Hors de la ville...

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Sora tomba, mais fut retenu par quelque chose. Sara avait réussi à l'attraper par la main, de justesse. Elle semblait en grande difficulté, mais Sora ne voyait que son visage crispé à travers le flou que causaient les larmes de douleur qui coulaient sur ses joues.

Un soldat l'avait eu. Avec une lame, il lui avait zébré le dos, profondément, de l'épaule gauche au milieu du dos à droite. La douleur se diffusait dans tous les recoins de son corps, et son esprit partait, il quittait son corps, pour s'évanouir, il le sentait. Malgré tous ses efforts, il ferma les yeux et la dernière chose à laquelle il pensa fut le liquide chaud qui ne cessait de se déverser de son dos et de son épaule. L'inconscience l'accueillit dans ses grands bras hypocrites.

Lorsque Sora se réveilla, il ne reconnut rien de ce qui l'entourait. Un doux vrombissement accompagnait de légères secousses. Il était à l'intérieur de quelque chose. Sa mémoire lui revint peu à peu, et il voulut se redresser mais une douleur fulgurante le cloua au sol sur lequel il était allongé. Avec une grimace, il tourna la tête et ne vit personne. Où était Sara? Il ne pouvait pas bouger, et c'était une de ses plus grandes peurs. Et s'il était arrivé quelque chose à sa coéquipière?

Il commençait à paniquer quand des bruits de pas sur le plafond du véhicule se firent entendre. Peu après, on ouvrit une des portes battantes de la camionnette et Sara entra, ses éternelles couettes blondes attachées avec soin. Elle le regarda sans qu'aucune émotion ne passe sur son visage. Il surprit un léger tremblement de sa lèvre cependant. Après un instant qui lui sembla interminable, elle esquissa un geste, avant de se raviser. L'enfant ne comprit pas ce qu'elle avait voulut faire. Que voulez-vous, il n'est pas très doué avec les autres, au niveau social...

La voix claire de la fille résonna avec une force qui la représentait bien: "Tu es réveillé. Tu ne dois pas bouger. Tu as perdu beaucoup de sang. Tu garderas certainement une cicatrice, voire deux, si on compte l'épaule. Tu as eu de la chance." Soudain, une vague d'étonnement passa en Sora: la petite fille avait détourné les yeux et regardait le sol, son visage un peu plus rouge que d'habitude. Son cœur rata un battement, mais ça, il ne l'aurait avoué pour rien au monde. Alors, la voix reprit pour prononcer un mot, un seul: "Merci." Alors, ils se regardèrent et un immense sourire vint fleurir sur les lèvres du petit garçon. Un petit peu crispé, un petit peu maladroit, mais un sourire, comme il n'en avait fait que très rarement. C'était sa meilleure réponse. Il avait plein de questions, comme par exemple comment Sara pouvait être devant ses yeux sans piloter le fourgon blindé.

Comme si elle lisait dans ses yeux, elle marmonna: "Pilotage automatique. C'est programmé comme ça, on ne peut pas changer la direction ou la destination sans un code. Bien sûr! Quel abruti il faisait, c'était évident! Une vague de fatigue s'abattit sur le jeune blessé et il s'endormit dès qu'il posa la tête sur le sol dur.

Quand le petit garçon se réveilla à nouveau, le fourgon roulait toujours. Une question qui lui paraissait existentielle le frappa et il tourna vivement la tête, remarquant au passage que Sara était assise dans un coin, passablement endormie. En effet, le fourgon devait transporter un chargement hautement précieux, pour que l'armée s'en charge... Mais pourquoi l'envoyer hors de la ville? L'enfant remarqua des tonnes de sac avec le symbole de l'argent écrit dessus. Des sacs d'argent? Qui voulait-on donc payer? C'était absurde, il n'y avait rien hors des limites de la ville! Et puis, pourquoi donc un pilotage automatique? En y réfléchissant, c'est bien plus simple d'envoyer un humain! Il pouvait y avoir des choses inattendues sur la route, et ça, le pilotage automatique ne permettait pas de l'éviter. Comme en écho à ses pensées, Sara se réveilla et, aussitôt, un gros boum se fit entendre à l'avant. Oups...

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