Comment oublier?

IX

Une fois arrivés devant chez Jessie, il est déjà 14h20. Lorsque James se gare, je vois la petite tête de Jessie qui passe entre les rideaux. Elle n'est pas croyable ! Aucune intimité ici !

- Bon, je pense que je devrais y aller. Je vois déjà Jessie passer sa tête entre les rideaux pour nous espionner.

- Elles sont vraiment curieuses tes copines, je ne sais pas si je pourrais m'y faire dit-il en me regardant droit dans les yeux.

S'il pourrait s'y faire ? Qu'est-ce qu'il entend par là ? Est-ce qu'il croit que nous sortons ensemble ? Nous venons à peine de nous rencontrer. Et puis, je ne sais même pas qui il est vraiment. Ma situation avec Lila ne me permet pas vraiment de me lancer dans des histoires sans lendemain, il faut que je sois responsable. Après l'histoire avec Théo, je me suis jurée de ne plus laisser n'importe qui rentrer dans nos vies. Pas que Théo était n'importe qui, loin de là . Mais, il m'a beaucoup fait souffrir lors de notre séparation, et Lila en a souffert aussi. Il s'en occupait beaucoup, avec moi. Et ça a été difficile, pour elle aussi, de ne plus le voir. Alors j'aimerais plus que tout pouvoir lui éviter de devoir revivre ça à nouveau. Il faut que je la protège, et que je me protège, moi aussi. Comme il voit que je ne réponds, James poursuit :

- Je pourrais, tu sais...

Je vois qu'il est nerveux. C'est une expression que je n'avais pas encore lue sur son visage, lui qui a l'air tellement sûr de lui, même arrogant parfois.

- Je pourrais avoir ton numéro de téléphone ? dit-il en baissant les yeux.

- Oui... mais tu n'as plus de téléphone, je te rappelle.

Je suis contente qu'il veuille prendre mon numéro de téléphone. Même si je me doutais qu'il souhaitait me revoir lorsqu'il a dit qu'il ne savait pas s'il pourrait s'accommoder de mes copines.

- Ce n'est pas un souci ça, j'irai en racheter un cet après-midi me répond-il en me faisant un clin d'œil appuyé.

- Ok.

Après lui avoir inscrit mon numéro de téléphone sur un ticket de caisse qui trainait dans mon sac, je lui tends et il le plie soigneusement pour le glisser dans son portefeuille. 
Je ne sais pas trop comment je dois agir avec lui, est-ce que je dois lui faire un bisou sur la joue avant de sortir de la voiture, ou va-t-il m'embrasser ? James doit probablement voir que je me pose des questions parce que, alors que nous sommes face à face et nous regardons droit dans les yeux, il passe sa main dans mon cou et me rapproche doucement de son visage. Alors que nous ne sommes qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, il avance doucement ses lèvres et vient poser un doux baiser sur les miennes. Cette sensation lorsque nos lèvres entrent en contact est tellement exquise. Indescriptible. J'en ai des papillons dans le ventre. La chair de poule recouvre l'ensemble de mon corps. Lorsque nos visages s'éloignent l'un de l'autre, je regarde ses yeux. Une lueur brillante les rend encore plus verts que d'habitude. Il est tellement beau. Je ne comprends même pas comment un garçon comme lui peut avoir passé la nuit et la matinée avec une fille comme moi. Pas que je sois moche, mais je ne suis pas une beauté comme le genre de filles qu'il pourrait avoir, et comme il a déjà eu je suis sûre. Je ne lui ai même pas demandé s'il avait une copine d'ailleurs... 

- Dis, je peux te poser une question ? Je sais que je risque de tout gâcher en posant cette question qui vient subitement de me traverser l'esprit, mais je dois le faire, sinon ça va me trotter dans la tête toute la journée, et même toute la soirée.

- Oui vas-y

- Tu as... Est-ce que tu as une copine ? dis-je en baissant les yeux et en fixant mes mains.

- Non. Je ne serais pas rentré avec toi, et je ne serais pas resté avec toi toute la matinée si j'avais eu une copine.

- Ok. Je suis désolée d'avoir joué les rabat-joie, mais je devais te poser la question. Toi tu savais pour moi, donc...Voilà .

Ca y est, je suis gênée. Je baisse les yeux vers mon sac que je ramasse sur le sol de la voiture.

- Je vais y aller. Jessie m'attend.

- D'accord. On se revoit bientôt ? Je te ferai un message.

- On fait ça.

Je lui pose un baiser sur la joue et je sors de la voiture. A peine je ferme la portière, j'entends la voiture qui démarre et qui s'en va à vive allure. Hé bien. Il était pressé de partir...