Laisse toi aller (T2)

#35 Samy

Je crache un filet de bave ensanglanté. Je sais que c'est plus impressionnant que ça n'est vraiment grave. J'essuie rageusement ma lèvre. Je suis en train de gagner le dernier round, mais Chavez me donne du fil à retordre. J'ai beau avoir une dizaines de match en semi pro à mon actif, c'est un de mes combats les plus difficile mentalement. 

- Sam, lâche rien, bordel. Lève la tête, réfléchis, agis, me hurle Mario derrière le ring. 

Plus facile à dire qu'à faire. Mais très vite je me reprends, il n'y a qu'une chose qui compte : ma volonté. Avance, ne recule pas, je me répète en encaissant et en esquivant tour à tour. Plus je prends les coups, plus je progresse, et plus j'y crois. Le feu qui m'anime durant les entrainement surgit soudain au creux de mes tripes,  me donnant un force titanesque. Et là, je le vois faiblir. Il suffit d'une seule seconde, un court moment imperceptible pour la plupart des spectateur mais pour les mordus de cet art, pour ceux qui se nourrisse de ce sport, nous savons. Nous l'avons vu, et je fonce tête baissé dans l'ouverture. A l'uppercut, je sens sa mâchoire craquer et j'aurai presque de la peine mais j'enchaine avec un crochet du droit qui l'envoie au tapis. Toujours tenir sa garde, il aurait dû s'entrainer chez Mario. 

L'arbitre est formel, c'est un KO. Je garde mon titre d'invaincu. Mon entraineur, dans son calme olympien habituel, me sourit et me serre l'épaule d'une poigne ferme.

- Bien joué fiston. 

Lui comme moi savons que cela vaut tous les compliments du monde. Les bains de foule de m'intéresse pas, mais j'accepte de prendre des photos avec plusieurs personnes notamment des enfants auxquels on ne peut rien refuser. Ça me fait toujours bizarre de devoir faire ce genre de chose, mais je dois dire que ça fait parti du jeu. Mario me répète qu'il faut que je m'y habitue, il croit dur comme fer à ma future réussite et ça me touche. 

Après avoir serrer la main à un nombre incalculable de personne plus ou mois intéressés par mon palmarès (dont je ne connaissais pas la moitié), je me dirige vers ma loge et après un étirement rapide, je me douche en vitesse. J'enfile un jogging noir propre et des basket assorties et sors retrouver mon coach en profonde discussion avec ce que je crois être un agent. 

- Il est là mon garçon, s'exclame Mario de sa voix rocailleuse. Sam, je te présente Dave Warren, promoteur de boxe anglaise à LA et dans tout un tas d'Etats, si je ne me trompe pas. 

Le fameux Dave me tend une main chaleureuse. J'avoue qu'il détonne un peu avec son costume 3 pièces parfaitement ajusté à sa grande carrure et ses lunettes façon men in black. 

- Enchanté, je dis en tendant ma main a mon tour, qu'il serre avec une poigne énergique.

- De même, me répond-il. Je vais aller droit au but, Samy. Mon métier est d'organiser des rencontres sportives et de trouver des sponsors et ainsi donner un maximum de visibilité. Je suis actuellement à la recherche d'un nouveau talent et tu sembles être le profil parfait. 

Mon coeur fait un bond. Toutes ses années d'entrainement, tous ces matchs remportés, et pourtant pas une seconde j'ai pensé que ce moment rêvé pourrait un jour se réaliser. Je n'ose plus respirer, ni même parlé. Mario à mes côtés sourit de toutes ses dents et me tape dans le dos. 

- Je crois qu'il va falloir qu'on discute un peu, Dave et moi. Sam, va donc rejoindre tes petits copains, je te rappelle demain. 

J'acquiesce sans dire un mot, encore sous le choc. Warren esquisse un petit rire et me salut d'un signe de tête. 

- Je pense que nous ne sommes pas sans nous revoir Samy. Profite bien, les choses sérieuses vont bientôt commencé pour toi. 

- Je... Oui, merci !