chapitre 13

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Quelle vie de merde!
Ma vie n'est que tas de merde.
Ma vie? En avais-je vraiment une? Est-ce une vie ça?

Pourquoi je me sens comme la plus malchanceuse de toute la planète? Sur plus de 7 milliards d'habitants, pourquoi moi?

Pourquoi?
J'aurais beau l'hurler je sais que je ne trouverai pas de réponse. Et pourtant j'en ai quand même l'envie.
L'envie de pouvoir extérioriser toute ma colère, tout mon dégoût, mais et après? Je me sentirais peut-être bien mais pour combien de temps?
Bordel de merde je hais ma vie! Si je peux encore appeler ceci une vie.

J'ai attendu 3 mois,
3 putain de mois!
J'ai attendu 3 mois pour parler avec ce con du divorce. Et je me suis pliée en 4 pour aborder le sujet avec la plus grande délicatesse possible. Mais parler avec cet homme est impossible, discuter ne se trouve pas dans son vocabulaire.

Je lui ai dit que je voulais le divorce parce que notre condition de vie n'est bon ni pour moi ni pour ma fille. On ne pouvait pas prétendre éduquer un enfant dans cette situation.

Il m'a regardé et écouté attentivement sans rien dire et en me regardant droit dans les yeux. Il est resté silencieux environs 2 minutes, et sans que je m'y attende, il m'a pris par les cheveux et m'a trainé jusqu'à la salle de bain et s'est arrêté devant le miroir se trouvant au dessus du lavabo.

Toujours en me tenant sauvagement par les cheveux, il me dit en fixant mon reflet au miroir:

"Regarde-toi! Tu fais tellement pitié. Tu es certes belle, mais tellement coincée et fade. Jamais tu ne pourras éxciter un homme. Tsss! Tu penses quoi? Qu'en me quittant tu trouveras le bonheur hors de cette maison? Qu'une vie meilleure n'attend que toi là dehors? Tu es bien naïve ma pauvre. Pour le meilleur et pour le pire! Tu es ma femme et le resteras à jamais. Je ne me salirai pas l'image avec un stupide divorce, et je te jures que si tu tentes quoique ce soit, je te prends ta fille, même si c'est pour ensuite la faire travailler dans une maison close car comme tu le sais, je n'ai rien à foutre d'elle.
-Tous les hommes ne sont pas des cons comme toi sale bâtard, fils de pute va!"

Et là, c'était surtout la phrase à ne pas dire. Il frappa violemment ma tête contre le miroir qui me taillada le front en se brisant.

J'ai senti mon sang dégouliné sur mon visage.
Je restais là, toujours sous l'emprise de Richard, figée. Ça faisait mal, très mal, mais ce n'était rien comparé à ce que je ressentais à l'intérieur de moi. Je me regardais me vider de mon sang, j'étais juste tétanisée.

"Je t'avais prévenu que quand je te parle, tu ne me réponds pas, sale garce. Débrouilles-toi pour te soigner, tu n'iras pas à l'hôpital." me cracha t-il, et il s'en alla.

Je me suis laissée tomber par terre, pas encore capable de faire quoi que ce soit pour me soigner.

J'ai eu envie de crier, mais ma voix ne sortait pas. J'ai eu envie de pleurer, mais les larmes ne coulaient pas. J'ai eu envie de jurer, mais j'avais la gorge nouée.
Encore une fois je ne pouvais rien faire, encore une fois il s'est attaqué à ma vie et j'étais impuissante. Ouais, encore une putain de fois je ne pouvais pas me défendre, je me laissait marcher dessus.

Je me suis cousue le front. Je ne suis pas experte mais je crois que ça fera l'affaire. La cicatrise partait d'une raie de cheveux pour se froler à mon sourcil droit.

Quand Alex venait m'apporter les notes ces 3 derniers jours, je ne pouvais même pas me montrer à lui. Je lui donnais des excuses aussi bidons les unes comme les autres pour qu'il accepte de me laisser les cahiers juste sur le pas de la porte. Je sais qu'il n'en croyait pas un mot mais le laisser me voir avec ce fichu pansement sur le front est trop humiliant. Je deteste faire pitié! J'ai trop de fierté.

Mitchie (le journal intime de maman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant