Laisse toi aller (T2)

#23 Hailey

20 minutes que je fais les 100 pas dans ma chambre minuscule du campus.

Dois-je lui avouer toute la vérité ? Dois-je continuer à lui cacher ma maladie ? À vrai dire, il a assez de problèmes dans sa vie sans que je lui en rajoute, et puis, si je veux être totalement honnête, ça me plait de savoir qu'il m'apprécie pour moi même. J'ai horreur de la pitié.

Je décide d'y réfléchir plus tard et me concentre sur quelque chose de bien plus important pour l'instant : mon choix de tenue.
Ça fait plusieurs semaines que je n'ai pas eu l'occasion de revoir Sam et j'ai envie de faire bonne impression. Je ne sais pas pourquoi je prête autant d'intérêt à ce qu'il pense, mais ça me tient à coeur. Enfin plutôt si, je sais. J'ai développé de forts sentiments à son égard et je suis désormais condamnée à prêter attention à tout ce qu'il pense ou fait.
Loin de diminuer ce que je ressens lorsque je pense à lui, cet éloignement n'a fait que renforcer mon attachement. Et maintenant, je stresse à l'idée que les choses aient changées entre nous ou qu'il me questionne tout simplement. Ces derniers jours ont été chargés en rendez vous médicaux, allers retours avec l'hôpital, examens scolaires et révisions intensives. J'ai préféré prendre un peu de recul pour pouvoir tout gérer. Cependant, il est clair que ce soir sonne la fin de ma torture. J'ai bien essayé de ne plus penser à lui, son image n'a pas quitté mon esprit tout ce temps.

Finalement, j'opte pour une jupe courte à carreaux, une chemise noire fluide et une paire d'escarpins dans le même ton. Je me maquille légèrement et détache mes cheveux bouclés. Ça devrait faire l'affaire, je songe en me contemplant dans le miroir. Tandis que je m'asperge de parfum, dernière étape de préparation, mon téléphone vibre :

Sam : Suis là.

J'attrape mon long manteau et claque la porte de ma chambre le cœur battant.

Samy m'attend, appuyé contre la voiture, bras et pieds croisés. Mon coeur fait un bond. J'avais oublié à quel point il était canon ! Sincèrement, l'image que j'ai devant moi pourrait sans aucun doute faire partie d'une campagne de pub. Son jean moule parfaitement ses jambes musclées, et sa chemise blanche épouse son torse à merveille. Lorsque je m'approche pour lui faire la bise, mes sens s'éveille immédiatement au souvenir de l'odeur que dégage son après rasage.
Autrement dit, nos quelques semaines de séparation n'auront aucunement eu raison du désir que je ressens pour lui. Super.

- Salut ! Je lance, joyeusement, comme pour chasser toutes les idées dérangeantes qui me traverse l'esprit.

- Salut, répond-il en me souriant.

Ça aussi, mauvaise idée.

- Tu vas bien ? Me demande-t-il, l'air de rien.

- Super et toi ?

- Ça va. On un peu en retard alors en route Simone !

Je m'exécute et nous voilà en chemin.
Les premières minutes se déroulent dans un calme plat. Autant le silence en sa compagnie ne me dérange jamais, autant aujourd'hui je ressens un malaise. Peut être suis-je paranoïaque.

Sam se racle la gorge avant de briser la glace :

- Alors, heu, tu étais plutôt occupée ces dernières semaines, de ce que j'ai pu constater ?

Je déglutit avec difficulté. Il a tous les droits de m'en vouloir, et si j'avais été à sa place, je crois que j'aurai été encore plus amère. Cependant je ne suis pas encore prête à tout lui dire, mais je ne me vois pas non plus lui mentir.