Gary

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2 ans plus tard...

Tous ces souvenirs revenus hier soir en regardant le bocal de Dory, enfin l'ancien bocal de Dory, m'avaient perturbé. Cela faisait deux ans que j'attendais quelque chose sans réellement savoir quoi, mais aujourd'hui j'avais une idée de ce que je cherchais. Il fallait que j'en parle à Gary.

Gary était un garçon de mon âge. Enfin non, il avait un an de plus que moi, mais ça j'ai tendance à l'oublier, vu qu'il a redoublé. Il n'était pas du genre à se frotter aux autres, mais plutôt à rester au fond de la classe à attendre que la journée passe. Au premier regard, Gary était un garçon comme les autres : sweat, jeans et converses étaient ses vêtements de prédilections. Cheveux bruns et yeux noirs, Gary n'avait pas ce « petit truc » dont les filles raffolaient. Mais, ça l'importait peu, en fait ; peu de choses l'importaient finalement. Malgré sa flemmardise et son indifférence générale, il n'était pas quelqu'un de stupide, bien au contraire.

Je l'avais rencontré pour la première fois en cours de physique, cette année. Notre professeure nous annonçait nos résultats, peu contente de nous : l'écart entre la tête de classe et les autres se creusaient d'avantage. En lui rendant sa copie, la professeure demanda à Gary de rester à la fin de l'heure. Sa réaction en voyant sa note de trois sur vingt ? Impassible. La sonnerie retentit et il alla voir la professeure comme convenu. J'avais tout écouté de leur conversation : elle reprochait son manque d'intérêt assumé pour le cours et expliquait son incompréhension envers l'écart entre ses deux dernières notes (quinze points d'écarts, ce n'était pas rien).

Ce qu'il aimait le plus, c'était les étoiles. Passionné de l'espace, il voulait devenir astronome. Alors les techniques d'extractions, ça ne l'intéressait pas vraiment. Alors que je m'apprêtais à quitter la salle, la professeure m'interpela : ce fut à cet instant que je fus mis en relation avec Gary pour la première fois, je devais l'aider à accorder plus d'importance à ce qu'il faisait en classes, en physique, mais aussi dans toutes les autres matières.

Au début, les conversations avaient du mal à démarrer et les silences gênants s'enchainaient. Mais avec de l'acharnement, nous finîmes par bien nous entendre, mais aussi par nous éloigner de notre objectif initial. Nous parlions d'avantage de nous-mêmes et moins des cours, jusqu'à devenir amis. Désormais, nous nous connaissions bien, même s'il était peu bavard, nous nous entendions bien et parfois la parole nous était inutile pour nous comprendre.

Je descendis du bus et vis Gary assit sur un banc juste en face, à regarder les flocons tomber doucement autour de lui. Il ne me vit pas tout de suite, c'est après que je lui aie fait un geste qu'il me remarqua. Il me rejoignit et m'adressa un léger sourire, avant de me faire une accolade. Sans même avoir à me regarder, il déclara rieur :

« Toi, t'as quelque chose à me dire, hein ?

- Qu-quoi ? répondis-je surpris.

- Justement, j'attends ! »

Il me fallut un certain temps avant de comprendre. Je réfléchis à comment aborder le sujet, sujet dont je n'avais pas parlé depuis un certain temps. Son regard insistant me fit lâcher le morceau :

« Dory, tu te souviens ?

- Oh, ça sent la connerie ça ! m'interrompit-il.

- Non, non, je t'assure ! C'est juste que, j'ai réfléchi et... finalement, rien ne me retient ici.

- Qu'est-ce-que je disais ? remarqua-t-il en riant.

- Bon d'accord ça sonne un peu foireux, mais je t'assure que j'y ai réfléchi sérieusement.

- Toulon c'est pas à côté, t'es au courant ?

- Merci, je sais ! dis-je, ironique. Et c'est justement pour ça que j'ai besoin de ton aide... »

Il grimaça. Il avait deviné le genre de services que je lui demandais et ça ne l'arrangeait pas tellement. Mais, en même temps, ça arrangeait qui de partir à l'improviste à des bornes d'ici, en pleine période scolaire ? Pas grand monde. Il se rassit sur son banc pour réfléchir. Il regardait ailleurs, en soufflant sur ses mitaines pour se réchauffer le bout des doigts. Il enfouit sa tête dans ses mains et fixait le sol à présent, plongé dans ses réflexions.

« Si tu veux mon avis, c'est pas une bonne idée. C'est dangereux de partir comme ça, imagine s'il vous arrive quelque chose, à Gary et toi ! La culpabilité te dévorera et tu n'as pas besoin de plus de problèmes. La revoir pourrait te blesser aussi. Pourquoi ne pas nous en avoir parlé avant ? s'inquiéta Coton.

- Il ne nous a rien dit parce qu'il savait que t'allais dire ça, p'tite cruche ! Tu ne le comprends donc pas ? Il a besoin de la revoir, sinon il le regrettera toute sa vie. Tu dis vouloir l'aider, mais tu ne fais que l'emprisonner ici, Coton. »

Alors que Coton et Poison continuaient de se disputer dans ma tête, je regardais Gary réfléchir. Peut-être que lui aussi avait deux idiotes dans sa tête qui l'empêchait de penser ? Gary ne m'avait pas encore répondu, il était encore temps de changer d'avis. Qu'allais-je faire ?

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A vous de choisir !

Renoncer : Je le vois tu sais. 

Insister : Changer d'air

Bocal BancalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant