Wings flying over Fangs Tome 1 : L'Ombre de sa Glace

Kenyan ~ 1

Je m'enfuyais rapidement du stand où j'avais volé une belle pomme rouge. Enfin "m'enfuir" était un bien grand verbe, disons que je trottinais. Car lorsque vous étiez un prince dans le monde comme le mien, personne n'osait vous réprimander.

Surtout lorsque vous étiez le meilleur guerrier, sans me vanter, et qu'au moindre pépin vous saviez dissuader l'apparition même du conflit. Je n'étais pas connu pour ma douceur ou même pour mes cheveux bleu nuit, quoique en y réfléchissant.... Mais bien pour l'intelligence dont je faisais preuve aux combats, et du sang froid qui habitait mes veines aux moindres meurtres.

Mon loup, lui, était plus compatissant mais toutefois, il aimait aussi bien faire couler le sang que moi. Quand cela était nécessaire, sans aucun doute.

Je profitais de ma promenade dans les rues pour apprécier la gent féminine. Toutes me souriaient, même les plus âgées ce qui me faisait frissonner de dégoût. J'aimais les femmes et ce qu'elles pouvaient offrir, je savais être galant, mais jamais je n'allais au-delà de la limite. Je n'étais pas un furibond. Mais j'appréciais jouer de mon charme de temps en temps.

Soudain, mon ouïe avisée, qui à maintes reprises m'avait sauvé la peau, m'indiqua un bruit qu'il n'y aurait pas du avoir à cette heure-ci. Des personnes couraient vite, trop vite pour être simplement en retard. J'étais au port de Ruga le seul bordant la Mer de Jade, de quoi avoir des doutes lorsqu'il était interdit de courir dans cette zone.

Avec ma vitesse lupine, j'arrivais sur les lieux en moins de temps qu'il n'en fallait pour crier "ouf". Là, au fond de la ruelle, je les vis.

Une enfant avec son père, elle avait des écailles bleuâtres sur les mains qu'elle cacha vite sous des gants.

- Tu prends le bateau de pêche, un ami sait que tu viendras, il te fera passer dans la cargaison. Il t'emmènera aussi rapidement que possible près des côtes d'Iré où tu nageras pour les atteindre. Tu peux respirer sous l'eau, tu y arriveras d'accord ? lui donna comme dernières consignes son père en l'embrassant sur le front. Tous deux pleurèrent à chaudes larmes.

Je laissais la petite même pas âgée de dix ans monter sur le cargo, quant au père...

- Je sais que vous êtes là, Monseigneur, tonna d'une voix forte l'homme en face de moi.

Je soupirais.

- Je dois malheureusement vous emmener au tribunal pour l'acte que vous venez de faire, déclarai-je.

- Je ne vous laisserais pas avoir ma fille, si pour qu'elle puisse vivre, je dois mourir, alors soit !

Il se mit en position de défense devant moi, ses yeux étaient encore rouges et sa voix n'avait que peu d'assurance.

- De quelle fille parlez-vous ? Je n'en ai vu aucune à mon arrivée.

Comprenant mon sous-entendu, il fut rempli d'un soulagement profond. Et il pleura de nouveau.

- Merci Monseigneur....

J'étais cruel, Oui. J'étais sanguinaire, encore plus. Mais je n'étais pas sans cœur et certaines lois que ma lignée avait érigé ne m'enchantaient guère. Tuer des enfants, très peu pour moi.

- Levez-vous et soyez fort, après tout vous n'avez été pris qu'en flagrant délit de vol de pomme, lui dis-je en lançant la preuve du méfait dans ses mains.

Il ne mourra pas aujourd'hui, quelques semaines de prison, tout au moins sera ce qu'il subira. Je préférais garder ma lame pour ceux qui le méritaient vraiment. J'étais un guerrier, pas un toutou qui obéissait aveuglément aux lois sans remords. J'étais né pour me battre et non pour débattre.