chapitre 6

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Mon ptit journal, je sais que ces temps-ci je ne te parle pas souvent mais je veux pas que le vieux porc ait connaissance de ton existence, car dans cette maison, toi seul m'aide à ne pas me sentir seule et à ne pas devenir folle. Et si je te perds, je me perds moi-même.

Aujourd'hui a été mon premier jour à l'université... précision: le premier jour que j'y suis allée, car je ne pouvais pas m'y présenter avec mon visage qui avait l'air de quelqu'un qui a été agressé. Bref, ça a été juste comme une délivrance de pouvoir sortir de cette maison. Même si je ne supportais pas que je me fasse siffler par la plupart des gars de la fac à chaque fois que je passais et ils me lançaient des "ou lala quelle nana"😏 Smh! c'est désagréable, dégeulasse même ( je ne sais pas si toutes les femmes sont du même avis que moi ). A part ça, j'ai juste suivi mes cours avec attention, en me faisant toute petite, pas de familiarisation, je suis venue que pour étudier!
Et quand je suis rentrée à la maison, c'était genre "bon retour en enfer". Il y avait cet homme là, que j'avais la malchance d'épouser, qui m'attendait pour me demander arrogamment pourquoi il n'a pas trouvé son dîner à son arrivée. Je ne dit mot, de peur d'être boxée encore une fois, et je me suis juste dirigée vers la cuisine pour lui donner à goinfrer. Il me tape sur les nerfs! Reste plus qu'il me dise que la fac m'empêche d'accomplir mes devoirs d'épouse et d'arrêter. Cette fois-ci il m'aurait tuer parce que je l'aurais remis à sa place. Il pense peut-être que je vais rester là sagement à attendre qu'il me procure tout ce dont j'ai besoin pfff!
D'ailleurs, quand on parle du loup, il va arriver d'une minute à l'autre alors je ferais mieux de te remettre dans ta cachette. A plus! Gros bisou
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2 semaines et demi depuis que j'ai commencé la fac. Et là maintenant j'y suis. Oui, je t'ai emmené avec moi parce que tu me manquais trop, déjà que je ne me suis faite aucun ami ici. C'est vrai que ça a un avantage: lors des cours je suis très concentrée sur ce que dit le prof. Mais hors des cours je me sens seule, alors je t'ai apporté avec moi pour me tenir compagnie😊.
Il y a un gars assis en face de moi qui me sourit à chaque fois que je lève la tête et que je le surprends en train de me regarder. Regarder c'est peu dire, il me fixe carrément. J'aimerais bien savoir ce qu'il cherche à faire exactement parce que là il me met très mal à l'aise...

Aye! Je ne me sens pas très bien. Ces derniers temps je ne prends plus mes médicaments comme je le devais c'est peut-être à cause de ça. Je vais rentrer chez moi parce que je sens que je commence à manquer d'air. Allez hop! Dans la valise et direction la maison.
...

Qu'est-ce qu'il s'est passé? Je me retrouve sur un lit d'hôpital avec un masque d'oxygène au nez et d'autres appareils branchés sur moi. Je ne comprends rien, je me souviens juste que quand je t'ai mis dans mon sac je me suis levée pour sortir de la fac et puis je crois que je me suis sentie tomber et après rien, le trou noir...
Et 😯qu'est ce que fait ce garçon qui me fixait là, accroupi sur une chaise, la tête sur ses bras croisés sur ses genoux? Il dort peut-être mais j'aimerais bien que quelqu'un m'explique pourquoi je suis là et lui aussi par la même occasion. Eh! Il se réveille.

Quand je suis rentrée, j'ai trouvé Richard regardant la télé, je lui ai dit bonsoir et ne m'a répondu que par un: "où étais-tu depuis tout ce temps? Tes cours finissent à 2hres aujourd'hui et tu rentres à 5hres", que évidemment j'ai répondu en mentant en lui disant que j'étais restée pour un travail en groupe. Il m'a regardé genre "gare à toi si tu mens", et je me suis contentée d'aller dans la chambre. Dis donc, il est de bonne humeur aujourd'hui, il n'a pas demandé à manger.
A propos de l'hôpital, le jeune homme s'était réveillé et m'a dit que je m'étais évanouie devant la porte de sortie de la fac et que c'était lui qui m'a emmené à l'hôpital, toujours inconsciente. Je le regardais me parler sans dire mot. En fait, je ne prétais pas trop attention à ce qu'il disait, je me concentrais plus sur lui: ses yeux d'un marron intense, son nez parfait, ses lèvres un peu pincées et... bon ça va! arrêtons de fantasmer. Comme je disais, il a appelé le docteur qui m'avait prise en charge et quand celui-ci est entré avec les resultats de test qu'apparemment il m'avait fait, il avait un air désolé et il m'a demandé s'il pouvait me parler en présence du jeune homme, Alex, il s'appelle Alex! Et j'ai demandé à Alex de nous laisser seuls, le docteur et moi, quelques instants.
Le docteur a découvert ma maladie et d'après ce qu'il dit il semblerait qu'elle s'est empirée et quand je lui ai dit que je savais déjà pour ma maladie et que j'étais sous traitement mais que je ne vivais pas trop bien à la maison (en évitant d'entrer dans les détails, je ne le connais pas). Il en a déduit que la dégradation de ma maladie est causée par le stress, le manque de repos et ma négligeance envers mes médicaments. Pfff! Il parle de négligeance, s'il savait que je n'ai même pas le temps de souffler chez moi.
Et donc en conclusion, malgré tout ce que je m'éfforce de faire, le destin me rattrappe quand même. Et comme si ma condamnation ne suffisait pas, il fallait que ma mort se rapproche de moi plus qu'elle l'était déjà. Je suis maudite!

Mitchie (le journal intime de maman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant