L'accident

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Sora avait entendu, étonnement, le bruit avec un détachement distinct du choc. Le bruit de collision avait précédé dans sa tête l'impact le suivant, alors que les deux devaient être survenus en même temps. Avec un détachement exemplaire, il sentit son corps faire un joli bond vers l'avant. La scène semblait se dérouler au ralenti. Il croisa le regard de Sara, qui n'avait pas eu le temps de réagir, elle non plus. L'éclat de ses yeux bleus le perturba. Enfin, le cours du temps sembla reprendre son cours et il vit avec horreur le corps de Sara heurter avec un bruit mat la paroi en métal qui séparait l'arrière du véhicule avec l'habitacle. Lui retomba au sol, s'épargnant le heurt avec le mur. Il roula, incontrôlable, jusqu'au bas de la paroi où gisait désormais Sara, inanimée. Il sentit une vive douleur le transpercer alors que sa blessure au dos se rouvrait légèrement. 

Il se releva lentement, sonné. Un sifflement continu résonnait à ses oreilles. Sara était toujours un tas informe au bas de la paroi. Seulement, actuellement, c'était assez loin dans sa liste personnelle de problèmes : si le pilotage automatique était programmé comme ça, c'est qu'il n'y avait pas d'obstacles sur la route-enfin, il doutait qu'il y ait vraiment une route-. Il se doutait que ce convoi était régulier, peut-être meme hebdomadaire. Alors, à moins qu'un arbre ait poussé à une vitesse fulgurante, c'était un animal qui était l'obstacle. Or, vu le bruit que faisait le véhicule, il doutait fortement qu'il puisse repartir tel quel. Il fallait sortir. Mais essuyer une attaque d'un animal potentiellement fou et dangereux, ce n'était pas quelque chose qui le tentait particulièrement.

Le petit garçon fourra la main dans une poche cachée et en sortit son couteau. Serrant sa main sur le manche usé de l'arme, il inspira profondément en glissant un regard vers sa coéquipière inconsciente.

Il n'avait pas encore eu le temps de réfléchir aux circonstances qui l'avaient conduit ici. Il n'était pas censé quitter la ville. Désormais, ils étaient des fugitifs. À la réflexion, peut-être même que cet obstacle inconnu était simplement des soldats qui étaient à leur poursuite. Pour le tuer. Comme ils avaient tué son père.

Un étrange sentiment remonta depuis son ventre. De la colère. Envers son père ou les soldats? Il ne le savait pas, et il n'avait pas le temps de réfléchir.
Il ouvrit doucement la porte battante du véhicule. Un léger grincement se fit entendre. Pour un véhicule de l'armée, ce n'était pas très professionnel.
Il sortit d'abord une main, autre que celle armée, on ne sait jamais que l'agresseur soit prêt à l'attaquer, il préférait perdre sa main plutôt que son arme ou sa tête. Comme rien ne se passait, il sortit la tête vivement mais ne remarqua rien. Le soleil l'aveugla quelques instants. Il s'étonna. Il était hors de la ville et le soleil semblait plus beau, plus chaud. Étrange impression... Remettant toutes ces réflexions futiles au fond de son esprit, il expira doucement et sauta avec souplesse au sol.

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