XXIII

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Je me retourne et je me retrouve face à Théo.

- Bonjour Isabella.

Je ne lui réponds pas. James me regarde, se demandant ce qui est en train de se passer. Lorsque nos regards se croisent, il comprend immédiatement la situation.

- Salut, je suis James. Il lui tend la main pour que Théo la lui serre. Théo ne répond pas et reste de marbre face à cette politesse.

- Je peux te parler, en privé ? demande-t-il en se retournant vers James.

- On n'a plus rien à se dire tous les deux.

- Isabella, s'il-te-plait... dit-il suppliant.

Même si je suis furieuse contre lui d'avoir osé venir avec sa copine, j'ai quand même envie de partir avec lui pour savoir ce qu'il a à me dire. D'un autre côté, je ne sais pas comment va réagir James. Il y a encore une heure, nous étions tous les deux dehors en train de nous embrasser langoureusement, et là, je me retrouve avec lui, devant Théo. Jamais je n'aurais imaginé une telle scène avant que la soirée ne commence.

- Il faut vraiment que je te parle.

Avant de répondre, j'attrape James par le bras et l'emmène à l'écart. En avançant, je vois le regard médusé de Théo qui ne cesse de nous fixer.

- Je suis désolée, mais il faut que j'écoute ce qu'il a à me dire. Si je ne vais pas avec lui, il ne va pas me lâcher de la soirée.

- Tu fais ce que tu veux on n'est pas ensemble de toute façon. En me disant cela, il sort son téléphone de la poche de son jeans et tourne les talons.

Je reste bouché bée devant... devant plus rien du tout. Aïe. Il sait appuyer là où ça fait mal. Je ne m'attendais pas à ce genre de remarque de sa part, surtout pas après la journée que nous avons passée jeudi, après qu'il m'ait réconfortée dans le jardin tout à l'heure, après qu'il se soit montré si affectueux devant mes amis. Je ne sais pas ce que je pensais. Depuis quand je tombe comme ça dans le panneau ? Depuis Théo, je m'étais érigée une carapace pour tous ces connards. Je ne voulais plus jamais avoir à revivre ça. Et là, je ne me reconnais pas d'être tombée en plein dedans. En plus, Théo est juste derrière moi, il doit me trouver encore plus pitoyable. Je reprends tant bien que mal le dessus sur mes émotions.

- Bon qu'est-ce que tu as à me dire ?! lui dis-je en me retournant vers lui. Il me prend par le bras et m'entraine vers les escaliers. Nous montons à l'étage. Je suis tellement docile ce soir, que je le suis sans sourciller. Il m'entraine vers ma chambre, mais lorsqu'il essaye de rentrer, elle est verrouillée.

- Pourquoi tu as fermé la porte de ta chambre ? me demande-t-il en se tournant vers moi alors que je le regarde de haut en bas, essayant de comprendre où il veut en venir en m'emmenant pour discuter, dans ma chambre.

Les pensées se bousculent dans ma tête. Je suis furieuse contre lui, mais sentir le contact de sa peau contre la mienne me réchauffe le corps. Même si ça me fait du mal de me l'admettre, il m'avait manqué. Oh oui putain ! Qu'est-ce qu'il m'avait manqué. Je suis triste que James soit parti, mais d'un autre côté, je suis contente qu'il ne soit plus là pour voir à quel point je suis vulnérable devant Théo.

- Parce que je n'ai pas envie de retrouver des gens en train de baiser sur mon lit.

Il a l'air surpris par ma réponse.

- Oh. Tu peux l'ouvrir s'il-te-plait ?

- Pourquoi tu veux absolument que l'on aille parler dans ma chambre ?

- Parce que j'ai envie de te parler au calme, et en bas ça grouille de monde.

- Tu peux me dire ce que tu as à me dire ici, dans le couloir. Il n'y a personne en haut. Et je n'ai pas envie de me retrouver seule avec toi dans ma chambre. Mon ton est sec, mais je vois dans son regard qu'il ne le prend pas mal.

- Ok. Ecoute, je suis désolé.

- De quoi ? De m'avoir quittée comme une merde après la mort de mes parents ? D'avoir ramené ta pouffe dans MA maison ? Vas-y Théo, dis-moi un petit peu pourquoi tu es si désolé ? Je sens la colère monter en moi. L'alcool me rend encore plus haineuse envers lui. Je pourrais le gifler tellement il me met en rogne. Son petit visage suffisant. Il se tient là devant moi, à me toiser de haut. Il est ridicule avec ses petits airs de bourgeois. Je me demande comment j'ai pu être avec lui, comment nous avons pu nous faire tatouer ensemble.

- Ella... Déjà ce n'est pas ma pouffe, elle s'appelle Anna. Je suis désolé de l'avoir amenée ici. Je l'avais invitée quand la fête se passait en boite de nuit. Bien sûr, je me doutais que tu serais là, mais je me suis dit qu'il suffirait qu'on s'évite pour passer tous les deux une bonne soirée. Et puis, quand on a décidé de faire la fête ici, bah... je ne pouvais pas lui dire de ne plus venir parce qu'on allait chez mon ex petite-copine. Du coup, je ne lui ai pas dit pour nous deux.

- QUOI ? Je hurle. Tu te fous de ma gueule là ?!! Théo, dis-moi que c'est une blague. Tu débarques chez moi avec ta nouvelle copine, et en plus, tu ne lui dis pas pour nous deux ! Mais tu nous fais passer pour deux connes. Encore que elle je m'en fous, mais moi... devant tous nos amis... Mais pour qui tu te prends ?! Tu es encore plus un connard que je ne me l'imaginais. Mais comment ? Comment tu peux faire ça ?

- Je n'ai pas osé lui dire... il baisse les yeux... Elle a déjà eu du mal à accepter le tatouage, alors imagine si je lui avais dit que c'était toi, la fille au tatouage. Elle te déteste, elle ne sait pas à quoi tu ressembles puisqu'elle ne vit pas dans la même ville que nous, elle ne t'a jamais vue à aucune soirée. Sur les réseaux sociaux, on s'est bloqués de partout donc elle n'a jamais vu à quoi tu ressembles.

- Je m'en fous d'imaginer quoi que ce soit ! Je ne veux plus imaginer quoi que ce soit qui te concerne. Mais putain ! Je n'en reviens pas. Tu es le pire connard que j'ai jamais vu. Je me mets à rigoler. Je ne sais même pas pourquoi je rigole. Ça doit être un mélange entre la fatigue, l'alcool, le fait de le revoir là, planté devant moi, à me sortir toutes ces conneries.

- Ella... je suis désolé. Je ne voulais pas t'embarrasser.

- Ah non ! Pas d'excuses à deux balles!!! J'en ai marre de tes conneries... Tu ne voulais pas te mettre dans la merde ! Dégage de chez moi ! Tout de suite !!

Comment oublier?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant