Bocal Bancal

Mal de mer

« Némo, qu'est-ce qu'on fait ?! répéta Gary, perdu.

- Arrête-toi, tant pis... Si on fonce ils nous rattraperont de toute façon, alors... répondis-je désespéré. »

Gary grimaça puis finit par suivre mes recommandations. Il ralentit peu à peu. D'un seul coup, il me glissa :

« Fais le malade. »

Qu'est-ce qu'il avait derrière la tête ? Décidément, il était le roi des retournements de situation de dernière minute. En restant avec lui, j'allais finir par faire une crise cardiaque un de ces quatre. Nous arrivâmes devant le policier. Gary retira son casque, sa légère barbe allait peut-être persuader les policiers qu'il n'était pas mineur ? Bon, il avait un an de plus que moi, il l'avait, sa majorité, mais pas son permis, et il fallait dissuader les policiers de le vérifier. Gary arbora un visage paniqué, il était essoufflé. Le policier commença :

« Bonjour messieurs. Vous roulez beaucoup trop vite, jeune homme. Vos papiers s'il v...

- Oui, je vais vite, c'est vrai, le coupa Gary. (Il reprit son souffle) Et vous voulez savoir pourquoi ? Le garçon derrière moi, il va très mal, vous voyez ? »

Le policier me regarda d'un air perplexe. La voix de Gary répéta dans ma tête : « Fais le malade. ». La panique m'envahit : et si le policier n'était pas convaincu ? Mon cœur battait à cent à l'heure, je fis mine de perdre l'équilibre et fis papillonner mes paupières. Voyant ma détresse, Gary attira de nouveau l'attention du policier sur lui en reprenant :

« Je l'ai trouvé dans la rue, perdu, et, comme vous pouvez le voir, il est vraiment mal en point alors je le ramène chez moi à Toulon, en lieu sûr.

- Toulon ? Ca fait une sacré trotte, dîtes-moi ! Bon assez parler, vos pap...

- Je comprends, vous faîtes votre boulot, mais je suis vraiment pressé là, vous ne comprenez pas ? Il est en danger ! »

Je sentis mon pouls s'accélérer. Il ne le croyait pas, ça se voyait à des kilomètres, on était fichu. Je fus pris de vertiges, je ne sentais plus mon visage. J'eus soudainement très chaud. Je tentai d'articuler quelques mots pour que quelqu'un vienne m'aider mais rien ne sortit de ma bouche. Je me sentis chuter, j'essayai de m'agripper à Gary, puis le noir complet.

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Je me relevai, perdu. Loin de moi l'autoroute, je me trouvais sur une île déserte au milieu de l'océan. La marée montait petit à petit et menaçait de m'engloutir. J'hurlais à l'aide, sachant pertinemment que personne ne viendrait. Puis elle apparut. Dory. Elle se tenait debout sur l'eau, au milieu des vagues. C'était ses larmes qui alimentaient la mer et créaient la houle qui engloutissait mon petit territoire. Je la suppliai d'arrêter de pleurer. Je courus en sa direction, avant que je ne touche l'eau, elle déclara, soulagée :

« Tu m'as manquée, Némo. »

Alors que j'approchais, l'eau se faisait de plus en plus profonde tandis qu'elle se faisait de plus en plus lointaine. Elle me tendait la main, mais je n'avais plus pieds et les vagues m'empêchaient de rester à la surface.

« Némo ? Némo, ça va ? me chuchota une voix soucieuse »

J'ouvris doucement les yeux. Je mis un certain temps avant de me rappeler ce que nous faisions. Puis je réalisai où nous étions : la voiture de police. Je me redressai soudainement et jetai des coups d'œil autour de moi, paniqué. Ca y est, nous étions pris, tout était fichu. Gary rit en voyant ma réaction et déclara en me montrant le policier qui nous conduisait :

« Le policier va nous aider, il nous emmène à Toulon. »

Quoi ? Le policier nous emmenait ? Je n'y comprenais plus rien. Enfin, je lui poserai mes questions une fois arrivé.

« Il a l'air un peu perturbé, ton p'tit gars ! plaisanta le policier. »

Nous avions vraiment de la chance. La chose que ce policier ne savait pas était que la raison pour laquelle j'étais confus n'était pas ma chute, mais mon hallucination. Dans mes rêves, je la voyais mais ne l'atteignais jamais.

Allais-je vraiment la retrouver ?

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Suite : Un génie