Laisse toi aller (T2)

#40 Samy

Plusieurs jours de sont écoulés depuis que Hails m'a foutu dehors et que j'ai prévenu sa meilleure amie de sa grosse connerie. Elle hante mon esprit du matin au soir, j'essaie tant bien que mal de me changer les idées mais rien n'y fait. Je n'ai fait que errer entre le club et le sous-sol de Nate. Ce dernier à ameuté tout le quartier si bien que Ryan, John et Travis se sont joint à la petite réunion. En vérité, ça me fait plaisir que les gars répondent présent au moindre pépin. Je me sens chanceux. Aujourd'hui, ma mère m'a demandé des nouvelles de Hailey et quand est-ce qu'elle reviendrait manger à la maison. Même mon père a tendu l'oreille et esquissé un sourire timide. Ça m'a presque achevé. Alors j'ai fait ce que je sais faire le mieux, je n'ai pas répondu et j'ai fuit mes problèmes.

Me voilà encore à broyer du noir mas cette fois, en bonne compagnie. Ryan a même ramené une bouteille et Travis quelques joint. D'habitude je ne touche jamais à ces merdes là mais ce soir déroge à la règle, j'ai envie de planer comme lui.
Je tire une bouffée et ferme les yeux douloureusement. J'ai besoin d'oublier, de me retrouver sur une autre planète et de ne pas penser au trou béant qu'elle a laissé dans mon coeur.

- Si on m'avait dit qu'une meuf te mettrait dans cet état, se moque gentiment Travis en me regardant goûter à ses vices.

- C'est pas n'importe quelle meuf, c'est la mienne, je m'entends répondre d'un ton las. Enfin c'était, je rajoute tristement.

Je sens le regard compatissant de Nathan sur moi, ça m'exaspère. Je n'aime pas être dans cette situation, je ne contrôle rien et je fais pitié à mes amis par dessus le marché.

Enfoncé dans son fauteuil en cuir, il avale une gorgée de whiskey coca. Nate est comme moi, il ne trempe plus dans aucun excès mais de temps à autre il se laisse aller tout en sachant respecter ses limites. Et puis il rentre la semaine prochaine en France, alors il profite un peu.

- Enfin pour le coup, tu ne peux t'en prendre qu'à toi même, lâche John sans prévenir.

Décontenancé je me tourne vers lui, cherchant à savoir s'il est sérieux ou non. Avachi dans un pouf noir, il fait tourner sa bière dans un sens puis dans l'autre, comme si ses paroles ne venaient pas de me retourner l'estomac.

- Je te demande pardon ?

Il se redresse et plante ses pupille dans les mienne. Il a l'air réellement remonté contre moi alors que je n'ai rien fait.
- Avec tout le respect que je te dois, tu m'as franchement l'air d'un sacré imbécile.

Nathan, Ryan et Travis qui jouaient une partie de billard se retournent vers lui d'un seul homme.
Je le fusille du regard.

- Qu'est ce que tu connais aux relations amoureuses toi ? Je rétorque d'un ton mauvais.

John sourit d'un air suffisant et je me retiens pour ne pas lui sauter dessus. Je ne sais pas ce qu'il raconte Mais s'il a pour objectif de me faire peter un câble, il est sur la bonne voix.

- Ce n'est pas parce que je ne vous en parle pas que je suis novice. Vous ne savez de moi que ce que je veux bien montrer, bref, ça ne change rien au fait que tu l'as quitté au moment où elle avait le plus besoin de toi.

- Il a pas tort, constate Nathan.

A son tour, je le foudroie du regard. Dans quelle équipe est-ce qu'il joue ?

- Bien sûr que j'ai pas tort, reprend John calmement avant que j'ai pu glisser quoi que ce soit. Elle traverse un moment plus que difficile et toi tu t'es dépêché de t'engouffrer dans la porte qu'elle a entrouverte alors que tout ce qu'elle voulait c'était que tu lui prouves que t'avais les épaules pour encaisser. Évidement qu'elle allait te tester, tu crois qu'elle veut d'un froussard à ses côtés ?

Un silence s'abat dans la pièce, je les observe chacun leur tour, attendant une bouée de sauvetage, une aide, une main tendue. Mais rien ne vient, l'absence de commentaire en dit long.

- C'est ce que vous pensez tous ? Que j'ai été lâche ? Je glisse doucement.

Ryan pose la queue en bois et vient s'assoir à côté de moi sur le divan.
Il crois les bras et allonge ses pieds sur la table basse prenant un air songeur, fixant un point invisible sur le sol.

- Je pense que t'as pas voulu mal faire, mais notre Johnny marque un point. Quelle genre de nana voudrait d'un mec qui hésite et prend ses jambes à son cou au premier obstacle ? Enfin merde, j'ai pas à te dire quoi faire mais tu vois l'un de nous claquer la porte de la façon dont tu l'as fait ?

Nathan acquiesce d'un air entendu.

- Apprends de mes erreurs mon pote. Aujourd'hui, Ashley me mettrait le couteau sous la gorge que je ne quitterai pas le navire. Enfin, peut être que j'y réfléchirai un peu, sourit-il. Enfin bref, je pense qu'on est tous d'accord là-dessus.

Ça fait beaucoup à digérer mais au fond de moi, je sais qu'ils ont raison. Quelle me foute à la porte m'a blessé mais je peux comprendre sa réaction avec du recul. Je n'ai pas su me montrer à la hauteur et j'ai honte. Je me suis comporter comme une mauviette et Hailey ne mérite pas ça. Elle mérite que je me donne corps et âme dans notre relation et surtout que je lui tienne la main à chaque épreuve de la vie sans jamais la lâcher.

- Merde, je marmonne l'esprit ankylosé par l'alcool et le joint. J'ai vraiment merdé, hein ?

- L'avantage c'est que tu t'en rendes compte maintenant, lâche Travis avec légèreté.

- Bon, en attendant que Sam retrouve ses esprit et se décide à aller sauver les vestiges de son couple, tournoi FIFA ? Demande John tout sourire.

Je le déteste. Je m'enfonce dans le canapé et ferme les yeux, j'ai la tête qui tourne, je me sens vide. Le problème c'est que le même visage angéliques invite toujours sous mes paupières. Je me sens doucement sombré en l'imaginant me prendre dans ses bras et me faire oublier ces derniers jours misérables.

- Sam, crie une voix. Sam, debout, il est midi passé !

J'ouvre l'oeil droit, puis le gauche pour apercevoir Nathan penché à quelque centimètres de mon visage, l'air exaspéré.

- Ne met pas ta tête aussi prêt, je recule vivement. Tu veux me tuer ou quoi ?

Il rigole et continue de ramasser nos déchets de la veille. Je me redresse et me frotte le visage. J'ai mal au crâne à cause de mes conneries d'hier mais étrangement, j'ai les idées clairs. Je sais ce que j'ai à faire aujourd'hui. Je compte bien réparer mon erreur monumentale.

J'aide Nathan à finir de ranger puis attrape ma veste et enfile mes baskets rapidement.

- Alors ça y'est, t'as pris ta décision ?

Il se poste devant moi torse nu, un sac poubelle à la main et un grand sourire jusqu'aux oreilles.

- Range moi tes 1001 dents là, tu savais très bien que ce n'était qu'une question de temps.

Il me donne un coup de poing dans l'épaule et éclate de rire.

- Je ne pensais pas que tu tiendrais autant de temps. T'as une fierté sacrément mal placée.

- Oh la ferme, je réplique bon enfant.

- Allez traîne pas, t'as du boulot !

Je promets de l'appeler quand tout le merdier sera rentré dans l'ordre (s'il rentre dans l'ordre) puis prends mes jambes à mon cou. Je pu la transpiration, l'alcool et le tabac, un rat ne voudrait pas de moi.
Je rentre à l'appartement et prie pour ne pas croiser Mario. Heureusement pour moi, il est déjà à la salle, je l'affronterai lui et ses remontrances plus tard. Je prends une douche longue et brûlante et je sens mes pensées s'éclaircir.