Laisse toi aller (T2)

#28 Samy

Qu'est ce qui m'a pris d'accepter une proposition pareille ? Je me donnerai des claques. Ça fait 3 heures qu'on tourne dans cet immense centre commercial à la recherche du parfait costume dont le prix ne dépasserait pas mon faible budget. L'année dernière, j'aurai pu emprunter celui de Nate mais désormais je le dépasse de quelques centimètres et la boxe m'a fait prendre en masse. Je ressemblerais à un clown. Voilà donc pourquoi je passe mon samedi à arpenter les allées des magasins alors que je pourrais être à la salle ou mieux encore, tranquillement en train de jouer à la play avec mon meilleur pote.

- Tu dois vraiment l'apprécier, fais remarquer Nathan tout en me tendant un ensemble gris anthracite.

- Essaie de dire non face à ses grands yeux suppliants. C'est peine perdue, mon pote. Elle me rend trop faible, je soupire pour la centième fois au moins depuis qu'on a atterri ici.

- Elles sont notre talon d'Achille, mec. On peut rien faire face à leurs caprices, il rit.

- Je ne peux que confirmer !

Enfin, je crois tomber sur la perle rare. Le costume me tombe parfaitement sur les épaules, épousant ma musculature. La chemise blanche choisie semble de qualité malgré son bas prix, et le pantalon ne remonte pas sur mes cheville comme si je venais de rentrer d'une partie de pêche. Dieu bénisse mon meilleur ami, je vais enfin pouvoir me barrer de cet enfer.

- C'est bon ? Dis moi qu'on le prend, s'il te plait. Mes jours ici sont comptés, j'ai pas envie de les passer à faire le tour des rayons hommes ! Geint Nate à travers le rideau de la cabine d'essayage.

- Cesse donc de pleurnicher, c'est bon on va à la caisse !

- YEESSSSS !

J'éclate de rire en l'entendant hurler sans complexe entouré des autres clients. Ce type est vraiment à l'ouest. Je me rhabille, règle mes achats et enfin, nous sortons à l'air libre.

- Mec j'ai vraiment cru qu'on allait y rester. Comment elles font pour passer des journées entières à faire ça ?

- J'en sais strictement rien, je réponds sincèrement. Cherche pas, c'est tout bonnement incompréhensible !

Il cherche une réponse adéquate mais est interrompu par son téléphone qui sonne. Je devine tout de suite au ton de sa voix qui se trouve au bout du fil. Chaque fois que je l'entends parler avec elle, je me fais la même remarque. Cet imbécile est vraiment tomber sur la femme de ses rêves, et pour la première fois, je ne ressens aucune une pointe d'envie logée au fond de moi. Non, cette fois-ci je me contente seulement d'être heureux pour lui. Parce que cette source de bonheur, je l'ai trouvée moi aussi. D'ailleurs, il est temps pour moi d'aller la rejoindre, de toute façon je crois que lui aussi est attendu.

Je lui promets un match de foot demain, avant son départ pour Monaco (là où se trouve son centre de formation) et me dirige vers l'appartement de Mario. Arrivé à la maison, je m'enferme dans la salle de bain et prends une douche longue et brûlante. Je me savonne rigoureusement avant de me sécher et de m'asperger de mon eau de parfum préférée, celle qui fait flancher Hails à tous les coups. Un coup d'oeil au miroir me fait apprécier ce que je vois. Peut être devrais-je abandonner le dégradé pour porter de nouveau des tresses collées ? Je lui en toucherai deux mots, son avis est celui qui importe le plus. Merde, quel genre de mec suis-je devenu?

Peu importe, je sors de la pièce exiguë et me dirige vers le salon les clés de voiture à la main.

- On peut savoir où tu comptes te rendre habillé comme pour un mariage ?

Je sursaute sous le coup de la surprise. Mario est affalé sur une chaise, une verre de whisky devant lui. Il n'est pas alcoolique mais aime lâcher prise de temps en temps à l'aide d'un petit verre d'alcool. Personne ne peut lui reprocher quoi que ce soit, il n'a jamais eu une vie facile et s'en est sorti haut la main.