Chapitre 7 : Qu'est-ce qui est blond, et qui fait plouf?

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- "Bonjour..." Dis-je à mon voisin.

Je lui souris d'un air narquois.

Mr Muet ? Le meilleur de la classe en français ? Je suis étonné. La prof m'a mis à côté de lui étant donné que je n'ai pas fait de français dans mon ancien établissement. J'en connais un qui va avoir une surprise. Je m'en délecte déjà.

J'hausse les sourcils. Juste après mon "bonjour" le muet a fait mine d'ouvrir la bouche et paraît maintenant furieux. C'est là que je comprends : il a failli m'adresser quelques mots. Je fronce les sourcils. Ne parle-t-il vraiment pas ou fait-il semblant ? Je me reprends et lâche en anglais :

- Ha ! Avoue t'as failli me parler. Ne nie pas je t'ai vu, tu as ouvert la bouche.

Le muet me fixe avec colère et je peux presque la sentir vibrer dans l'air qui nous entoure. Je ne peux m'empêcher de rajouter :

- Ne me regarde pas comme ça tu vas me faire rougir enfin !

Je sens que je pourrais le pousser à bout et c'est ce que j'avais l'intention de faire quand la petite Spencer me fit une réflexion.

- Ta beauté le trouble. me susurre-t-elle.

- Es-tu enfin en train d'avouer que je te plais, May ?

- Peut-être bien Dermanis.

Du coin de l'œil je vois le muet lever les yeux au ciel, excédé. J'ai toujours fais cet effet-là aux mecs. Soit ils m'adorent, soit ils me haïssent. Tout ça parce que je sais m'y prendre avec les filles. Je souris et décide de faire faire mes exercices à mon étrange voisin.

" À ce niveau-là c'est même plus de l'étrangeté, c'est de la sorcellerie ! Attendez, le mec a quand même un pantalon orange avec un haut violet et une veste noire à boutons dorés. Au secours ! Faut sérieusement que je pense à lui donner quelques magazines de mode que ma mère trimballe partout... "

Je jette un coup d'œil à ma feuille qui est entre ses mains et m'étonne à la vitesse avec laquelle il traduit l'anglais en français.
À mon avis il a dû y habiter quelques temps. Ou quelqu'un parle français dans sa famille ? Peut-être. Qu'est-ce que je m'en fous de toute façon. Sa famille doit être aussi chelou que lui.

N'ayant rien à faire de mieux, je penche ma tête de façon à ce qu'elle repose sur le haut du dossier de ma chaise et fixe le plafond. Mes yeux se laissent éblouir par les néons blancs qui éclairent la classe. J'ai vraiment hâte de rentrer pour voir Bill. Quelque part au fond de moi, j'espère trouver mes parents en rentrant. On commanderait chinois et on ferait une soirée télé. Ou ma mère essaierait de faire à manger et ferait tout brûler comme souvent lorsqu'elle s'y met, alors on irait au resto, tous les trois. Ils m'interdiraient de sortir après 22h, parce qu'ils auraient peur pour moi, parce que je serai fatigué le lendemain...

Je relève la tête brusquement. Ne surtout pas me laisser aller par ces pensées en cours.

Attirée par mon mouvement si brusque, une des filles de la classe dont je n'ai pas retenu le prénom, m'interroge du regard. Je lui tire la langue malicieusement et elle fait de même, en rosissant légèrement. Trop facile. La sonnerie retentit enfin et j'arrache ma copie des mains du muet. En passant derrière lui je lui assène le coup final, et lui chuchote en français, un peu plus vite que d'habitude, j'avoue :

- "Merci pour les exercices mon cher. Tu n'as fais aucune faute, en plus. Je t'en félicite, à l'avenir, vas un peu plus vite."

Puis je lui adresse un clin d'œil en secouant les feuilles dans ma main droite, et passe la porte de la classe.

Lonely is so lonely aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant