Chapitre 28 : Le lundi, c'est relou.

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J'étais bien là dans mon lit, jusqu'à ce que le réveil me rappelle la routine scolaire. Un oeil mi-clos, je regarde l'heure. 
Encore quelques minutes... Quinze, pas plus.
Suite à cette pensée, je me force à me mettre une sonnerie interne pour me réveiller à temps. Malheureusement celle-ci a probablement dû mal comprendre ce que je lui demandais. Il y a eu quiproquo et résultat, je me retrouve à enfiler un pantalon en même temps qu'un pull tout en essayant de me brosser les dents sans en mettre partout, dix minutes avant que les cours commencent. On aurait pu me prendre pour un funambule qui présente un numéro à sensation forte, le suspens reposant sur le filet de dentifrice qui ne devait pas dégouliner sur mes vêtements.

Finalement, par je ne sais quel miracle d'une divinité du temps, je suis parvenu à arriver au collège deux minutes avant que les portes ne se ferment. Je n'ai pas intérêt à arriver en retard comme la semaine dernière parce que le coup du sourire désolé ne marchera pas à chaque fois avec la surveillante qui garde l'entrée. Et puis je ne suis vraiment pas d'humeur à faire les jolis coeurs aujourd'hui.
J'en ai ras-le-bol que mes parents ne puissent pas être là le matin, à m'appeler une première fois puis une deuxième pour me prévenir de l'heure qui tourne. Marre qu'ils ne soient pas là à me préparer le petit dej de temps en temps ou à me souhaiter une bonne journée avant que je parte à l'école. Ils pourraient même juste me faire un sourire ou un bisou avant de partir, je serais heureux !

Mais rien.
Je suis toujours là, dans ma grande chambre, vide de vie. Personne ne vient jamais à part la dame de ménage. De temps à autre Bill quand il fait pas la tête. Ça aussi ça m'énerve quand il fait son "mature" et qu'il se comporte comme un vrai gamin !
Parfois quelques exceptions échappent à la règle et viennent dans ma chambre comme Matt, John et le muet ce week-end.
Eux aussi ils m'ont gravement tapé sur les nerfs. Surtout ceux qui sont censés être mes amis. Limite je préférais la présence du bouclé - qui a d'ailleurs bien abusé sur le shampoing - plutôt que des deux autres imbéciles qui ont fait cramé le gâteau et renversé la bière sur le sol. Quelle galère... Il va vite falloir que je trouve un moyen de nettoyer ça pour ne plus que ça colle quand on marche dessus et que ça fasse "schkouic-schkouic" à chaque pas, avant que mes parents ne s'en aperçoivent (encore faut-il qu'ils viennent dans ma chambre...).
Argh et j'avais oublié mais c'était aussi vendredi soir qu'avait eu lieu ma fausse fête d'anniversaire chez Spencer et que le muet m'a offert ces crèmes d'auto-brozant... Je suis sûr que ça va en faire des caisses au collège à cause de Justin. C'est un vrai con lui aussi.
D'un côté, ce ne serait pas plus mal si ça fait le tour... Au moins, l'attention sera encore tournée vers moi.

Plus détendu, j'effleure du bout des doigts le petit bracelet que m'avait également offert Tiana lors de la soirée et cherche Spencer dans la cour, déterminé. Mains dans les poches, sourire aux lèvres, je me dirige vers elle et sans un mot l'embrasse. Comme ça. Juste une pulsion.
Déboussolée, elle me fixe avec de grands yeux et prend le temps de remettre ses cheveux blonds en arrière pour essayer de se donner une contenance.
Elle est tellement jolie. Si seulement ce côté de sa personnalité plus innocent apparaissait plus régulièrement, je suis persuadé qu'elle le serait encore plus.
Mais la belle fait très vite retomber son masque d'impératrice, fronce légèrement ses sourcils bien faits et sourit narquoisement.

- Tu ne peux plus te passer de moi Dermanis ? Je suis devenue ta seule raison de vivre ?

Je fais un pas de côté et essaye de comprendre ce qu'il se passe. Déjà que je sentais les gens autour de moi s'émoustiller quand je suis arrivé, cette fois j'ai l'impression qu'une bonne partie de ces personnes nous regardent, comme s'ils étaient dans le besoin d'avoir un peu de piquant dans leur misérable vie et qu'ils se satisfaisaient par procuration.

Lonely is so lonely aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant