Laisse toi aller (T2)

#26 Samy

Putain de merde. J'ai pas entendu mon réveil sonner et je devrais être à la salle depuis une demi heure déjà.
Mario va me tuer.
Je sais pertinemment qu'il m'a entendu rentrer hier soir, et, le connaissant, il va me le faire payer durant l'entraînement mais pour rien au monde je ne regretterai ma soirée d'hier soir. Mes lèvres esquissent un sourire à son simple souvenir. Les mains de Hailey autour de mon cou, son odeur fleurie, la douceur de ses boucles qui glissent entre mes doigts ...
Ok, j'ai besoin d'une douche glacée. Je glisse hors du lit, et entre dans la salle de bain étroite. L'appartement de Mario n'est pas luxueux mais il est suffisant pour nous. Et puis, je n'ai pas grand chose à dire étant actuellement sans domicile. À cette pensée mon coeur se serre, il faut que je retourne chez moi, ma mère et ma fratrie me manquent. Mon père aussi, mais je sais qu'il attend un réel changement de ma part avant de pouvoir passer l'éponge sur mes déboires passés. Et j'ai envie de Le rendre fier au moins une fois dans ma vie. J'ai envie de tous les rendre fier, et pour la première fois, une petite tête blonde se glisse dans le paysage. L'idée de la décevoir elle aussi me retourne l'estomac.
Songeur, je laisse couler l'eau jusqu'à être totalement serein. Si je veux me rattraper auprès de mon entraîneur, il faut que je sois concentré à 1000%. Lorsque je me sens enfin en paix, je sors de la cabine et attrape une serviette. Rapidement, je me sèche et enfile un survêtement noir. Mon sac préparé avec soin la veille m'attend sagement dans l'entrée.

Lorsque je me rends à la salle, Mario furax m'attends près d'un sac, comme s'il savait à quel moment précis j'allais franchir les portes. Il ne pipe pas un mot et me désigne les vestiaires d'un signe de tête. Aujourd'hui, je vais souffrir.

Mario ne desserre pas les mâchoires de toute la matinée. Ses yeux me lancent des éclairs à chaque mauvais pas que je commets, à chaque erreur que j'ai le malheur de faire. Mais ça ne me dérange pas. J'aime lorsque c'est intensif, quand je n'ai pas d'autre choix que de donner tout ce que j'ai au fond de moi. J'ai l'impression de faire quelque chose de productif, d'avancer et surtout, je sais pourquoi Mario me maltraite autant. Il est persuadé que j'ai du talent, et avec la compétition il ne m'autorisera plus aucun écart de conduite.
Lorsqu'il relâche la pression, quelques heures plus tard, je suis à bout de force. Le moindre de mes muscles me fait atrocement souffrir.

- Va te doucher, tu sues comme un bœuf, me fait aimablement remarquer mon entraîneur.

Je m'échappe le plus vite possible avant qu'il ne change d'avis et file au vestiaire. L'eau chaude apaise mon corps endolori mais m'habiller sera une torture. Pourtant, je sais qu'il faut que je redouble d'efforts et d'intensité durant les entraînements qu'il me reste avant mon prochain match qui a lieu dans moins d'une semaine.
Lorsqu'enfin mon odeur corporelle s'apparente à celle d'un être humain, je sors de la salle et me dirige vers le parking avec une seule idée en tête : trouver un peu de douceur et de réconfort. Assis au volant, je sors mon téléphone, et comme si le diable s'acharnait, numéro de Rose s'affiche à l'écran. Indécis je le fixe de nombreuses minutes, non pas parce que j'ai envie de répondre, mais bien au contraire parce que j'ai pris ma décision et qu'elle est en droit de savoir.
Je décide de remettre à plus tard notre discussion et compose le numéro qui m'était venu à l'esprit en premier lieu.
Une voix douce et joyeuse que je connais bien se fait entendre à l'autre bout du fil et je ne peux m'empêcher de sourire.

- Salut toi ! Me charme-t-elle de sa douce voix.

- Salut toi ! Je réponds comme un idiot. Je sors de l'entrainement, il me faut un massage.

Elle rigole à l'autre bout du cabinet.

- Je ne suis pas masseuse à domicile !

- Non, t'es ma copine.

Merde ! Je cogne mon front contre le volant pour me punir de ma connerie. Putain, ça sort d'où ça encore ? J'ai envie de balancer mon téléphone à travers le pare-brise. Un silence suit ma phrase, et je stresse comme un gosse. J'entends Faith lui demander quelle bêtise j'ai encore raconté, et pourquoi Hailey rougit. Tout ça ne me dit rien qui vaille.