Laisse toi aller (T2)

#30 Samy

Depuis que j'ai révélé mon sombre secret à Hailey, notre relation n'a jamais été aussi forte. Je me sens libéré d'un poids qui me pesait et je crois que je me suis complètement ouvert à elle. C'est magique de voir deux âmes se comprendre aussi facilement, tout est plus simple lorsqu'elle apporte son rire ou sa joie de vivre.

Seule ombre sur le tableau, la douloureuse impression qu'elle me cache quelque chose. J'ai toujours eu l'instinct pour deviner les intentions des gens, ça m'a évité pas mal de bourbiers. Essayer de lire les pensées et deviner lorsqu'on voulait me rouler dans la farine a presque toujours fonctionné. Et peu importe les efforts que je fais, je ne peux pas chasser cet horrible pressentiment. Alors je fais tout pour mettre mon cerveau en sourdine parce que si je dois être totalement honnête, ma vie est devenue un putain de comte de fée et je ne suis pas prêt d'y mettre fin. Les moments que je partage avec Hails sont ponctués de fou rire et de câlins plus ou moins innocents, son odeur est devenue ma drogue et sa bouche mon opium.

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis l'épisode du Gala. On a préféré passer au dessus, son père n'est pas près de m'accepter mais Hailey ne semble pas vouloir s'en formaliser. J'ai déjeuné une ou deux fois avec sa mère qui est beaucoup plus ouverte d'esprit mais là encore, le combat est loin d'être gagné. Elle semble accroché à sa fille comme à une planche de salut. Je ne saisis pas très bien l'étendu de leur proximité ni pourquoi elle est aussi protectrice avec sa fille mais je suis arrivée à un stade où tout m'est absolument égal tant que cela ne se met pas en travers de nous.

Il est vrai que je ne me reconnais pas, mais étrangement, ma vie se transforme peu à peu en celle dont j'ai toujours rêvée. Aux entrainements, je suis plus sérieux que jamais et remporte tous mes combats, ce qui fait de moi l'invaincu de ma catégorie. Mario n'en revient pas, moi non plus d'ailleurs. Voir Hailey aussi proche de ses parents m'a donnée envie de travailler sur ma relation avec les miens, et le jour de noël s'est déroulé presque sans accrocs. Hailey avait raison, mon père était heureux de me revoir mais bien trop fière pour l'avouer. Maya, trop jeune pour comprendre la situation avait les yeux pétillants en ouvrant la porte d'entrée. Avec l'argent que j'ai empoché grâce à la boxe, j'ai pu offrir à chacun un joli cadeau. Je sais que cela ne rachètera pas le temps perdu ou mon absence au sein du foyer mais leur faire plaisir m'a fait plaisir. Daryl n'a pas lâché sa nouvelle console et Jamal n'a pas quitté son maillot des Lakers. Ma mère a lâché une larme lorsque mon père m'a offert une accolade amicale et j'ai dû moi même me retenir de craquer devant tant de joie autour de la table. En partant, ma mère m'a emballé assez de plats pour me nourrir durant une semaine et m'a forcé à revenir avant le nouvel an. J'ai bien évidemment accepté, et puisque Jamal a vendu la mèche à propos d'une nouvelle petite amie, j'ai dû promettre de me pointer avec Hails, je tiens trop à la vie pour refuser cet ordre venant de la matriarche.

Voilà pourquoi je me retrouve au volant, sur le parking de la résidence universitaire de ma copine. Il était plus judicieux de se retrouver ici plutôt que d'affronter une nouvelle fois Papa Ours.

Enfin, mon coeur fait un bond. Hailey se pointe telle une fleur au printemps, ses boucles blondes tombant sur son long manteau gris et sa grosse écharpe à carreaux de la même couleur. Sa chemise blanche sans un pli est rentrée à l'intérieur de son slim délavé. Elle est tout simplement adorable.

- Tu es très belle, je la complimente avant de me pencher pour l'embrasser.

Son parfum printanier m'enivre et je glisse ma langue à l'intérieur de sa bouche. Son gout me manque chaque fois que je suis séparé d'elle. Elle répond à mon appel et très vite, je perds le contrôle laissant mes mains se balader sur ses cuisses et ses hanches. Je n'avais pas franchement envie de rejouer la scène de la voiture dans le Titanic (film qu'elle m'a forcé à regarder la semaine dernière) mais ses mains autour de ma nuque me rendent complètement fou.