Une blague.
Voilà ce que c'était : un énorme canular.
- C'est impossible ! Père, c'est une mission suicide ! s'obstina de lui redire encore une fois Boris en abattant son poing sur la table.
- C'est de ton second frère qu'il est question ! Une mission de sauvetage a besoin de ses meilleurs combattants. Kenyan l'est, alors il partira, conclut Barthos d'un ton sans équivoque.
- Mais père, si Thelos n'est pas revenu, peut être bien que..., commença Miella avant de se faire couper la parole par notre roi.
- Miella, je t'interdis de penser à cette option. Thelos n'est pas mort. Suis-je clair ? Il rehaussa un sourcil les mains croisées devant lui, pétrifiant ma sœur d'un simple regard.
- Oui, père, dit-elle en se reculant la tête baissée.
J'étais mitigé entre un état de stupéfaction immense et de colère excessive. Si j'allais là-bas, j'y laisserais ma peau, littéralement.
Finalement, la colère prit le dessus et je sortis du bureau en trombe. Thelos avait toujours été le favori, le fils prodige, le portrait craché de son père en termes de traits de caractère. Une copie conforme qui me rabaissait à chaque occasion qu'il trouvait. Je le détestais et c'était réciproque, alors me tirer une balle dans le pied pour son postérieur... Je fulminais rien qu'à cette pensée, qu'il crève, j'en avais rien à cirer !
- Kenyan Stras ! Je te demande pour la énième fois de t'arrêter ! hurla ma mère dans le couloir.
Absorbé par mes pensées mesquines, je ne l'avais pas entendu m'appeler.
Je me retournais et ce que je vis dans son regard me désola. Elle avait peur pour Thelos et pour moi, mais elle savait que même à son rang de reine, la décision de père n'était pas révocable.
- Je t'en prie, ne perds aucune seconde, ne fonce pas tête baissée et reste toujours sur tes gardes, me conseilla-t-elle avant de poser ses deux mains sur mes joues.
Elles étaient fraîches et je vis une larme couler sur son visage que j'essuyais de ma manche. Elle m'intimida de me baisser pour qu'elle puisse déposer un tendre baiser sur mon front. Ce geste signifiait la protection éternelle d'un loup envers un autre.
- Promis, je te ramènerais ton fils, la rassurais-je mentant à moi-même.
- S'en est deux que je veux revoir passer ces portes, certifia-t-elle la voix tremblante.
Derrière elle, arrivaient tout le reste de la famille. Je fixais mon père, il ne dirait rien j'en étais convaincu. Il ne m'avait jamais montré de gestes d'affection après tout, que dire lorsque son fils partait se faire trucider. Certes, pour le devoir, il se devait de me présenter comme son fils mais sa voix trahissait son acceptation. Et cet ordre signait définitivement l'espoir qu'un jour mon père me reconnaisse amplement, fièrement.
Miella fut la première à se détacher du groupe pour venir m'enlacer. Elle se logea contre mon torse et me serra comme si c'était... La dernière fois.
- Je t'aime, n'oublie jamais ça, me murmura-t-elle au creux de mon cou avant de me baiser la joue.
Lorsqu'elle me refit face le dépit dans son regard me chamboula. Elle était résignée, donc elle avait peu d'espoirs de me voir revenir. Je lui prouverai le contraire en ramenant, par la peau des fesses s'il le faut, cet abruti de Thelos. Je ne pouvais laisser une telle expression s'imprégner dans les pupilles si joyeuses de ma cadette.
Puis Boris m'enferma de ses gros bras.
- Fais pas le con, si tu ne peux pas le chercher, rentre immédiatement, me suggéra-t-il. Un frère n'en vaut pas un autre, je préfère n'en retrouver qu'un, qu'en perdre deux. Si tu ne reviens pas, je viendrais te chercher moi-même.
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Wings flying over Fangs Tome 1 : L'Ombre de sa Glace
Fantasy"Nous sommes les maîtres des cieux" Eux, les dragons, restreints à une île de part leur nombre trop faible. "Nous dominons le monde" Eux, les loups, régnant en monarchie sur le reste du pays. Deux peuples en conflits depuis des siècles, séparés par...