s'est aussi logé dans mon crâne et qu'il lutte pour en sortir. Ma migraine est atroce mais elle n'est rien comparée à la douleur qui se loge dans mon torse. J'ai chaud et je peine à retrouver une respiration régulière. Putain de cœur de merde.
Je titube vers la porte coulissante menant à la terrasse, Dieu merci elle est ouverte. Avant que je puisse atteindre le balcon, une fille de mon âge m'attrape le poignet :

- Excuse moi, tout va bien ? Me demande-t-elle.

Super, je dois avoir une tête à faire peur.
Je suis étonnée qu'on se soucie encore des gens qui nous entoure dans ce genre de soirée mais honnêtement, je n'ai ni le temps ni l'envie de faire un brin de causette alors je hoche vivement la tête et me précipite dehors.
Aussitôt, l'air frai me détend, la chaleur était trop oppressante à l'intérieur. Combinée à l'alcool et à une activité physique, rien d'étonnant à ce que les symptômes aient refait surface. Quelle imbécile j'ai été.
Je décide de m'allonger sur le dos sur les dalles froides, seule moyen que je connais afin de calmer mes crises lorsque je n'ai pas de remède à porter de main. De longues minutes s'écoulent avant que la douleur ne s'estompe légèrement. Il faut absolument que je rentre à la maison prendre un cachet avant de perdre connaissance devant tous les invités, ce qui est hors de question.

- Putain, t'es là ! Gronde une voix au dessus de moi. Qu'est ce que tu fous par terre ?

J'ouvre un œil et aperçoit Samy au dessus de moi, le visage totalement alarmé. Bon Dieu, je me redresse sur mes coudes et observe le spectacle qui n'est pas du tout déplaisant. L'inquiétude lui va à ravir. Avec sa casquette portée à l'envers et sa mâchoire crispée, il ferait fuir n'importe quel opposant par sa simple prestance.
Mince alors, même à l'article de la mort je trouverai un moyen de baver sur l'inaccessible ? Je suis pathétique.
Je me redresse péniblement tandis qu'il s'accroupit près de moi. J'ai dû m'asseoir trop vite car le paysage tangue autour de moi.

- Tiens, bois un peu, ça te fera du bien, me dit-il en me tendant un verre d'eau.

Je le vide d'un trait et m'essuie la bouche du dos de la main. Super sexy.

- Tu vas me parler oui ou merde ?

Sam commence à s'énerver et c'est pas bon signe. Mais je suis vidée de mes forces et j'ai toujours de la vodka dans le sang, alors autant vous dire que faire un monologue sur ma situation actuelle n'est pas dans mes projets.

- Je suis fatiguée, je me contente de lâcher en plongeant mon regard dans ses yeux sombres rempli d'une délicatesse dont lui seul a le secret et qui fait rarement son apparition.

- Bordel de merde, je savais que tout ça c'était une mauvaise idée, bougonne-t-il.

Je baisse la tête honteuse mais il me caresse la joue tendrement avant de mettre un bras autour de ma taille.

- Allez, on décolle !

J'entoure son cou de mon bras libre et tente péniblement de me remettre sur pied. Mes palpitations ont repris de plus belle, j'ai l'impression que mon corps peut lâcher à tout moment. Mais c'était sans compter sur la détermination de Samy qui raffermit l'emprise autour de ma taille et me soutient jusqu'au bas des escaliers du perrons sans le moindre efforts. Ainsi nichée près de son torse, je me sens ridiculement minuscule et fragile mais aussi étrangement rassurée.

- Je suis garé à quelques minutes de là, je vais chercher la voiture et t'en profites pour appeler Faith. Elle t'accompagnera chercher la tienne demain, t'es pas en état de conduire, me dit-il froidement.

Je n'ai pas l'énergie pour argumenter et je crois que de toute façon il ne m'aurait pas laissé le choix. Les muscles de son dos roulent sous son tee-shirt tandis qu'il se dirige vers le gigantesque portail.
Je compose le numéro de Faith et tombant sur le répondeur, je remercie le Seigneur. Je laisse un message que je veux le plus réconfortant possible puis raccroche et m'assois en bas des marches. Quelques secondes plus tard, mon téléphone vibre dans ma poche. Bien sûr, c'était trop beau pour être vrai !