Chapitre 1: John Griffin.

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Beaucoup avaient fait le déplacement. De la famille proche ou lointaine, des amis, des militaires, des anciens collègues... Tous étaient vêtus de noir et présentaient respectueusement leurs condoléances à Cameron et sa mère. La veuve était encore sous le choc. Son mari était mort subitement, trop subitement. Elle, comme sa fille n'avait pas eu le temps de lui dire au revoir. L'homme s'était tué en voiture sur le chemin de la caserne militaire où il était ingénieur. 

Cameron avait appris la nouvelle deux jours plus tôt, dans la nuit. Sa mère lui avait téléphoné en larmes depuis l'hôpital de Chicago. La nouvelle avait eu l'effet d'une bombe dans le coeur de la blonde. Elle avait pris le premier avion reliant New-York à sa ville natale pour faire ses derniers au revoir à celui qu'elle considérait comme le seul homme de sa vie. Elle n'avait pas vu son père depuis quelque temps et se souvenait de ce dernier dîner qu'ils avaient partagé il y a quelques semaines. Si elle avait su ce qui allait se passer deux jours auparavant, elle ne l'aurait jamais laissé repartir. Elle l'aurait gardé avec elle pour toujours. 

Cameron avait peu pleuré ne réalisant pas tout à fait que son père l'avait quitté pour de bon et qu'il la laissait quasiment orpheline à seulement vingt-six ans. Dieu qu'elle aimait son père, son rire si communicatif, sa passion dévorante pour les engins volants et le bricolage, la façon dont il avait de la regarder comme si elle était la septième merveille du monde. Elle se rappela qu'il lui avait offert pour son anniversaire un des premiers drones fabriqués par l'armée, l'objet était classé secret défense mais rien n'était trop beau pour les yeux de sa fille. Une main compatissante la tira de ses songes. 

- Mes condoléances miss Griffin... lui dit un homme en noir, votre père était un homme très apprécié...

Cameron approuva en silence, l'homme s'écarta et partit rejoindre le reste de l'assistance. Cameron se rapprocha de sa mère et la prit dans ses bras pour la soutenir. Deborah Griffin était veuve à cinquante ans, triste histoire pour une femme qui aimait passionnément son mari. 

A la fin de la journée, les invitées quittèrent peu à peu la maison des Griffin, quelques amis étaient restés pour les aider à ranger, et Cameron s'agitait frénétiquement pour s'occuper l'esprit et ne pas penser à son défunt père. Le soir, alors que tous avaient désormais quitté leur demeure de Chicago, la blonde s'allongea dans son lit et se mit à pleurer à chaudes larmes, réalisant tout juste le vide qui s'était crée dans son coeur. Sa mère, alertée par le bruit des sanglots, pénétra doucement dans sa chambre et s'allongea en se collant à son dos. 

- C'est trop tôt, maman, il ne peut pas être parti... 

- Ça va aller ma puce... Respires... tenta de la consoler Debbie qui sentait les larmes lui monter aux yeux.

Cameron ne se calma qu'au bout de quelques heures, son chagrin était trop grand. Épuisée par ses sanglots elle s'endormit dans les bras de sa mère. 

La nuit avait été dure pour Debbie  et sa fille qui sentait tout le poids du manque de John Griffin. Le décès d'un proche donnait suite à une multitude de paperasse administrative ne laissant aucun répit à la famille du défunt. Encore exténuée par la nuit qu'elle avait passé, Cameron se résolut à se lever pour se rendre au rendez-vous que leur avait donné le notaire à elle et sa mère. Son père venait à peine d'être enterré qu'il fallait déjà se pencher sur sa succession. L'idée dégoûta Cameron qui voulait seulement que son père soit encore en vie. C'est avec le plus grand déplaisir que les deux Griffin se rendirent à l'entrevue. Elles pénétrèrent dans le bureau richement meublé de l'homme et prirent place pour lui faire face. L'homme en costume et cheveux gominés sortit une petite mallette d'un de ses tiroirs et la déposa sur l'office. 

Les filles de GalwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant