Maman? 2

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Je venais de trouver la raison de son comportement. Maman. Je réalisai que finalement je ne savais rien d'elle, du moins, presque rien. Il avait toujours fait en sorte d'éviter le sujet. Plus petit, je le surprenais parfois dans le salon à regarder la seule et unique photo qu'il nous restait d'elle.

La photo était assez vieille, on y voyait ma mère dans un jardin me portant dans ses bras, alors que j'étais seulement âgé de quelques mois. Un sourire radieux illuminait son visage, elle ne regardait pas l'objectif mais moi, qui tenait entre mes petits doigts potelés une de ses longues et fines boucles brunes. Elle devait rire au moment où la photo avait été prise. Sa chevelure se soulevait légèrement, ce devait être une journée de printemps : les arbres commençaient à fleurir en arrière-plan, le soleil était rayonnant,... Elle portait une robe claire et fleurie qui elle aussi flottait un peu, portée par la brise printanière. Moi, je portais une petite salopette sous laquelle se trouvait un simple T-shirt rayé vert pomme et orange clair. Mon père avait pris cette photo. Mon père avait pris cette photo, et rien qu'en la regardant, je ressentais l'amour qu'émanait de mes parents ce jour-là. Leur amour pour moi mais aussi pour nous, la famille que nous formions tous les trois.

Et qu'étions-nous aujourd'hui ? Je me trouvais seul avec un père qui ne se gênait pas pour me montrer qu'il avait honte de moi. Où était donc passé cet amour ? Je continuais d'appuyer mon coton sur mon œil sans pour autant avoir l'impression que ça ait le moindre effet. Peut-être que la simple douceur de celui-ci apaisait mon cœur, perturbé, mais la douleur, elle, était toujours là. Papa n'allait pas me cacher ce qui s'était passé plus longtemps. J'allais tout faire pour en apprendre plus sur ma mère. Mais mon père n'allait pas apprécier ce sujet de conversation : j'allais m'y prendre doucement, pas à pas. Je posai ma main sur la poignée de la porte, décidé à en savoir d'avantages puis me regardai une dernière fois dans le miroir.

Voilà donc l'image que je lui renvoyais ? Un faible, rien que ça. Je n'étais pas son fils, mais un poids dont il ne pouvait se défaire. Et il n'allait certainement pas accorder de l'importance à un gamin de 15 ans complètement défiguré, et encore moins lui adresser la parole ce soir. Je me résignais donc à mener mon enquête dès ce soir et partis dans ma chambre sans dîner : manger ensembles en face à face allait être aussi désagréable pour lui que pour moi.

Je partis donc dans ma chambre et m'assis sur mon lit, face à ma fenêtre : l'emplacement idéal pour observer le bocal de Dory. J'avais laissé ma chambre dans le noir, laissant la lune se charger de l'éclairer ; le silence régnait sur les lieux, seul le grincement des couverts de mon père sur son assiette le perturbait, de temps à autres. Et je restais là, à la regarder passer et repasser devant sa fenêtre. Elle semblait agitée, ce soir-là. A chacun de ses passages, ses mains étaient remplies de babioles, figurines et peluches en tout genre. J'observais ses étagères se vider au fur et à mesure de ses allées et venues. Peut-être s'était-elle enfin décidée à « redécorer sa chambre un peu trop enfant », comme elle le disait depuis quelques temps déjà ? J'ignorais pourquoi mais j'avais un mauvais pressentiment, quelque chose au fond de moi me disait que Dory n'était pas simplement en train de travailler l'aspect de sa chambre...

Mes yeux, qui commençaient à se fermer il y a quelques minutes, se débarrassèrent alors de toute impression de fatigue. Et s'il ne s'agissait pas que d'une impression : que Dory était réellement sur le point de partir ? Il fallait que j'en aie le cœur net. Je me levai de mon lit et me dirigeai vers la sortie mais vit une trace de sang sur la porte. Ah oui, j'avais oublié : mon visage complètement défiguré. Allait-elle prendre peur en me voyant ou même me reconnaître ?

« Tu te fais du soucis pour rien mon pote. Elle va très bien ta Dory, c'est juste tes blessures qui te font perdre un peu la boule, s'incrusta Poison. Tu devrais te reposer.

- Je ne te force en rien Némo, mais tu devrais te renseigner, sans ça ton sommeil sera agité et comme Poison l'a dit, tu dois te reposer. Et si tu as peur qu'elle ne veuille pas te voir, elle te pardonnera si elle est vraiment ton amie, crois-moi. »

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Qui suivre : Coton ou Poison ? A vous de choisir !

Poison : Lustre & Pasta

Coton : Dauphin de l'espace 2

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