Laisse toi aller (T2)

#15 Hailey

Je suis tendue. Et comme à mon habitude, pour évacuer le stress, j'astique ma chambre de fond en comble. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à ordonner. Résignée, je m'assois sur le lit et attends patiemment que mes parents arrive enfin.
Nous mangeons au restaurant ce soir pour que je résume à mes parents mon entrevue d'hier. Je n'ai pas eu le courage de le faire hier soir en rentrant et dans ma famille, chaque prétexte est bon pour une réunion familiale alors un rendez vous chez le cardiologue, c'était du pain béni.
Enfin, mon téléphone vibre annonçant leur présence sur le parking. Je lisse ma robe blanche et vérifie mon reflet une dernière fois dans la glace. Mes cheveux sont raides comme des baguettes, merci le sèche cheveux ultra moderne que mère m'a offert me faisant gentiment comprendre que mes boucles
n'étaient pas à son goût, et mon maquillage discret ne s'est pas évaporé malgré le stress.
La Mercedes de mon père garée face à la résidence rutile, il en prend soin comme la prunelle de ses yeux. Je souris tout de même, heureuse de les voir même si j'appréhende ce dîner.
Ma mère à la teinture blonde impeccable tourne sa tête vers moi et m'envoie un baiser de sa bouche peinte en rouge vif.

- Comment va mon petit amour ?

Je ris en l'entendant m'appeler ainsi, me rappelant ma tendre enfance.

- Plus si petit que ça, je lui rappelle.

Elle agite sa main ornée d'une multitude de bijoux comme si ce que je venais de lui dire n'avait aucun sens.
Mon père s'engage sur la route après avoir rouspéter une bonne dizaine de fois contre "ces jeunes conducteurs imprudents", et ce n'est que le début de la soirée.

- Si on pouvait dîner près du campus papa, ça serait le top ! Je suis un peu fatiguée.

- Ça tombe bien, ta mère nous a dégoté un charmant restaurant à quelques rues d'ici, me répond-il avec douceur.

Je croise son éternel regard bienveillant dans le rétroviseur et mon cœur se réchauffe immédiatement. Mon père, mon héros à moi, celui qui me rassure en tout temps.
Je me tais le reste du chemin, n'ouvrant la bouche que pour répondre aux questions de ma mère qui, elle, n'arrête pas de jacasser. Je sais qu'il faut que je me montre plus patiente et plus compréhensive avec elle, elle ne fait que profiter des rares moments qu'elle peut passer en compagnie de son unique fille. Mais à ce moment précis, je veux juste me préparer mentalement à la bombe que je dois lâcher et pour cela j'ai besoin d'un peu de silence.
Comme toujours, les exigences de ma mère nous font atterrir dans des endroits qui valent le détour.
Cette fois ci, nous débarquons dans un petit restaurant avec du caractère. Le décor est charmant : des lustres discrets ornent le plafond arabesque, des guirlandes de lumières habillent les murs qui sont peint d'un doux orange rosé et au milieu de la pièce principale trône une petite fontaine en pierre ce qui rend l'endroit presque magique.

- Ouah, maman ! Tu nous a trouvé une perle rare ! Je m'exclame, ébahie.

- N'est-ce pas ?

Elle est toute fière et je la sens plus enthousiaste que d'habitude. Quelque chose se trame, j'en suis persuadée.
Tandis que l'on nous guide vers la table, je questionne mon père.

- Qu'est ce qui lui arrive à maman ? Je chuchote.

- Elle a une annonce importante à te faire, me répond-il sur le même ton.

J'ai un mauvais pressentiment.
Nous prenons place autour de la table, mes parents face à moi. Ma mère ne tient pas en place, on dirait une gamine la veille de Noël.

- Bon, crache le morceau, je lui dis en souriant.

Elle croise les mains sur la table et regarde mon père qui lui fait un signe de tête encourageant.