IV

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Est-ce que j'ai bien entendu ce qu'il vient de dire ? Je sens que mes joues deviennent rouges. Malheur, il veut venir dans la salle de bain pendant que je prends mon bain ? Si ça ce n'est pas une invitation. Enfin, c'est plutôt qu'il s'impose. Mais il est serviable au moins. Je reste plantée comme une idiote devant la table pendant qu'Apollon se retourne vers le plan de travail pour me faire un café après m'avoir fait un petit sourire en coin. Trop craquant. Beaucoup trop craquant. Je vais fondre s'il continue à me regarder et à me sourire de cette façon. Après avoir repris mes esprits, je monte vite les escaliers. Pendant que je me fais couler un bain (en prenant soin de mettre trois tonnes de bain moussant), je m'épile fissa les jambes et les aisselles à l'évier.

Une fois dans mon bain, je m'arrange pour placer correctement l'énorme quantité de mousse qui s'y trouve. Au moins, s'il rentre dans la salle de bain, il ne me verra pas de trop. Dix minutes plus tard, j'entends qu'il monte les escaliers. Il toque. Au moins, il est poli. Après être rentré, il dépose ma tasse de café sur le rebord de la baignoire. Il s'abaisse et s'assied devant la baignoire. Nos visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

- ça  va , tu te sens mieux ? me demande-t-il avec une voix tellement douce qu'elle me fait, presque, fondre instantanément.

- Oui, ça fait du bien de se relaxer.

- Tant mieux. J'ai eu un peu de mal avec la machine à café. Faut avoir un BAC+5 pour se faire un café chez toi. 

Nous nous mettons à rire tous les deux.

- Je sais, elle était à mes parents. Comme je bois rarement du café, j'ai gardé celle-là .

- Oh, c'est chez tes parents ici ? Ils sont au travail ou je devrais m'inquiéter qu'ils débarquent d'une minute à l'autre ?

- Oh non, ça ne risque pas.

J'ai encore été glaciale avec lui en lui répondant.

- Désolée, je suis... Enfin ma situation est compliquée. Ma vie est compliquée en fait. Je vis avec ma petite sœur, Lila, elle a huit ans.

Qu'est-ce qui me prend de lui raconter ma vie ? Heureusement, je ne lui ai pas parlé de la mort de mes parents. Je déteste le regard des gens quand ils apprennent pour Lila et moi. Pire que leur regard, c'est la façon dont ils me parlent après. Pourtant, Apollon, lui, ne me regarde pas avec pitié. Il me regarde, c'est sûr, mais plutôt avec de la compassion. Je ne sais pas comment expliquer. Lorsque je le regarde plus attentivement, je remarque qu'il a un style plutôt bad boy avec son jeans noir moulant troué et son t-shirt blanc laissant deviner quelques tatouages. J'adore ça. C'est à des années lumières du style de Théo, mon ex petit-copain. Quel connard celui-là . Rien que d'y repenser, la colère monte en moi. Mais concentrons-nous sur Apollon. Je me demande quel âge il a. Il m'a dit qu'il était en droit, mais pas en quelle année. A première vue, il a l'air plus âgé que moi. Je tablerais sur 24 ans, peut-être 25.
Alors que je suis totalement perdue dans mes pensées, il m'arrache à mes rêveries.

- Je peux te rejoindre ?

J'ai failli recrache mon café dans la tasse quand il me dit cela. Je me mets à tousser comme une idiote et je hoche simplement la tête. En tout cas, c'est sûr que mon côté femme fatale est resté bien enfuis en moi depuis ce matin.

- Merci.

Il se lève, et s'en va vers la porte de la salle de bain. Il va sortir ou quoi ? Il me demande pour me rejoindre et quand je lui dis oui, il se casse. Ah non, en fait, il se déshabille. Il retire ses chaussettes, défait la tirette de son pantalon et le fait tomber très doucement sur ses chevilles. Il se retourne vers moi et soulève son t-shirt. Son torse est rempli de tatouages. Il se tient, là , devant moi, simplement vêtu de son boxer. J'en ai le souffle coupé. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve face à un homme nu, mais lui, il a quelque chose de spécial. Je ne peux pas l'expliquer. Je me sens comme une idiote dans mon bain à le fixer comme une ingénue alors que lui se tient fièrement devant moi. Alors qu'il s'apprête à abaisser son boxer pour venir me rejoindre, je ne peux m'empêcher de jouer les rabat-joie :

Comment oublier?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant