#8 Samy

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J'observe les cordes qui tombe dehors à travers la fenêtre de la cuisine. Il pleut rarement à LA mais quand ça tombe, la météo ne rigole pas.
Je me dis que si l'eau pouvait faire disparaître mes erreurs passées alors j'accepterai avec joie les dégâts qu'elle cause sur son passage. En attendant, je suis coincé à l'intérieur, les fesses posées sur un canapé qui ne m'appartient même pas, jouissant de la gentillesse et de la générosité de son bénéficiaire pour la simple et bonne raison que je suis un incapable. Incapable de me conduire correctement, incapable d'être digne de la confiance de mon père.
Je me dégoûte.
La télé est un simple bruit de fond couvert par le son de mes pensées. Aujourd'hui je n'ai rien envie de faire. A dire vrai, la pluie me fout le cafard. Le ciel est gris et la journée morose, comme mon existence.
La seule éclaircie qui me remonte le morale en ce moment c'est la perspective de revoir Hailey samedi. Mais c'est là tout le problème, je ne suis pas du genre à me réjouir pour une nana. Non, je n'ai jamais eu de relation et je ne compte pas en avoir de si tôt. Peut être même jamais, alors je préfère mettre mon excitation sur le compte de mon appétit insatiable. Cette très jolie fille me résiste, et j'aime les défis. Aucun doute qu'une fois que j'aurai obtenu ce que je désire, elle n'aura plus aucun effet sur moi.
La seule variable inconnue de l'équation est cette voix persistante dans ma tête que j'essaie tant bien que mal de faire taire qui me pousse à ne pas la blesser et surtout à la protéger.

- Tu comptes camper sur le canap' toute la journée ?

La voix de Mario me fait presque sursauter, je ne l'ai même pas entendu rentrer dans la pièce.

- Qu'est ce que tu veux que je fasse ? Il fait un temps pourri dehors et c'est mon jour de repos aujourd'hui, je te rappelle.

- Ton jour de congé en tant que coach, en tant que futur champion tu dois te tenir à ton entraînement quotidien !

- T'as vraiment décidé de rendre cette journée plus exécrable qu'elle ne l'était déjà ? Je grommelle

Mario s'avance d'un pas pour se poster derrière le fauteuil et m'assène une petite claque derrière le crâne.

- Pose moi ce bol rempli de merde et file à la salle.

Quand Mario emploie ce ton indiscutable il vaut mieux obéir avant de subir des représailles. Je balance le bol dans l'évier et me dirige dans ma chambre pour me changer. J'enfile un vieux jogging gris usé, un sweat de la même couleur et chausse mes Nike.

- A ce soir. Big Boss ! Je crie avant de claquer la porte.

Aujourd'hui, je me rends au club en courant en guise d'entrée en la matière. Je n'ai vraiment aucune motivation dans les pattes, mais le boss n'a pas tort. Le talent ne suffit plus à un certain niveau, il faut travailler sans relâche.
Le Diaz club n'est pas un club très formel, l'esprit qui y règne est très familial ! C'est pourquoi même le dimanche certains habitués s'y retrouvent. Je salue la petite équipe de boxeur et saisis une corde à sauter. Je poursuis mon échauffement avec une série d'abdo. Après ma petite routine je m'attelle à mes bandages. J'enroule mes mains dans une bande fine qui protège mes muscles et m'offre un support additionnel à mon poignet. La tâche accomplie, je m'avance vers les sacs suspendus au dessus du sol.
Immédiatement je me sens beaucoup mieux. Dès le premier coup le même sentiment de satisfaction m'enveloppe et me pousse à frapper plus fort et plus vite encore. Je ne pense plus à rien, concentré sur la musique que jouent mes poing. La boxe a un effet apaisant extraordinaire mais paradoxalement ce sport me donne également la rage de vaincre. Ces sentiments contradictoires rendent ce sport noble à mes yeux.
Au bout de quelques heures d'entraînement et d'un match improvisé, que je gagne haut la main contre un mec de mon âge dénommé Rudy, je sors de la dalle éreinté et dégoulinant de sueur.
La pluie a cessé mais ma solitude ne s'est pas dissipée avec elle. Depuis que mon meilleur ami Nathan s'est tiré en France, mes centre d'occupations se sont littéralement restreints. Ryan est occupé à réviser un partiel et il est trop tard pour que je passe voir mes frères.
Subitement l'image de deux yeux bleus perçants s'imposent dans mon esprit mais je la chasse aussitôt. Je ne sais pas ce que mon cerveau trafique en ce moment mais ce n'est franchement pas le bon timing.
Il ne me reste qu'une option : aller me consoler dans les bras d'une jolie blonde qui ne me dit jamais non.
Je tape le numéro de Rose et patiente le temps qu'elle décroche.

- Sam ? Ça faisait un moment, susurre-t-elle de sa voix mielleuse.

- Ouai pas faux. T'es occupée là ? Je demande abruptement.

- Non, Luke devait passer me prendre mais il a annulé, geint-elle.

Luke est son petit ami officiel depuis que j'ai refusé de rendre public notre relation. Ça fait quelques temps que je fréquente Rose et je sais qu'elle a toujours eu le béguin pour moi. Mais je ne lui ai jamais promis autre chose que ce que je pouvais lui offrir : du plaisir. C'est à prendre ou à laisser et elle a bien trop peur de me perdre pour discuter mes règles. Le fait qu'elle soit en couple ne la gêne pas plus que moi, elle m'idéalise beaucoup trop pour mettre fin à nos rendez vous. Je ne lui ai jamais caché que je voyais d'autres nana quand j'en avais l'occasion et elle ne m'a jamais fait de scènes de jalousie. Sa seule crainte est que je tienne un jour à une fille plus que je ne tiens à elle. Rose n'a pas peur que je couche avec de jolies filles, elle redoute que je tombe amoureux de l'une d'entre elle. Heureusement pour elle ça ne risque pas d'arriver alors elle dort sur ses deux oreilles et moi j'obtiens le peu d'affection dont j'ai besoin sans engagement ou fausses promesses.

- Ça marche, je peux être chez toi sans un peu moins d'une demi heure !

- Je t'attends sagement, me répond-elle en gloussant.

Je raccroche le sourire aux lèvres et trottine jusqu'au parking de l'appartement. Voilà qui rend la journée plus respirable.

Laisse toi aller (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant