Chapitre 37 : Tentative d'intrusion

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1...2... 2 fissures. Aucune araignée. Que du blanc. Ce plafond est passionnant.

Allongé sur mon lit, sur le dos, les bras croisés derrière ma nuque, je me demande quoi faire. Je m'ennuie, c'est évident. Mes parents ont mis Lola à la garde d'une nounou, même pas à la maison, alors je ne peux pas jouer avec elle. La langue des signes me fait mal au crâne à force de l'étudier, j'ai fais mes devoirs, Bill est encore au lycée.
Je m'en veux, en fait. Encore. Je n'ai pas le droit de m'amuser. Malgré les promesses faites à Bill, je l'ai encore frappé.
Mais je n'avais pas le choix n'est-ce pas ? Je veux être accepté. Je veux être aimé, ne pas être seul. Oh mon dieu, surtout ne pas être seul. Oui, c'était la meilleure solution.

...

Alors pourquoi ai-je aussi mal ?

***

Il fallait que j'arrête d'y penser. Je descends l'escalier de marbre pieds nus. C'est froid, mais je n'y fais pas vraiment attention. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, et j'essaie de la calmer et d'être rationnel. Il n'y a personne dans cette maison, mes parents rentrent tard, et ne peuvent pas me surprendre. Je suis au rez-de-chaussée. La porte du bureau de ma mère paraît nette dans mon champ de vision, comme si j'avais fait un focus sur elle avec mon appareil photo, flouttant tout le reste.
Lorsque ma main agrippe nerveusement sa poignée, une résistance. Elle est fermée à clef.
Il faut savoir une chose : le bureau de ma mère n'est jamais fermé.
Presque scandalisé, je reste devant, les bras ballants.
Jusqu'à ce qu'un bruit me fasse faire volte-face. Je scrute mon entourage, mon coeur venant de faire un bond dans ma poitrine. C'est un cliquetis lourd, qui se veut discret. Il s'arrête, reprend, et je n'ose pas bouger.
Je suis absolument sûr que quelqu'un essaie de rentrer. Tétanisé, mon corps se remet à se mouvoir mécaniquement, faisant dépasser ma tête du pan de mur qui me bloque la vue sur la porte d'entrée.
Je retins un cri d'effroi. Une silhouette se détache effectivement, immense, gigantesque, derrière la porte. Elle semble à nouveau se plier en deux, et le cliquetis reprend.
Je me jette soudain sur le téléphone, qui est dans le salon, et comme j'aimerais qu'on puisse amener ce truc partout avec nous ! Je me sens en danger, vulnérable, et je déteste ça. La pensée d'être toujours un enfant me frappe d'un coup, alors que je compose de mémoire le numéro de téléphone de travail de mon père.

- Andréas, ce n'est pas le moment, je suis en réunion, tu me rappelleras, je raccroche.

- Non, papa, att...

Il raccrocha.

Paniqué, je composai son numéro à nouveau.

- Andréas, je...!

- Papa, il y a quelqu'un !

- Quoi ?

- Il y a quelqu'un, dis-je, au bord des larmes.

J'allais craquer

- Dans la maison. Quelqu'un essaie d'entrer. J'ai peur... Qu'est ce que je fais ?! Il est là, il va entrer ! Papa, s'il te plaît rentre vite...

Et je fondis en larme.

La serrure ne cessait de s'agiter et je n'osais même plus regarder vers la porte.

- Écoute, ne t'inquiètes pas, ce n'est rien, cette personne ne te veut pas de mal, monte dans ta chambre, j'arrive. Ne lui ouvre surtout pas. Il sait probablement que tu es là, si tu l'entends te parler à travers la porte, ne l'écoute pas, bouche-toi vite les oreilles. J'arrive. Ne bouge pas. Ne fais pas de bêtises.

Lonely is so lonely aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant